Le 8 mai 1945, alors que l’Europe célébrait la fin de la Seconde Guerre mondiale, en Algérie, des milliers d’Algériens tombaient sous les balles coloniales à Sétif, Guelma et Kherrata. Quatre-vingts ans plus tard, c’est dans ce même esprit de mémoire et de reconnaissance que la capitale a choisi de rendre hommage à d’autres victimes du silence historique, les femmes combattantes de la Révolution.
La commune d’Alger-Centre a inauguré la Sahat Batelat El Djazaïr (la Place des héroïnes), une place entièrement réaménagée pour honorer trois figures féminines du combat libérateur. Nafsiyya Hammoud (Lalyam), Zoubida Ould Kablia (Saliha) et Hassiba Ben Bouali. Trois noms, trois destins, trois symboles de courage, réunis aujourd’hui dans la pierre et dans les cœurs. Pour rappeler que l’indépendance algérienne a aussi été arrachée par des mains de femmes.
Trois destins, un même serment : la liberté
La place, entièrement aménagée pour l’occasion, abrite désormais des stèles dédiées à ces trois femmes. Dont les parcours se croisent dans l’histoire douloureuse, mais fière, de la guerre de libération. Elles ne brandissaient pas seulement des slogans, elles portaient des armes, risquaient leur vie et incarnaient la lutte dans ce qu’elle avait de plus humain et de plus radical.
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- Nafsiyya Hammoud, dite Lalyam, a marqué par son engagement continu auprès des moudjahidines, un combat souvent silencieux, mais essentiel.
- Zoubida Ould Kablia, connue dans les rangs sous le pseudonyme Saliha, figure moins médiatisée mais non moins courageuse, morte en martyre, symbolise ces héroïnes de l’ombre.
- Hassiba Ben Bouali, immortalisée dans l’histoire comme l’une des jeunes femmes tombées lors de la bataille d’Alger, est devenue une icône nationale.
Ces trois noms sont désormais gravés dans le marbre, mais surtout dans la mémoire collective que cette initiative entend raviver.
Alger-Centre : la nouvelle Place « Batelat El Djazaïr » rend hommage aux figures féminines de la lutte pour l’indépendance
Lors de la mise en service officielle de la Saha Batelat El Djazaïr, les scouts musulmans algériens. Notamment les troupes Al-Houriya (Liberté) et Al-Faleh (Le Cultivateur), ont pris part aux hommages rendus. Drapés de leurs uniformes, ils ont réaffirmé, par leur présence, le lien entre l’histoire et les jeunes générations.
L’événement a été ponctué par des discours sobres, où les mots fidélité, sacrifice et mémoire revenaient comme un leitmotiv. « C’est un devoir que nous avons envers nos aînées », a confié une représentante des autorités locales. Rappelant l’importance de transmettre ces récits féminins de bravoure.