Les prix des fruits et légumes demeurent excessifs, en dépit d’une production de qualité en quantité suffisante enregistrée ces dernières années. Pour résoudre ce casse-tête, beaucoup de spécialistes estiment que la stabilité de la mercuriale réside dans la construction de marchés de gros afin de réduire au maximum le nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur. Mais cette thèse a été battue en brèche par un responsable du ministère du Commerce qui a préféré garder l’anonymat.
Selon lui, les mandataires n’y sont pour rien. « L’agriculteur dépose sa marchandise auprès d’un mandataire. Celui-ci prend une marge fixe entre 5 et 8% du prix de gros de la marchandise vendue au détaillant », explique ce cadre du Ministère qui pointe du doigt le détaillant qui vend trois fois plus cher que le prix d’achat. A titre d’exemple, notre interlocuteur a cité exemples de la courgette qui a été vendue cette semaine entre 32 DA et 38 DA le kilogramme, tandis que dans le commerce du coin, elle est cédée à 120 DA », nous fait savoir cet expert au ministère du Commerce. « Les prix sont libres.
On ne peut pas intervenir à ce niveau et imposer aux détaillants le prix de vente des produits», a-t-il regretté avant de souligner le rôle de la grande distribution dans la stabilisation des prix, car pour lui, il est anormal de voir le Kg de la tomate proposé à 25 DA sur le marché de gros et sous l’effet de certaines circonstances climatiques, commerciales ou extra-commerciales, ce même produit sera cédé à 120 ou 180 dinars»
Le marché est donc complètement déséquilibré. L’Ugcaa plaide, depuis quelques années, pour la construction de marchés de gros afin de mettre à la disposition des ménages des produits agricoles à bon marché. Est-ce la solution ? Absolument pas, rétorque notre interlocuteur. « Nous avons déjà 5 marchés de gros fermés pour mauvaise stratégie de planification », rappelle ce cadre. Pour lui, le seul moyen de stabiliser le marché de fruits et légumes est le développement de la grande distribution. « Les chaines de la grande distribution concluent des accords d’une durée d’une année avec des agriculteurs pour leur assurer un approvisionnement en produits avec des prix étudiés préalablement et de telle sorte que chacun y trouve son compte », a-t-il affirmé. « Ainsi, le produit agricole passe de l’agriculteur directement au consommateur, via la grande distribution. A ce moment, on aura des prix raisonnables à longueur d’année », explique notre vis-à-vis qui a estimé le volume de la production agricole sans prendre en compte la production animale en 2012 à 130 millions de quintaux, ce qui donne, d’après lui, une moyenne de 0,6 à 0,8 kg/jour/ habitant. « La norme internationale est d’environ de 0,6kg », explique-t-il pour dire que la production est amplement suffisante.

Mahmoud Chaal