En Jordanie, un salon de l’emploi pour aider les réfugiés syriens

En Jordanie, un salon de l’emploi pour aider les réfugiés syriens

Sans travail depuis cinq ans, Mohammed Ahmad sillonne nerveusement les allées d’un salon de l’emploi dans le camp de réfugiés syriens de Zaatari en Jordanie, inscrivant son nom auprès d’un maximum d’entreprises.

Des représentants d’une cinquantaine de sociétés jordaniennes inscrivent noms, âges et savoir-faire des prétendants à un emploi dans le salon ouvert il y a plus d’un mois par le gouvernement jordanien et le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR). Son financement est assuré par l’Union européenne.

« Je vis dans ce camp depuis cinq ans et je passe la majorité de mon temps assis ou à dormir. Les conditions de vie sont très dures ici et j’espère pouvoir décrocher un emploi qui me sauve de cette situation », confie à l’AFP Mohammed Ahmad, un agricluteur syrien de 34 ans.

Originaire de Deraa dans le sud de la Syrie, ce père de quatre enfants affirme avoir « désespéramment besoin d’argent » après avoir fui la guerre dans son pays, frontalier de la Jordanie.

« Tout ce que nous recevons se limite à une carte Visa dotée de 20 dinars (environ 30 dollars) par personne et par mois. Elle nous permet d’acheter seulement des produits alimentaires de deux grands marchés dans le camp », situé dans le nord jordanien, explique M. Ahmad.

Il aimerait pouvoir acheter à ses enfants de nouveaux habits et des douceurs. Et des cigarettes pour lui.

Refaire mes dents

Le salon facilite l’embauche des réfugiés à l’extérieur du camp de Zaatari, qui abrite 80.000 Syriens, en leur procurant des autorisations de travail.

Il se félicite d’ailleurs d’avoir déjà aidé plus de 3.000 Syriens du camp à trouver un emploi dans l’agriculture, l’industrie ou l’agro-alimentaire.

Les entreprises proposent plus de mille postes avec des salaires mensuels allant jusqu’à 210 dinars jordaniens (environ 300 dollars).

Mais l’objectif à long terme est de « fournir 200.000 emplois aux Syriens » présents sur l’ensemble du territoire jordanien, précise l’ambassadeur de l’UE dans le royaume, Andrea Fontana.

La Jordanie accueille plus de 650.000 réfugiés syriens depuis mars 2011, selon le HCR. Ils sont 1,3 million, selon Amman.

Cheikha Fadlallah, 54 ans, était couturière en Syrie. « Je cherche à travailler pour refaire mes dents, complètement abîmées ».

« Tout le monde ici est excité à l’idée de trouver du travail », dit cette femme vêtue d’un niqab.

Plus que ce dinar

Pour Youssef al-Khawalda, représentant d’une entreprise agricole, « ce centre est également une opportunité pour les employeurs de trouver la main d’œuvre adaptée ».

Il recherche 16 employés dans le secteur de la santé animale et se réjouit du nombre élevé des candidats.

Mahmoud Jallad, lui, a besoin de 30 ouvriers pour son usine de confection des pâtisseries. « J’espère que tous trouveront du travail car il est désolant de voir autant de personnes avec du potentiel, assises à ne rien faire ».

Malgré l’enthousiasme général, certains réfugiés sont déçus.

« Je n’ai trouvé aucun emploi. J’ai parlé avec les représentants de trois entreprises qui m’ont tous dit que j’étais âgé, qu’ils avaient besoin de jeunes », dit Ihsan al-Masri, 46 ans.

Avant le déclenchement du conflit dans son pays, ce père de famille de sept enfants était chauffeur de camion. « Je leur ai dis que j’étais prêt à faire n’importe quoi, gardien, éboueur, mais en vain », se désole-t-il.

A 76 ans, Nassib Mohammed Saleh, lui, est nostalgique des années d’avant-guerre. « Ma situation financière était bonne en Syrie, je dirigeais un commerce et j’avais trois employés. Ici je me retrouve à chercher un travail, même dans le ménage ».

Il sort de sa poche une pièce métallique. « Croyez-moi, il ne me reste plus que ce dinar ».