Les invitations répétées de la France n’ont pas convaincu l’Algérie d’adhérer à la Francophonie.
La visite de Yamina Benguigui, ministre déléguée auprès du ministre français des Affaires étrangères, chargée de la Francophonie, sera bien consacrée au développement de la coopération en matière de Francophonie, notamment dans les domaines de la culture et de l’éducation.
C’est ce qu’a déclaré, hier, le porte-parole du Quai d’Orsay. De son côté, le ministère algérien des Affaires étrangères confirme que des entretiens sont prévus avec des responsables sur des thèmes relevant de l’agenda de la Francophonie. L’escale d’Alger s’avère capitale pour plaider la «cause» de son département. Lors de son séjour qui commence aujourd’hui pour s’achever samedi, Mme Benguigui rencontrera le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci et le ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Elle aura aussi un entretien avec la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et le ministre de l’Éducation nationale, Abdelatif Baba- Ahmed.
L’ancien titulaire du portefeuille, Boubekeur Benbouzid, aura aussi des entretiens avec l’hôte d’Alger.
En plus du thème de la Francophonie, elle aura à poursuivre la préparation de la visite du président François Hollande avant la fin de l’année. L’Algérie et la France sont d’accord pour s’entendre d’ici à la fin octobre sur plusieurs dossiers, avait déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, après sa dernière visite dans la capitale. La circulation des personnes, les propriétés immobilières ou encore l’ouverture des écoles sont évoquées. Pour ce qui est de la Francophonie, la ministre se montre plus offensive que ses autres collègues au gouvernement.
Elle n’a pas caché son souhait que l’Algérie entre dans l’Organisation internationale de la Francophonie. Ce que le pays a toujours refusé. La ministre est consciente de cet écueil car elle admet qu’«on ne peut effacer l’Histoire, je comprends que ce pays n’en soit pas encore membre». C’était dans un entretien publié par l’hebdomadaire Jeune Afrique. Si elle évite toute précipitation sur la question, c’est qu’elle ne veut pas irriter le gouvernement algérien. Elle tire des leçons des agissements du précédent gouvernement français qui a été, selon elle, «très maladroit».
«Nous devons à présent faire des gestes» pour apaiser les relations entre la France avec l’Algérie, a-t-elle dit. Récemment, sur le plateau de l’émission «Vivement dimanche» sur France 2, la ministre de la Francophonie avait clairement avoué que son objectif est de convaincre l’Algérie d’intégrer l’OIF, à la veille de son Sommet qui se tiendra en octobre prochain à Kinshasa, en République démocratique du Congo. En France, il y a longtemps qu’on insiste sur le fait que l’Algérie est le deuxième pays francophone au monde. Mais pour Alger, l’argument n’est pas suffisant pour adhérer à la Francophonie car on n’est pas loin de voir dans l’organisation un héritage de la période coloniale.
Sans que cela ne soit entendu comme une francophobie car les Algériens apprécient les langues étrangères et ne sont pas hostiles à d’autres cultures que la leur. Aussi, lors du prochain Sommet de la Francophonie, prévu en octobre à Kinshasa, il n’y aura que la présence d’une délégation algérienne en tant qu’observateur. C’est la ministre qui a confirmé l’information. Bien que non membres de l’organisation, les Algériens ne perdent aucune opportunité pour participer à des événements sur la Francophonie. C’était le cas lors du Forum mondial sur la langue française, qui s’est tenu au Québec, en juillet, et a vu la participation d’une quinzaine d’universitaires algériens venus, notamment des universités de Constantine, d’Alger, de Tizi Ouzou et de Aïn Témouchent. L’ambassadeur d’Algérie à Ottawa y a assisté ainsi que le secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf y avaient pris part. Le président Abdelaziz Bouteflika, en qualité d’invité personnel du président libanais Emile Lahoud, a participé à la IXe conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement ayant le français en partage et qui s’était tenue au Liban. Etre dedans sans y être vraiment. Voilà une spécificité algérienne.