Le procès en appel de la banque Khalifa a été reporté à une prochaine session, a affirmé hier le magistrat Menouar Antar, du tribunal criminel près la Cour de Blida, au terme d’une séance de délibération tenue à huis clos.
En effet, après avoir procédé à l’ouverture du procès, le magistrat, qui, durant toute la matinée d’hier, s’est employé à faire l’appel des individus concernés par ce procès (75 accusés et 3000 témoins en sus d’une cinquantaine de parties civiles), a constaté que certains prévenus étaient déclarés trépassés sans qu’un certificat de décès n’ait été ajouté à leur dossier. Il est question notamment des mis en cause Zerrouk Djamel, mort en détention, et de Ahmed Berber, au sujet desquels le magistrat a affirmé n’être en possession d’aucun document justifiant leur décès.
Autre raison du report, la présentation à la Cour suprême d’un recours en vue d’une révision d’une décision de justice prononcée lors du procès en première instance, en mars 2007, contre le prévenu El-Hadi Aggoun.
Le report du procès en appel de l’affaire Khalifa, annoncé lors de la reprise d’audience en début d’après-midi, est aussi motivé, selon le magistrat Antar Menouar, par l’application d’une procédure de contumace à l’encontre du mis en cause Sedrati Messaoud ainsi que l’absence de certains autres accusés, à l’exemple de Ali Aoun, l’ex-P-DG du groupe Saïdal, qui serait souffrant. Pour toutes ces raisons, «le procès en appel de Khalifa Bank est ajourné à une prochaine session», a déclaré le magistrat.
Première réaction recueillie à chaud suite à cette décision, celle de Me Miloud Brahimi, un des avocats de la défense. «Vous remarquez bien que le juge n’a pas précisé que le report du procès est pour la prochaine session criminelle mais plutôt pour une prochaine session, sans fixer aucune échéance», dira l’avocat de la défense dont la décision d’ajournement de cette affaire de corruption et d’escroquerie, qualifiée de l’un des plus grands scandales financiers qu’a connus le pays, semblait s’inscrire manifestement dans la durée contre son gré.
Et pour cause, Me Brahimi relève l’anomalie selon laquelle le décès des personnes mises en cause dans cette affaire n’a pu être confirmé au moment voulu par les services du tribunal criminel près la cour de Blida. «Je ne comprends pas comment le décès de ces prévenus n’a pas pu être confirmé. Franchement, de toute ma carrière professionnelle, je n’ai jamais assisté à pareille situation. Vous disposez pourtant de toutes les possibilités et la loi vous accorde tous les pouvoirs pour s’assurer du décès de ces accusés», a déclaré Me Brahimi à l’attention de M. Antar Menouar.
Les officiels cités comme témoins tous absents
A l’ouverture du procès Khalifa, aux environs de 9h00 hier, la salle d’audience du tribunal criminel près la cour de Blida s’est avérée exiguë pour toutes les personnes concernées par l’affaire Khalifa. A ces dernières, au nombre de 75, 300 témoins et 50 parties civiles, s’ajoutaient une vingtaine de robes noires et une pléiade de journalistes (54) représentant différents médias, écrits et audiovisuels.
Le lieu a été également quadrillé par un important dispositif de sécurité composé de gendarmes et de policiers. Dès les premiers instants suivant l’ouverture du procès en appel, les yeux des journalistes cherchaient désespérément les officiels de l’Etat cités en tant que témoins dans l’affaire Khalifa.
Il est question, pour les nommer, de Mourad Medelci, actuel ministre des Affaires étrangères, Abdelmadjid Tebboune, cité en sa qualité d’ex-ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Bouguerra Soltani, en tant qu’ancien ministre du Travail, Nourredine Bouterfa, toujours en poste à la tête de Sonelgaz, Mohamed Raouraoua, président de la FAF, ainsi que le patron de la centrale syndicale Abdelmadjid Sidi Saïd.
L’absence de toutes «ces grosses cylindrées», comme ils sont qualifiés par l’opinion, n’a pas tardé à être confirmée une fois que le magistrat Menouar Antar s’est mis à appeler les témoins. Parmi ces derniers, l’on pouvait toutefois remarquer la présence de personnalités connues du monde sportif, à l’exemple de Moh Cherif Hannachi, Saïd Allik, Lakhdar Belloumi. Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, a tenu lui aussi à faire le déplacement à Blida de même que le liquidateur de la banque Khalifa, Moncef Badis.
K. A.