EN : Djabou : «J’ai procuré de la joie aux publics sétifien, harrachi et eulmi, j’attends de le faire pour les 40 millions d’Algériens»

EN : Djabou : «J’ai procuré de la joie aux publics sétifien, harrachi et eulmi, j’attends de  le faire pour les 40 millions d’Algériens»

Juste après la fin du match entre le Club africain et la  JS Kaïraouan, nous avons joint au téléphone le héros de la rencontre, l’Algérien Abdelmoumen Djabou, auteur d’un joli doublé et d’une prestation de premier ordre qui ont permis à son équipe d’aligner une cinquième victoire consécutive en championnat. De cette rencontre, de son doublé et de sa déception de n’avoir pas fait partie du groupe choisi par Halilhodzic pour la CAN-2013, l’ancienne coqueluche sétifienne en nous parle.

Vous venez de réaliser un doublé contre l’équipe d’Al Kaïraouan. Quels sont vos sentiments ?

Je remercie Dieu de m’avoir permis d’inscrire ces deux buts, je suis évidemment très content, et je compte aujourd’hui cinq buts en sept matchs. Mais ce n’est pas cette performance personnelle qui est mise en avant, c’est bien la victoire de toute l’équipe, la cinquième d’affilée, après des débuts difficiles en championnat.

On a laissé entendre que vous aviez une grave blessure aux adducteurs, avant cette rencontre. Qu’en est-il au juste ?

Ce qui est désolant, c’est que cette rumeur a été reprise par la presse tunisienne. C’est sur les réseaux sociaux, Facebook notamment, qu’on avait dit que j’étais blessé aux adducteurs, après un match amical que j’avais joué et tout le monde en avait parlé. J’ai eu une intervention à ce sujet sur les ondes d’une radio tunisienne où j’avais déclaré que ceux qui disent que je suis blessé n’ont qu’à venir me voir à l’entraînement. Dieu merci, j’ai joué et j’ai marqué.

C’est en même temps une réponse à ceux qui ont propagé cette rumeur, non ?

Je ne réponds à personne, je ne suis pas là pour faire attention à de pareilles sottises. Je n’ai fait que mon devoir sur le terrain. C’est vrai, cela m’a irrité qu’on parle de moi de cette façon, en inventant n’importe quoi, mais comme vous le savez, je ne tiens rancune à personne. Je n’ai répondu à personne, mais tout le monde a vu que je n’étais pas blessé.

Vous avez également offert pas moins de quatre balles de buts qui n’ont pas été exploitées par vos coéquipiers ; êtes-vous déçu ?

Non, pas du tout. Il est vrai que j’aurais aimé que ces balles soient mieux exploitées, mais quand on gagne, on oublie tout, on ne retient que la victoire. Le plus important, c’est d’avoir gagné et réalisé une cinquième victoire consécutive.

Mais on vous a vu quitter le terrain en souffrant du dos. C’est sérieux ?

Je ne sais pas encore (ndlr, entretien réalisé juste après la fin de la rencontre). Je viens de me faire faire une injection et je dois passer demain des examens médicaux pour en savoir plus. Mais j’ai eu tout à l’heure la visite du médecin de la sélection tunisienne qui aime le Club africain et il m’a rassuré en me disant que je ne devais pas m’inquiéter. Mais je ne peux pas être tranquille jusqu’à ce que je passe ces examens.

Quand avez-vous ressenti des douleurs au dos ?

Juste après avoir inscrit le deuxième but, c’est-à-dire après une demi-heure de jeu. Pendant la pause, l’entraîneur m’a demandé si je pouvais continuer  à jouer ou non, et comme les douleurs s’étaient atténuées un peu, je lui ai dit que je pouvais retourner sur le terrain. Mais dès la reprise, les douleurs ont repris. On était à 2 à 1 et je ne voulais pas sortir, parce qu’on n’avait pas assuré la victoire. J’ai dû attendre jusqu’à la fin.

Vous avez fêté vos buts d’une manière particulière, en montrant votre bras. Une explication ?

Nous avons joué aujourd’hui avec un brassard noir en signe de deuil, à la suite du décès de l’ancien joueur du Club Africain, Lassaâd Al Ouartani, décédé il y a un mois et demi dans un accident de la circulation. Je montrais le brassard noir pour qu’on comprenne que ce but était pour lui et pour sa famille. C’est aussi une manière de présenter mes  condoléances.

On voit que vous êtes bien intégré dans votre équipe, du moment que vous avez même pensé à un ancien joueur du Club Africain…

Oui, c’est cela, je me suis bien intégré dans ce club. Je m’y sens très à l’aise et je m’y plais beaucoup. J’ai de très bonnes relations avec mes coéquipiers et mes dirigeants, c’est comme si cela faisait des années que je suis ici. Quand j’ai signé au Club Africain, beaucoup de gens ont essayé de remettre en cause mon choix en me disant que j’allais le regretter, mais je me rends compte que j’ai bien fait de venir ici. Encore une fois, je vous le dis, je suis bien à Tunis.

Justement, à quoi ressemble votre nouvelle vie à Tunis ?

Je ne me plains de rien, je suis comme un roi, tout le monde me respecte, même les supporters de l’Espérance m’estiment beaucoup, alors que j’avais préféré le Club Africain à leur club.

On passe maintenant à l’Equipe nationale et votre non-participation à la dernière CAN pendant que des voix s’étaient élevées pour exprimer leur étonnement par rapport à votre mise à l’écart. Que pouvez-vous nous dire là-dessus ?

Après que la liste eut été rendue publique, j’étais très abattu. J’étais en colère. Car si vous vous rappelez, un jour, avant que cette liste ne soit établie, je vous avais dit que j’allais avoir ma vraie chance durant cette Coupe d’Afrique des nations, mais je n’ai pas été retenu. Et avec le temps, j’ai fini par accepter cette situation et je suis redevenu un fervent supporter de l’EN. D’ailleurs, j’ai été très déçu après notre élimination au premier tour.

Selon vous, pourquoi l’Algérie a quitté la compétition au premier tour ?

Je ne sais pas, parce que je n’étais pas avec eux, mais je sais qu’ils ont manqué de chance, en plus du manque d’expérience. Ils étaient meilleurs que leurs adversaires dans les trois matchs disputés.

Il leur a manqué aussi un joueur capable de faire le différence, non ?

Parfois, quand la situation est bloquée, quand les issues sont bouchées et quand la défense de l’adversaire reste regroupée derrière, on doit avoir recours à la solution individuelle, que ce soit des frappes lointaines ou des incursions dans la surface en s’appuyant sur ses qualités techniques. Cela a manqué, c’est sûr, et cela exige aussi de l’audace et du courage.

Justement, certains observateurs ont bien fait savoir qu’un joueur comme Djabou, capable de faire la différence à un contre un, a manqué à l’Equipe nationale. Qu’en dites-vous ?

Je ne sais pas quoi vous dire, mais l’entraîneur a fait son choix et nous devons le respecter. Et moi, je ne peux pas dire, comme ça à partir de Tunis, que si j’étais là-bas j’aurais pu faire ceci ou cela. Non, je ne peux pas le dire.

Mais vous ne pensez pas que l’Equipe nationale doit profiter de votre talent ? Même les Tunisiens que nous avons rencontrés à Rustenburg s’étaient interrogés sur votre absence…

Oui, j’espère que l’Equipe nationale puisse profiter de mes services, car je suis sûr que je peux apporter quelque chose à la sélection. Jusqu’à présent, je n’ai joué qu’une seule rencontre au Luxembourg et cela reste insuffisant pour moi. J’ai besoin de jouer plus de matchs pour montrer ce dont je suis capable, mais il y a une chose qui me fait encore mal.

Laquelle ?

C’est que j’ai tout donné pour les équipes au sein desquelles j’avais joué, à savoir l’ESS, le MCEE et l’USMH, mais je n’ai encore rien donné à l’Equipe nationale. J’ai donné de la joie au public de Sétif, d’El Eulma et d’El Harrach, mais pas au peuple algérien à travers l’Equipe nationale. Par exemple, quand je marquais pour Sétif, il n’y a que les Sétifiens qui étaient heureux, et peut-être les gens des régions avoisinantes, mais quand tu marques pour l’Algérie, ce sont 40 millions d’Algériens auxquels tu donnes de la joie, c’est ce que je n’ai pas pu faire jusque-là et j’espère que j’aurai la chance de le faire. Pourquoi pas face au Bénin.

Nombreux sont ceux qui ont dit, après l’élimination à la CAN, que le sélectionneur national a fait une erreur en ne vous ayant pas fait appel. Un commentaire ?

C’est bien qu’on ait pensé à moi. Il y a, en effet, d’ex-sélectionneurs qui ont parlé de ça, je les en remercie et c’est tout ce que j’ai à dire là-dessus.

Avez-vous eu du soutien ?

Nombreux sont ceux qui m’ont appelé pour me  soutenir, mais je leur avais dit que le sélectionneur a eu raison de ne pas m’appeler.

Pourquoi ?

Parce qu’il est mieux placé pour savoir ce dont il a besoin. Il m’a écarté mais il sait pourquoi. Il l’a fait, donc je ne peux pas lui en vouloir.

Mais selon vous, quelles étaient ses raisons ?

Durant les trois derniers stages de l’EN avant la CAN, j’étais blessé. Il s’est peut-être dit que je pouvais contracter une autre blessure, la veille de la CAN, et qu’il allait se retrouver avec 22 joueurs. De toutes les façons, Halilhodzic est un sélectionneur que je respecte et je ne discute pas ses choix.

A la première occasion, vous lui direz peut-être quelque chose ?

Rien.

«J’a dédié mes deux buts à la famille de Lassaâd Al Ouartani décédé dans un accident de la circulation»

«Il a manqué à l’Equipe nationale un joueur qui a de l’audace et du courage et qui est capable de faire la différence. Mais je ne peux pas dire que si j’étais là-bas, j’aurais fait ceci ou cela»

«A tous ceux qui m’ont soutenu, je leur avais dit qu’Halilhodzic a eu raison de ne pas m’appeler, il savait ce qu’il faisait»

«Halilhodzic est un sélectionneur que je respecte et je ne peux pas discuter ses choix»