En guerre contre les « oligarques », Hanoune prend de la « distance » à l’égard du président Bouteflika

En guerre contre les « oligarques », Hanoune prend de la « distance » à l’égard du président Bouteflika
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Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs, a changé de ton dans ses dernières interventions à l’égard du président Abdelaziz Bouteflika et de sa politique.

Un début de prise de “distance” qui est suivi avec intérêt par les observateurs politiques qui se demandent si l’on n’assiste pas à la fin d’un “compagnonnage” de plusieurs années de la dirigeante trotskyste avec le président Abdelaziz Bouteflika et qui lui a valu de vives critiques dans les milieux de gauche.

Louisa Hanoune semble prend acte de la montée en puissance d’Ali Haddad et des hommes d’affaires. Elle semble y voir un signe que les “oligarques” sont devenus dominants dans le système et que le rôle de “soutien critique” qu’elle assume est sans effet.

Dans l’interview fleuve publiée jeudi dernier par El Watan, elle ne se contente plus de cibler, comme elle le faisait déjà depuis des mois, des milieux d’affaires qui ambitionnent, selon elle, d’asservir l’Etat à leurs ambitions.

Elle considère que le président Bouteflika n’a pas tenu “ses engagements”. Elle ne semble plus être convaincue, comme elle en donnait l’impression, qu’il constitue un “rempart” contre les “convoitises d’une clique qui se comporte en chef d’Etat parallèle…”.

“Le chef de l’Etat doit mettre le holà, il est comptable et responsable devant la nation” a-t-elle déclaré mais son diagnostic de l’état de la “république” est tranchant.

Une république à bout de souffle

“.La première République est vraiment à bout de souffle”, le régime est en principe présidentiel mais en réalité, il n’a “ni queue ni tête”. C’est un régime hermaphrodite…”

L’Algérie, a-t-elle dit, est dans une situation où “une oligarchie émerge, composée de personnes qui accaparent des pans entiers de l’économie nationale avec l’ambition de faire main basse sur toute l’économie et qui cherchent à s’approprier les centres de décision politique à tous les niveaux”.

Ces oligarques, accuse-t-elle, « veulent s’attaquer à l’article 17 de la Constitution et elle relève que le président du FCE (Forum des chefs d’entreprises), Ali Haddad fait la tournée des ministères où il donne des orientations ! Il annonce l’ouverture de tous les secteurs, y compris l’énergie ».

“On parlait, il y a quelque temps, des dangers de «moubarakisation» du pays. Au départ, Moubarak avait fait des choses intéressantes, mais les dix dernières années de son règne, la mafia a accaparé des centres de décision économique, ensuite politique. C’est cela qui est à l’origine de la tragédie égyptienne en cours”.

Louisa Hanoune, tout en restant favorable à l’exploitation du gaz de schiste, a changé de ton au sujet de la contestation à In Salah mettant en exergue le sentiment d’injustice des populations. Elle l’a répété vendredi lors de l’ouverture de la session du comité central du parti en relevant que ces contestataires ne « défient pas l’Etat et ne cherchent pas à le soumettre ».

Louisa Hanoune semble désormais convaincue que le plus grand risque vient des « oligarques » et a averti qu’elle appellerait à sortir dans la rue en cas de remise en cause de l’article 17 de la Constitution. Elle a renouvelé ses attaques contre les oligarques qui menacent les « fondements de l’Etat » et œuvrent à rééditer l’expérience égyptienne en Algérie.

Ce que dit l’article 17

“Art. 17 – La propriété publique est un bien de la collectivité nationale. Elle comprend le sous-sol, les mines et les carrières, les sources naturelles d’énergie, les richesses minérales, naturelles et vivantes des différentes zones du domaine maritime national, les eaux et les forêts. Elle est, en outre, établie sur les transports ferroviaires, maritimes et aériens, les postes et les télécommunications, ainsi que sur d’autres biens fixés par la loi“.