Le choix de Sétif pour prononcer un discours, deux jours après l’élection de Hollande à la présidence française, n’est pas fortuit.
24 heures après son message à François Hollande pour le féliciter de son accession à la présidence française, le Président Abdelaziz Bouteflika a plaidé hier en faveur d’une nouvelle page dans les relations entre les deux pays. Cela commence par l’Histoire. Selon le Président, qui s’exprimait à l’occasion de la célébration de l’anniversaire des massacres du 8 mai 1945, «seule une lecture objective de l’Histoire» permettra à la France et à l’Algérie «de transcender les séquelles d’un passé douloureux». Bouteflika a choisi Sétif pour prononcer son discours deux jours après l’élection en France du socialiste François Hollande à la Présidence de la République et au moment où ce pays célèbre l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Bouteflika martèle ses convictions. «Seule une lecture objective de l’Histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels, est à même d’aider les deux parties à transcender les séquelles du passé douloureux pour aller vers un avenir où règnent confiance, compréhension, respect mutuel et partenariat bénéfique», a-t-il déclaré. Le choix du contexte pour prononcer ces paroles n’est pas fortuit. Tous ont le souvenir, en ce 67e anniversaire du massacre de Sétif, Guelma et Kherrata, que 45 000 morts ont été déplorés.
Mais au Cinquantenaire de l’Indépendance, Bouteflika préfère mettre l’accent sur le fait que l’Algérie recherche des relations «d’amitié et de coopération fructueuse» avec les différents pays du monde et à leur tête la France, en dépit du «lourd tribut versé par le peuple algérien pour sa liberté et sa dignité».
Le chef de l’Etat rappelle ainsi l’épisode de la guerre de Libération qui a fait 1,5 million de martyrs. Le chef de l’Etat donne d’autres explications sur sa vision de ses relations avec ses voisins du Nord. Il a évoqué des relations fondées sur des intérêts communs et sur la foi du pays en la nécessité de faire de la mer Méditerranée un espace de paix et de bien commun entre les peuples de la région. Il a également évoqué pour ces peuples une «aspiration à un ordre international plus équitable, plus solidaire et plus tolérant».
Dans une tribune publiée le 19 mars dernier dans le quotidien francophone algérien El Watan, M.Hollande avait écrit qu’«entre une repentance jamais formulée et un oubli forcément coupable, il y a place pour un regard lucide, responsable sur notre passé colonial et un élan confiant vers l’avenir». «Nous le devons à nos aînés pour que leurs mémoires soient enfin apaisées. Nous le devons à notre jeunesse, car le travail de la mémoire ne vaut que s’il est aussi une promesse d’avenir», avait-il encore écrit. L’ensemble de la presse algérienne applaudit à l’élection de Hollande à la présidence française. Le secrétaire général du parti FLN, Abdelaziz Belkhadem, affirmait la semaine dernière à l’AFP sa conviction que l’élection de Hollande changera de manière positive les relations entre les deux pays.