En Kabylie, l’été commence entre attaques terroristes et ratissages

En Kabylie, l’été commence entre attaques terroristes et ratissages

Une dizaine de policiers et de militaires tués en deux mois, des attentats à la bombe et des opérations de ratissage menées par l’armée dans plusieurs régions de Kabylie… La guérilla dans les maquis du nord reprend avec l’été.

Un policier est mort ce matin dans un attentat à la bombe à Bouira (à quelque 100 km au sud-est d’Alger), venant s’ajouter à la dizaine de victimes des groupes terroristes d’AQMI qui multiplient les attaques en Kabylie depuis le mois d’avril. Parmi les plus meurtrières : celle des Ouacifs (Tizi Ouzou) le 15 juin (2 policiers tués), celles d’Azzefoun (Tizi Ouzou) les 15, 16 et 17 mai (3 militaires tués), de Keddara (Boumerdès) le 4 mai (2 militaires tués) et de Mekla (Tizi Ouzou) le 30 avril (4 policiers tués).

Ces offensives, qui surviennent alors que plusieurs condamnations à de la prison ferme pour « appartenance à un groupe armé » ont été prononcées, sont récurrentes au début de l’été, les terroristes profitant de la circulation plus importante sur la côte, des conditions climatiques plus favorables pour acheminer les armes dans les zones enclavées. « La menace terroriste persiste dans toutes les régions de l’Algérie », a reconnu début juin le patron de la police algérienne, le général Abdelghani Hamel.

Aucune estimation récente n’a pourtant été avancée -Yazid Zerhouni, ex ministre de l’Intérieur parlait de 300 personnes recherchées en 2009. Sur place, les journalistes spécialistes de la question terroriste et en relations avec les services de sécurité, évaluent le maquis de Tizi Ouzou à 250 élements, celui de Boumerdès à quelque 80 personnes et celui de Bouira à une cinquantaine. « Si l’on se fie au nombre de terroristes tués, ils seraient de moins en moins nombreux, calcule  Ahcène Tahraoui, correspondant d’El Watan à Tizi Ouzou. En six mois, les forces de sécurité en ont tué 25, contre 70 sur toute l’année 2010. Mais ils sont mieux organisés que les années précédentes et surtout, mieux armés. Ils ont troqué les fusils de chasse et les mitraillettes contre des lance-roquettes et dans l’attaque des Ouacifs, ils ont été capables de mobiliser une soixantaine d’hommes ! »

Pour la combattre, l’armée mène depuis plusieurs semaines d’importantes opérations de ratissage dans la région de Boumerdès, Bouira et Tizi Ouzou, essentiellement menées contre une dizaine de sections affiliées aux phalanges Al Ançar et Al Farouk. « La semaine dernière, on a vu tourner des hélicoptères équipés de lance-roquettes et entendu plusieurs bombardements », témoigne un habitant de Cheurfa (Tizi Ouzou). Résultat des opérations : une vingtaine de terroristes tués depuis le mois dernier, dont l’émir Mohamed Azzazni qui sévissait dans la région des Issers (Boumerdès).

Autre technique utilisée : l’embuscade. Cette semaine, les militaires ont ainsi abattu huit terroristes présentés comme des membres du groupe responsable de l’attaque des Ouacifs contre les sièges de la Sûreté de daïra et de la Brigade mobile de police judiciaire. « Dans cette zone, la pression militaire est aujourd’hui telle que les terroristes fuient, relève un journaliste de Bouira. On suppose d’ailleurs que les auteurs de l’attentat de ce matin viennent des maquis de Tizi Ouzou. Car il n’y a pas eu d’attentat dans la ville depuis août 2008 (12 morts, plus de 40 blessés). »