Certains ont indiqué que l’entreprise chargée de sa réalisation a été désignée, mais sans révéler son nom ni si elle est spécialisée dans ce domaine. Nous sommes certains qu’aucun paysagiste n’a été sollicité pour proposer des idées. Quid de la démocratie participative que voulait instaurer Tayeb Belaïz quand il était ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales ? Ce nouveau projet longera un certain nombre de cités d’El Akid Lotfi sur la frange de terrain séparant ces cités du boulevard Millenium.
Le projet date de quelques années et sur ce site, la wilaya a déjà entamé la réalisation de la maison de l’environnement. Il s’étale sur quelques hectares et se trouve en prolongement de deux petits stades de foot, où des centaines de jeunes organisent des tournois, même tard le soir.
Pour les riverains, et même le commun des Oranais, la nouvelle a été accueillie avec satisfaction. Grâce en partie à la mobilisation citoyenne et à un forcing médiatique, une partie de la route reliant Oran à Canastel ne s’est pas transformée en long boyau bordé des deux côtés d’immeubles, comme c’est le cas de celle reliant Oran à Es Senia. Ainsi, la ville dispose d’une petite frange marine verte.
Ce nouveau jardin participera à l’aération de la ville et à combler son déficit en espaces verts. Quoi qu’un spécialiste, le seul sur la place publique, en l’occurrence Salim Slama, a tiré il y a quelques jours la sonnette d’alarme sur les maladies qui rongent les arbres hérités de l’époque coloniale. Certaines associations espèrent que le wali décidera d’affecter un autre espace, très accidenté et envahi par les plantes sauvages, pour recevoir un autre jardin. Ce terrain appartient à la défunte EPLF devenue ENPI et devait recevoir un ensemble immobilier en partenariat avec une entreprise saoudienne, Snasco.
Par ailleurs, la ville de Bordeaux, dont le maire Alain Juppé devait effectuer une visite à Oran, annulée à cause des attentats de Paris et reportée au premier trimestre de l’année qui pointe à l’horizon, envisage de financer l’étude et la réalisation d’un jardin sur une partie du cimetière chrétien de la ville.
Le président d’une association militant entre autres pour l’environnement a même suggéré à l’assistance de Juppé la prise en charge du ravin vert se trouvant à Sid El Houari. Avant même la colonisation, cet espace, traversé par un cours d’eau, était le potager de la ville. Les Oranais se remémorent encore le bassin d’eau où les ménagères allaient faire leur lessive.
Au niveau de cette partie de la ville, le projet de reboisement de Ras El Aïn, confié à l’administration des forêts, suite au rasage d’une partie de ce quartier, il y a une dizaine d’années, est toujours au point mort. Pourtant, une enveloppe conséquente a été dégagée pour ce projet présenté à l’époque comme le futur poumon de la ville. Malheureusement, les bidonvilles continuent de proliférer au niveau de la montagne qui surplombe la ville, gâchant à la fois la vue et portant atteinte à la faune et à la flore, très fragiles de surcroît. Il suffit de rappeler qu’Oran, avant la colonisation française, était réputé pour ses jardins de type andalou.
Ce que beaucoup refusent d’admettre malgré une littérature abondante sur le sujet. Mais il est temps que cette ville renoue avec son passé en se réconciliant avec le végétal. Même différemment.