L’Algérie, pays des paradoxes, en cultive un tout particulièrement : il s’agit de celui qui veut que plus elle construit de logements, plus la demande s’exacerbe. Ce n’est donc pas un hasard non plus si de violentes émeutes éclatent à chaque distribution.
L’Algérie, pays des paradoxes, en cultive un tout particulièrement : il s’agit de celui qui veut que plus elle construit de logements, plus la demande s’exacerbe.
Ce n’est donc pas un hasard non plus si de violentes émeutes éclatent à chaque distribution. Le ministre de l’Habitat, Noureddine Moussa, s’est exprimé jeudi à Rélizane. Il a annoncé que 270.000 logements, toutes formules confondues, seront livrés à l’échelle nationale à la fin de cette année.
Compte-tenu des programmes actuellement en cours de réalisation, il est prévu la livraison du même nombre de logements dans les deux prochaines années dans le but d’atteindre l’objectif de 1,2 million d’unités fixés dans l’actuel plan quinquennal. Le ministre a également soulevé le problème de la pénurie de ciment qui est récurrente à chaque période estivale.
C’est dans ce sens que des mesures ont été prises afin accroître les capacités de production des cimenteries du secteur public. L’objectif est de porter ces capacités de 12,5 millions de tonnes actuellement à 14, voire 15 millions de tonnes dans les prochaines années. De plus, Moussa a procédé, le même jour, à la pose de la première pierre de plusieurs projets d’habitats, comme il a inspecté plusieurs chantiers de réalisation de divers types de programmes de logements.
Pourtant, c’est un fait, le secteur du logement est toujours en crise dans notre pays. On reste perplexe, quand on sait que beaucoup de familles ne sont pas encore logés. Pourtant, un million de logements sont construits et vides de surcroit. Donc que se passe-t-il ? Malgré les constructions réalisées en 2012, des familles algériennes continuent de vivre dans des garages, des chalets ou entassées dans des petits appartements.
Il est vrai qu’on évoque souvent l’offre (réalisé) et on occulte la demande assez forte. Vu les sommes pharamineuses investies dans ce projet on conclut que ce n’est visiblement pas un problème d’argent.
Cela doit, peut être, être un problème de transparence dans la distribution de ces logements. Car il faut noter que la réglementation des critères de distribution, de classification et de choix pour le logement promotionnel aidé est absente. Ceci revient à dire que la politique algérienne du logement n’est pas étudiée.
D’ailleurs, l’année passée, Raquel Rolnik, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur le logement en visite à Alger, avait été très critique vis-à-vis de la politique du logement pratiquée par le gouvernement qui reste opaque.
Et pour cause, les logements sont soit inhabités, soit des résidences secondaires de gens aisés ou alors loués à des personnes qui ne sont pas dans le besoin. Dans tous les cas de figure, ces habitations ne profitent en rien aux gens qui vivent dans des conditions précaires.
La question des logements inoccupés fait polémique depuis quelque temps déjà. Déjà l’année dernière, un site d’information en ligne avait mis en avant une déclaration du ministre délégué au Développement local, Abdelkader Khelil, faite à Annaba et selon laquelle 950.000 logements neufs totalement achevés et réceptionnés sont toujours inoccupés depuis des années dans différentes wilayas du pays.
En guise de réponse, le ministre de l’Habitat avait indiqué que le parc public est constitué de 800.000 logements qui ne sont pas vides à l’exception des programmes notifiés, mais pas encore affectés. Même si les autorités algériennes avaient annoncé la construction d’un million et demi de logements entre 1999 et 2009 et la réalisation d’un autre million avant l’année 2014, la crise de l’habitat est loin d’être résolue.
S. N.