Le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest a annoncé avoir exécuté un des otages algériens. Un acte politique visant à pousser l’Algérie à intervenir militairement au Mali.
Le Mujao a annoncé avoir exécuté Tahar Touati, vice-consul à Gao. Samedi soir, l’organisation terroriste a publié un communiqué à travers Sahara Média, un site web d’information mauritanien, pour annoncer l’exécution de Tahar Touati, le vice-consul d’Algérie à Gao. Abou El Walid Essahraoui, chef du mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest, précise que cette exécution est «intervenue après l’expiration de l’ultimatum fixé au gouvernement algérien». Hier après-midi, le Mujao relance l’information en passant par l’Agence Nouakchott Information (ANI). «L’exécution est intervenue, selon le mouvement après avoir épuisé trois ultimatums donnés au gouvernement algérien pour libérer des membres d’Aqmi arrêtés à Ghardaïa en contrepartie de la mise en liberté de Touati».
L’Agence France Presse, qui a relayé la dépêche d’ANI, estime qu’elle fait office de confirmation. «L’agence ANI a régulièrement relayé des communiqués et déclarations des groupes islamistes dans le nord du Mali sans jamais être démentie», souligne l’AFP. Mais Alger opte pour la prudence. Hier, les autorités n’avaient toujours pas confirmé officiellement la mort de Tahar Touati. L’information «fait actuellement l’objet de vérifications nécessaires pour s’assurer de son authenticité», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué transmis à l’Agence Presse Service.
«Le communiqué annonçant l’exécution du fonctionnaire consulaire algérien ne peut par conséquent que susciter la surprise et justifier les démarches engagées en vue de confirmer la véracité de l’information diffusée samedi en fin de journée», note également l’APS, en précisant que les familles des otages «avaient été reçues samedi matin par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères qui leur a rappelé, en particulier, que les contacts avec les ravisseurs n’étaient pas rompus». Si elle venait à être confirmée, l’exécution du diplomate algérien serait assimilée à une véritable déclaration de guerre du Mujao envers l’Algérie.
Née, il a tout juste quelques mois, cette organisation a axé l’essentiel de ses activités terroristes contre les intérêts de l’Algérie. Après Tindouf au mois d’octobre 2011, Tamanrasset en mars et Gao en avril, le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest s’est attaqué, en juin dernier, au commandement régional de la Gendarmerie nationale de Ouargla. Un acharnement qui a suscité des interrogations, notamment sur la création, la gestion et le financement du Mujao. Financé en grande partie par le trafic de stupéfiants, ce groupe terroriste a un «agenda politique» très précis. L’implication directe de l’Algérie dans le conflit malien semble être un de ses principaux objectifs. Reste à savoir si cette option extrême est effectivement retenue par les autorités algériennes. Surtout qu’il reste encore trois autres otages entre les mains du Mujao.
T. H.