En l’absence de rééquilibrage budgétaire et de réformes structurelles: Le dinar continue de payer la facture

En l’absence de rééquilibrage budgétaire et de réformes structurelles: Le dinar continue de payer la facture

Le taux de change de la monnaie nationale vis-à-vis du dollar américain a joué un rôle d’amortisseur et de première ligne de défense depuis le début de la chute des prix du pétrole, et ce, pour maintenir les équilibres macroéconomiques du pays. Entre 2014 et 2016, l’ajustement “a été réalisé par réforme minimale” pour paraphraser l’ancien directeur de la dette à la Banque d’Algérie, Rachid Sekak, pour ne pas dire absence de réforme.

Avant la loi de finances 2017, l’ajustement budgétaire n’a pas eu lieu. L’ajustement de la balance de paiement se résume à l’encadrement administratif et quantitatif des importations. Le seul ajustement qui a été opéré, c’est celui qui a été réalisé par la Banque d’Algérie sur le taux de change. “Face à la détérioration des fondamentaux de l’économie nationale, la Banque d’Algérie a procédé à une dépréciation du taux de change du dinar vis-à-vis du dollar de près de 20%”, avait souligné le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, lors de son intervention à l’ouverture du Meeting africain sur l’économétrie qui se tient du 29 juin au 1er juillet dernier à Alger.

À compter du troisième trimestre 2016, avec l’arrivée de Mohamed Loukal à la tête de la Banque d’Algérie et le départ de Mohamed Laksaci, le taux de change du dinar par rapport au dollar américain a connu une nette stabilisation. Par rapport à l’euro, le dinar a connu une relative appréciation, durant la même période, son taux de change passant de 125,6 DA pour un euro, le 3 mai 2016, à 120,23 DA au mois d’octobre et, enfin, à 117,6 DA à fin novembre 2016 et à 116,4 DA au 15 décembre 2016.

Pour la Banque d’Algérie, version Mohamed Loukal, la consolidation budgétaire effective à partir de 2017 ainsi que les perspectives de stabilisation, voire de hausse relative des prix du pétrole, devraient contribuer à asseoir une plus grande stabilité du taux de change nominal du dinar. Pour M. Loukal, le taux de change “a joué dans une large mesure son rôle d’amortisseur et de première ligne de défense”.

Ce n’est pas l’avis de l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci qui, dans une contribution publiée par Maghreb Emergent, estime que la flexibilité du taux de change doit demeurer l’instrument de premier plan dans cette conjoncture d’incertitude liée au secteur des hydrocarbures. “Cette flexibilité conjuguée à l’ajustement budgétaire graduel aiderait à préserver la marge de manœuvre de la politique monétaire, pour ce qui est du rôle crucial qu’elle doit continuer de jouer en matière de stabilisation macroéconomique”, a souligné M. Laksaci. Le Fonds monétaire international (FMI) pense également que la poursuite de la dépréciation du dinar a également un rôle essentiel à jouer pour accompagner l’ajustement budgétaire et extérieur. Selon le FMI, le taux de change effectif réel “demeure significativement surévalué”.

Les experts du FMI reconnaissent que l’essentiel de l’ajustement nécessaire pour corriger cette surévaluation doit venir du rééquilibrage budgétaire et des réformes structurelles. Mais, estiment-ils, “une dépréciation du taux de change nominal, conjuguée à des mesures d’élimination progressive du marché parallèle, a un rôle à jouer”. Pour le FMI, “une monnaie plus faible augmenterait les recettes d’hydrocarbures en dinars et réduirait la demande d’importations, contribuant ainsi à rétablir la viabilité budgétaire et l’équilibre extérieur, tout en accompagnant la diversification de l’économie à moyen terme”.

En outre, selon l’analyse des services du FMI, il semble qu’une dépréciation nominale progressive ne devrait pas entraîner d’importantes tensions inflationnistes à court terme. Lors des consultations avec le FMI au titre de l’article IV, les autorités monétaires “ont convenu que le dinar est surévalué et que la correction de cette surévaluation doit provenir essentiellement de l’assainissement budgétaire et des réformes structurelles, conjugués à une certaine dépréciation nominale du dinar”.

Elles ont, toutefois, exprimé leur préoccupation quant à laisser le dinar se déprécier davantage tant qu’un marché des changes à terme n’aura pas été mis en place pour permettre aux importateurs de couvrir leur risque de change. Ce qui a été fait récemment. Le Conseil de la monnaie et du crédit a adopté récemment un règlement relatif au marché interbancaire des changes et aux instruments de couverture du risque de change.

Du coup, une nouvelle dépréciation du dinar n’est pas à écarter. D’autant que les prix du pétrole demeurent relativement bas, les importations élevées et surtout “le coussin de sécurité” que représente le Fonds de régulation des recettes, épuisé, ne peut plus être utilisé pour combler le déficit qui reste encore important. Selon certains experts, l’État gère sa trésorerie, au jour le jour, avec “le réescompte des effets du Trésor”.