En l’absence de nouvelles et importantes découvertes, Baisse probable de la production à compter de 2019/22

En l’absence de nouvelles et importantes découvertes, Baisse probable de la production à compter de 2019/22

La conférence tenue samedi à l’initiative de l’association des ingénieurs d’Etat diplômés de l’IAP, sur le thème “Développement économique et transition énergétique”, a été encore une fois l’occasion de raviver la polémique sur la problématique des réserves algériennes d’hydrocarbures et les perspectives du secteur.

D’emblée, un riche débat a été engagé entre ceux qui estiment que l’Algérie dispose encore d’importantes réserves d’énergie et ceux qui, au contraire, soutiennent que le pays sera bientôt incapable d’exporter des hydrocarbures. Présentant une communication, conjointement avec l’ancien P-DG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, Sidi Mohamed Baghdadli a indiqué que l’évolution des réserves d’hydrocarbures de l’Algérie est passée par deux cycles de découvertes. Le premier comprend Hassi Messaoud et Hassi R’mel et le second, venu tardivement, c’est-à-dire dans les années 1990, comprend notamment le gisement de Hassi Berkine. S’agissant de l’évolution de la production, a-t-il ajouté dans son exposé, elle a connu entre 2005 et 2007 un pic de 2 millions de barils/jour avant d’amorcer, dès 2008, une courbe décroissante jusqu’en 2012. Pour le gaz, a-t-il expliqué, après un pic de 90 milliards de m3 au milieu des années 2000, la production a dû décroître vertigineusement ces dernières années. Dressant la problématique du “peak oil & gas” en Algérie, M. Baghdadli précise qu’aujourd’hui la moitié des réserves prouvées ont été produites et le restant des réserves à trouver ne pourra que retarder le déclin dans le temps. Ajouter à cela le taux de découvertes qui, aujourd’hui, ne renouvelle qu’un seul baril équivalents pétrole pour 3 barils produits. Pour lui, la production est entrée dans la phase d’un plateau ondulé et au-delà duquel elle sera en rapide déclin. Le taux actuel de déplétion est de 3% pour les réserves ultimes et de 5% pour les réserves prouvées. Ce qui lui fait dire que “même si la date du peak oil algérien (pic pétrolier) est difficile à préciser, son évidence est là”. Pour l’ancien P-DG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, “en prenant en compte le niveau des réserves probables et possibles, si rien n’est fait en termes d’exploration et en termes d’efficacité énergétique d’ici à 2019-2022, l’Algérie pourrait ne plus honorer ses engagements à l’export à partir de 2030”. Avec un domaine minier inégalement exploré avec possibilité de découvertes de taille moyenne, mais de plus en plus petites à l’avenir, et une consommation nationale d’hydrocarbures en croissance importante et continue (+4% par an pour tous les HC (1,2 TEP/an/habitant, +8% par an pour les carburants, +7% par an pour le gaz), la situation nécessite l’intensification de l’effort d’exploration et surtout d’amélioration des taux de récupération sur les gisements de gaz et de pétrole. Elle nécessite également une stratégie urgente en matière de transition et modèle de consommation énergétique. Pour éviter ce scénario catastrophe pour certains, réaliste pour M. Attar, l’ancien PDG de Sonatrach préconise que l’Algérie se mette à exploiter ses réserves de gaz de schiste même si ces derniers ne parviendront, au rythme où vont les choses, qu’à compenser les besoins de la consommation interne. Pour sa part, l’ancien ministre de l’Energie, Nordine Aït Laoussine, qui doutait de la véracité des chiffres avancés sur nos réserves, a estimé qu’il faudrait d’abord avoir une idée précise des réserves dont nous disposons et penser à l’intensification des bassins sous-explorés, ainsi qu’en offshore, et à améliorer les taux de récupération des gisements en exploitation. Ali Hached, conseiller du ministre de l’Energie, s’est voulu plus optimiste en affirmant que l’Algérie est en mesure de rebondir et d’augmenter sa production d’hydrocarbures et ses exportations. Pour ce faire, il explique que l’Algérie a inscrit dans sa stratégie le développement de toutes les formes d’énergies, allant du pétrole et du gaz aux énergies renouvelables et le nucléaire.

Qu’ils voient le verre à moitié plein ou à moitié vide, les intervenants s’accordent sur un point. Si rien n’est fait pour changer de cap, renforcer les investissements dans le secteur, accélérer l’effort d’exploration, l’Algérie de par sa dépendance des hydrocarbures va vers l’impasse.