Il a vacillé, il a résisté, il a remporté les élections et le droit d’être président de la FIFA pour un 5e mandat consécutif, mais finalement la pression était tellement grande suite au scandale de corruption qui ébranla la FIFA mercredi passé qu’il a fini par céder.
Sepp Blatter le président de la FIFA a annoncé hier son intention de démissionner, le Suisse a appelé à la tenue d’un nouveau congrès exceptionnel très prochainement.
Le prochain congrès de la FIFA n’étant prévu que le 13 mai 2016 à Mexico, l’actuel président a sollicité la tenue d’un congrès extraordinaire «le plus rapidement possible». La nouvelle élection devrait avoir lieu entre décembre 2015 et mars 2016. Les statuts de l’organisation prévoient un délai minimum de quatre mois.
C’est lors d’une conférence de presse tenue hier mardi 2 juin en fin de journée que la décision a été annoncée à un monde du foot qui n’arrivait toujours pas à digérer la réélection du Suisse. « Je vais organiser un congrès extraordinaire pour mon remplacement comme président. Je ne me représenterai pas », a-t-il assuré depuis le siège de l’instance à Zurich. « Même si j’ai été réélu, je n’avais pas le soutien de tout le monde du foot », a-t-il ajouté.
Les postulants aux anges
Aussitôt annoncée, la démission a rendu fou de joie les principaux acteurs du ballon rond à travers le monde, parmi ces derniers ceux qui voulaient succéder à Sepp à la tête de la FIFA. « C’est un bon jour pour la FIFA et le football. Le changement arrive enfin », a écrit pour sa part l’ancien capitaine de la Seleçao portugaise Luis Figo, qui s’était retiré de la course à la présidence de la FIFA une semaine avant l’élection de vendredi.
De son côté, peu après l’annonce de Blatter, Michel Platini, président de l’UEFA, qui avait appelé la semaine dernière à la démission du Suisse, a réagi : «C’était une décision difficile, une décision courageuse et la bonne décision.»
Il est utile de rappeler que lundi le New York Times mettait indirectement en cause le bras droit de Blatter le secrétaire général Jérôme Valcke, qui aurait autorisé un paiement de 10 millions de dollars vers des comptes gérés par Jack Warner, un des responsables de la FIFA mis en cause par la justice américaine.
Selon l’acte d’accusation, ce virement servait à masquer la corruption permettant à l’Afrique du Sud d’obtenir le Mondial 2010. Mais le Français n’est pas mis en cause nommément. La FIFA a reconnu mardi ce versement «dans le cadre du développement du football dans les Caraïbes», mais elle a assuré que «ni Jérôme Valcke ni aucun haut responsable de la FIFA n’étaient concernés» par l’enquête où quatorze personnes sont poursuivies, dont neuf cadors actuels ou anciens de la FIFA. Valcke avait néanmoins décidé d’annuler sa participation samedi à l’ouverture de la Coupe du monde féminine au Canada.
Hayatou dans la tourmente
Dès l’annonce du départ précipité de Blatter, Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football, a fait part de sa surprise après l’annonce de la démission de son cher ami. « J’ai été surpris. Personne ne pouvait imaginer qu’il allait démissionner trois-quatre jours après le congrès », assure d’emblée Issa Hayatou.
Interrogé sur sa possible candidature à la succession de Sepp Blatter, Issa Hayatou le dit tout de go : « Non. J’ai été candidat en 2002, je n’ai pas été élu. Mon âge ne me permet plus de briguer ce poste, J’ai 69 ans, Blatter a 10 ans de plus que moi. Je ne peux pas me permettre d’être candidat. » Une déclaration jugée très prudente et qui reflète la pression exercée sur ses épaule dans son palais à Garoua où il est arrivé hier.
Le départ de Blatter annonce le début d’une intifadha contre la baronnie et les présidents à vie des fédérations internationales, Il faudra donc s’attendre à des retombées, d’abord sur les confédérations régionales comme la CAF où Issa Hayatou règne en maître absolu depuis 1987 et les fédérations internationales minées pour la plupart par la corruption, le Camerounais, qui était plus que soutenu par Blatter, se retrouvera seul et devrait être plus que jamais fragile, surtout si Platini, qui ne semble pas le porter dans son cœur, décide de se présenter lors des prochaines élections.
M. A.