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On assiste ces derniers temps à un véritable règlement de comptes par réseaux sociaux interposés.
Le bras de fer opposant les deux clans du FFS s’exacerbe. Le conflit se corse en prĂ©vision du congrès ordinaire du parti devant se tenir au premier trimestre 2019, soit Ă la veille de l’Ă©lection prĂ©sidentielle de la mĂŞme annĂ©e. Il faut dire que cette crise devient de plus en plus saillante au fur et Ă mesure qu’on approche de cet important rendez-vous organique. Pour de nombreux observateurs, «la cohabitation entre les deux clans semble impossible et le consensus interne entre les deux courants serait mĂŞme irrĂ©alisable». Preuve en est, les Ă©changes, sans retenue, d’amabilitĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux entre les militants et cadres du parti. D’habitude enclins Ă la discrĂ©tion et Ă la prudence, les militants du FFS se sont mis cette fois Ă laver le linge sale du parti en public, via les rĂ©seaux sociaux.
L’actuelle direction du parti est qualifiĂ©e par ses opposants de «nĂ©o-FFS». Les adversaires du coordinateur de l’instance prĂ©sidentielle, Ali Laskri et son alliĂ©, Mohand Amokrane ChĂ©rifi ne ratent pratiquement aucune occasion pour revenir Ă la charge. Laskri et Cherifi sont, a ce propos, traitĂ©s d’ «apparatchiks sans envergure». Un pas de plus est franchi dans la guerre ouverte au Front des forces socialistes car on assiste ces derniers mois Ă un vĂ©ritable règlement de comptes entre les deux parties. La nouvelle direction est accusĂ©e «de rapprochement avec le pouvoir par le biais de l’ancien ministre sous Chadli Bendjedid, Mohand Amokrane Cherifi».
L’affrontement Ă distance s’annonce brutal entre ceux qui sont mis Ă l’Ă©cart au lendemain du congrès extraordinaire et les membres de l’ IP. Le fils de Hocine Ait Ahmed, personnalitĂ© influente au sein du parti, appuie l’une des figures de proue des dĂ©tracteurs du nouveau prĂ©sidium, en l’occurrence l’ex-conseillère de Hocine Ait Ahmed, Salima Ghezali.
L’offensive, des Baloul, de l’ancien prĂ©sident du groupe parlementaire, Chafaâ BouaĂŻch et d’ autres dĂ©putĂ©s, est menĂ©e sur fond de promotion Ă celle qu’ils nomment «la dame de fer qui fait peur au rĂ©gime» (Salima Ghezali). «Cette femme peut incarner l’avenir du FFS», est-il encore suggĂ©rĂ©. Ainsi, l’ampleur du conflit qui oppose les deux parties est telle que les deux fils de feu Hocine Ait Ahmed, qui n’ont pas de liens organiques avec le parti, rompent le silence.
Après son message d’appui Ă Salima Ghezali, le fils cadet du fondateur du parti Jugurtha Ait Ahmed a apportĂ©, en dĂ©but aoĂ»t dernier son soutien Ă l’ex-chef du groupe parlementaire du FFS, Chafaâ Bouaiche, après le gel de ses activitĂ©s au sein du parti. «Entre le marteau et l’enclume! Sisyphe n’est pas un mythe. C’est une rĂ©alitĂ© souvent brutale qu’il faut apprĂ©hender avec abnĂ©gation et philosophie comme tu le fais. Merci pour ton engagement exemplaire. Ton courage. Tu n’as rien Ă te reprocher, bien au contraire. Ta parole responsable et libre est incompatible avec la culture du caporalisme et du centralisme dĂ©mocratique en marche sous nos yeux Ă©bahis», peut-on lire dans le message de soutien envoyĂ© par Jugurtha Ait Ahmed Ă Chafaâ Bouaiche.
Par ailleurs, en commentant la rĂ©cente sortie du premier secrĂ©taire du FFS Ă Draâ El Mizan, dans laquelle il a soulignĂ© que «le FFS n’est pas une question d’affiliation», l’autre fils du dĂ©funt Ait Ahmed, Salah Ait Ahmed a comparĂ© «le trio Ali Laskri, Mohand Amokrane ChĂ©rifi et Hadj Djilani Ă ceux qui ont pris le pouvoir de force en 1962». «Pervertir pour enterrer la collĂ©gialitĂ©, objectif stratĂ©gique du triumvirat Ali Laskri, Mohand Amokrane ChĂ©rifi et Hadj Djilani», a-t-il Ă©crit sur son poste facebook. Les attaques contre le premier secrĂ©taire national, imposĂ© par Ali Laskri, ne s’arrĂŞtent pas lĂ : «au regard des statuts du parti, Hadj Djilani qualifiĂ© de tout petit premier secrĂ©taire d’un grand parti de l’opposition ne devrait pas occuper ce poste, puisqu’il n’est pas membre du Conseil national.
En le nommant premier secrĂ©taire en 2017, et en le confirmant Ă son poste le 20 avril 2018 l’IP, coordonnĂ©e par Ali Laskri, a violĂ© les statuts du parti et en deux fois», est-il reprochĂ© Ă la nouvelle instance prĂ©sidentielle du parti, composĂ©e de cinq membres, Ă savoir Ali Laskri, Mohand Amokrane Cherifi, Brahim Meziani, Hayet Tayati et Sofiane Chioukh.
En fait, la guerre pour le contrĂ´le de l’appareil du parti s’est enclenchĂ©e au lendemain de la disparition du fondateur et leader historique du Front des forces socialistes(FFS), le dĂ©funt Hocine Ait Ahmed. La nouvelle instance prĂ©sidentielle fraĂ®chement Ă©lue Ă l’issue d’un rapport de force, qui a atteint son paroxysme lors du congrès extraordinaire, a commencĂ© par rĂ©habiliter les quelques anciennes figures du parti Ă©cartĂ©es ou exclues par le «cabinet noir», incarnĂ© par les proches de feu Hocine Ait Ahmed.
Pour asseoir son autoritĂ©, l’IP avait nommĂ© Ikhlef Bouaiche, dĂ©putĂ© de BĂ©jaĂŻa et ancien membre du Mouvement culturel berbère (MCB) aux cĂ´tĂ©s de Hakim Belahcel, Youcef Sahli et SaĂŻda Abdeslam comme membres du comitĂ© d’Ă©thique du parti. La mĂŞme instance avait Ă©galement «repĂŞché» le sĂ©nateur, Moussa Tamatardaza, Farid Bouaziz, Malek Sadali, en les intĂ©grant dans la composante du secrĂ©tariat national.
Des anciens premiers secrĂ©taires du FFS, Ahmed DjeddaĂŻ, Abdelmalek Bouchafa et de l’ancienne dĂ©putĂ©e et membre fondatrice du Rassemblement action jeunesse (RAJ), Dalila Taleb ont Ă©tĂ© nommĂ©s au cabinet conseil, mis sur pied pour assister le premier secrĂ©taire national. Le retour en grâce de ces anciens cadres et militants supposait que «le FFS va changer de cap».