En dépit d’une forte demande en main-d’œuvre, Les jeunes boudent l’agriculture

En dépit d’une forte demande en main-d’œuvre, Les jeunes boudent l’agriculture
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Le secteur de l’agriculture reste, décidément le parent pauvre du monde du travail, en matière de recrutement dans notre pays et notamment au niveau de la wilaya d’Oran.

Les exploitants agricoles et autres propriétaires terriens, disent éprouver certaines difficultés à trouver de la main-d’œuvre, plus particulièrement celle spécialisée.



«Outre les saisonniers, que nous engageons pour les campagnes de cueillettes et autres opérations de manutentions, et dont nous éprouvons également quelques embarras à trouver sur le marché de la main-d’œuvre, ce sont surtout les techniciens et ouvriers spécialisés qui nous font défaut», dira H.Mimoun, vieil exploitant agricole du côté de Tafraoui.

Il faut faire une petite virée au niveau des centres de formation professionnelle, à l’image de ceux implantés dans la wilaya d’Oran. En effet, sur près de 4.000 demandes introduites durant ce mois en cours, pour différentes spécialités techniques, telles que l’électricité, l’informatique, coiffure …, une soixantaine d’inscriptions seulement l’ont été pour la formation dans le domaine agricole.

LG Algérie

Du coup, c’est l’agriculture algérienne qui devient vieillissante puisque sur un peu plus de 800.000 agriculteurs recensés par la Chambre nationale de l’agriculture, près de la moitié a dépassé l’âge des cinquante ans.

Certains sont mêmes octogénaires. Cette situation qui fait que la relève est compromise, menace la continuité de cette profession qu’est l’agriculture. La majorité des jeunes chômeurs questionnés à ce sujet, restent sceptiques et parfois même méfiants quant à intégrer le monde du travail via l’agriculture.

Ils évoquent les conditions difficiles de travail qui sont souvent périlleuses, car sans aucune protection sociale et qui reste aléatoire puisque conditionnées en grande partie par la générosité de la nature. Même le dispositif de promotion de l’emploi, lancé il y a deux années, et qui a été étendu au secteur agricole, ne semble pas séduire les jeunes.

Main-d’œuvre agricole qualifiée

Cet arrangement préconise l’apport d’une main-d’œuvre qualifiée en faveur des exploitants agricoles, sans que ces derniers n’aient à payer les rémunérations des travailleurs engagés et ce, durant un an, puisque c’est l’Etat qui devrait prendre en charge la rémunération de ces employés durant une année d’activité.

N.Kouider, 66 ans, exploitant d’un domaine agricole de 12 hectares, fera cette remarque : «L’agriculture n’attire plus les jeunes aujourd’hui. Vous savez, moi j’ai trois fils dont l’un deux à même un diplôme de technicien en agricole, mais aucun d’eux n’a voulu prendre la relève de mon exploitation. Lorsqu’ils étaient un peu plus jeunes, ils m’aidaient et notamment l’aîné.

Aujourd’hui âgé de 40 ans, père de famille, il a préféré faire du commerce à son compte que de reprendre la suite de la famille. Idem pour les deux autres, plus jeunes dont l’un est à l’université et a préféré lui aussi suivre des études de commerce, plutôt que d’agriculture. Je pense que le fait d’avoir vécu, depuis leur enfance, les difficultés liées à cette profession, leur a fait changer d’avis. Je suis donc obligé de recruter des ouvriers pour le travail de la terre, et croyez-moi, ce n’est pas facile du tout à trouver.

Beaucoup de jeunes préfèrent faire du trabendo que d’avoir à effectuer des tâches aussi dures que celles de la terre. Même le fait de présenter un dossier à l’ANSEJ, n’intéresse pas tellement ces jeunes, que voulez-vous, c’est une autre époque».

B.Omar, mandataire en fruits et légumes, depuis plusieurs décennies, dira à ce propos : «L’absence de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur de l’agriculture est l’une des causes essentielles qui fait que les produits agricoles arrivés dans les marchés, restent en dessous de la production réelle.

Nous sommes encore bien loin en matière d’exportation de produits agricoles frais, par rapport à nos voisins Marocains et Tunisiens, car la-bas, le problème de main-d’œuvre ne se pose pas».

Alors, comment faire pour attirer tous ces jeunes chômeurs qui, pour la plupart, ont quitté les études et qui préfèrent, pour intégrer le monde du travail, d’autres filières que celle de l’agriculture ? L’avenir nous le dira.

B.B.Ahmed