L’ingérence étrangère a déstabilisé la Libye
Le chaos provoqué en Libye et en Syrie a donné naissance à cette autre forme d’exil: l’immigration clandestine.
Les expéditions militaires, les bombardements, les soutiens logistiques qui ont été menés contre les pays arabes au Moyen-Orient (Irak et Syrie), en Afghanistan ou au Maghreb (en Libye) au nom de la liberté et de la démocratie sous la bannière de l’Otan pour mettre fin au règne sans partage de leurs dirigeants ont tous accouché de situations chaotiques.
Elles ont tissé le lit du terrorisme international, instauré des climats de guerre civile et de terreur imposés par des factions tribales rivales qui ont fini par régner en maître sur des pans de territoire. Parachevant ainsi la partition de ces pays. Y rester revient à hypothéquer chaque jour sa propre vie. Devant un tel dilemme, il ne reste plus qu’à fuir. Quitte à le faire par la mer. Un triste destin pour ces populations qui préfèrent affronter les vagues en furie de la Méditerranée sur des embarcations de fortune au péril de leurs vies, plutôt que de vivre l’enfer chez eux. Ce n’est en définitive que la conséquence d’interventions militaires étrangères qui ont déstabilisé leurs pays d’origines.
Les Etats-Unis, la France, la Grande- Bretagne… et d’autres grandes puissances qui ont pris la tête de ces «croisades des temps modernes», ne sont en effet pas étrangères au drame vécu par ces milliers d’enfants, de femmes et d’hommes. Elles en sont responsables! On voit bien ce qu’ont donné, la guerre d’Irak pour mettre fin au règne de Saddam Hussein, l’intervention militaire en Libye pilotée par l’ancien président français Nicolas Sarkozy pour faire tomber l’ex-dirigeant de la jamahirya, Mouaamar El Gueddafi ou bien encore l’appui aérien apporté à la rébellion syrienne pour écarter Bachar el Assad. Trois conflits.
Trois pays où règnent une terreur quotidienne et la mort que sèment des groupes armés incontrôlables. Un chaos qui a donné naissance à cette autre forme d’exil: l’immigration clandestine. Le moyen pour y postuler: réunir toutes ses économies ou emprunter à se saigner les quatre veines pour remplir les poches de mafieux sans scrupules à la tête de ces filières qui tirent profit de la détresse d’innocents. Des populations qui ne souhaitent que fuir les rafales de Kalachnikov, les tirs à l’arme lourde, ou les bombardements aveugles de cette coalition occidentale qui au nom du respect des droits de l’homme ont favorisé le règne de la terreur, quand ce n’est pas la lame acérée du couteau des sanguinaires islamistes de Daesh. Plus de 700 personnes ont péri en mer dans les eaux libyennes le 19 avril.
Elles tentaient de rejoindre l’Italie, terre de prédilection des candidats à l’immigration. Cette tragédie a ému le Vieux Continent. «On ne peut tolérer que la mer Méditerranée devienne un grand cimetière», avait a tonné le Pape François s’adressant aux institutions européennes. Que propose l’Europe qui a une responsabilité incontestable dans ce drame humain qui se joue aujourd’hui à sa porte?
Le commissaire européen chargé du dossier de l’immigration, Dimitris Avramopoulos, est également attendu à Luxembourg, en vue de contribuer à la préparation d’ «une nouvelle stratégie» européenne sur l’immigration, à présenter la mi-mai rapporte L’Expression dans son édition du 21 avril. Une autre façon de se voiler la face. Cela témoigne tout simplement d’une évidente mauvaise foi pour ne pas identifier les tenants et les aboutissants de cette tragédie humaine. Pour se laver des mains éclaboussées par le sang de milliers d’innocents. Victimes collatérales d’expéditions militaires occidentales conduites au nom d’une certaine conception de la liberté…