Est-il trop tôt pour tirer une quelconque conclusion en ce qui concerne les mesures répressives établies par les pouvoirs publics, via les services de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie nationale, en ce qui concerne les infractions au code de la route ?
En tous les cas, à la lecture des chiffres, qui nous sont communiqués et qui font état, pour le seul mois de février dernier, à l’échelle de la wilaya d’Oran, de près d’une cinquantaine d’accidents de la circulation ayant entraîné la mort de deux personnes et autant de blessés, ne prêtent guère à l’optimisme. Et dans les autres régions du pays, le constat n’est plus reluisant en ce qui concerne les victimes de la route.
Les premières indications convergent dans leur majorité vers les points suivants, qui seraient les principales causes d’accidents, notamment les plus graves, à commencer par l’excès de vitesse, qui figure en tête des «hit-parades» des sinistres du fait des véhicules, qui sont de plus en plus puissants, voire plus rapides, échappant assez rapidement au contrôle de leurs utilisateurs en cas d’arrêt d’urgence.
L’effet de panique, dans ces moments-là, a une emprise négative, qui agit directement sur le chauffeur, qui n’arrive plus à maîtriser son véhicule.

L’autre aspect est lié purement et simplement à la transgression des lois (code de la route), qui régissent la conduite, par les automobilistes, tels que refus de priorité, dépassements dangereux, conduite en état d’ivresse, courses-poursuites, etc.
Quant au troisième point, et il est de plus en plus fréquent depuis quelques années, il s’agit de facteurs de distraction au volant avec, en tête de liste, l’utilisation du téléphone portable. Combien de chauffeurs ont-ils perdu le contrôle de leur véhicule en raison d’un moment d’inadvertance dû à l’emploi du téléphone portable en pleine circulation ?
De mauvaises habitudes à combattre
Pourtant, on ne peut pas dire que les services de sécurité, qui veillent à l’application des dernières mesures absolues, ont chômé puisque l’on apprend que des centaines de contraventions auraient été dressées et, surtout, que près 3.000 amendes établies conformément à l’ordonnance n° 09-03 du 19 août 2009 avec des montants, qui se situeraient entre 200 et 2.000 DA.
Selon certains experts, trop de rigueur dans les mesures prises tuent, en quelque sorte, l’assurance de leur respect car elles n’ont pu, jusqu’à présent, mettre un terme aux excès des automobilistes.
B. Abdelkader, 42 ans, automobiliste depuis une vingtaine d’année, dira à ce propos : «En ce qui concerne Oran, que l’on commence par arranger l’état des routes, qui sont pour la plupart dans un état de délabrement comme jamais la ville n’en a connu par le passé. Ensuite, les passages piétons n’existent pratiquement pas ou sont tellement effacés que chauffeurs et piétons ne savent plus, où ils devraient se trouver avec exactitude.
Quant aux feux tricolores, certains fonctionnent, d’autres à moitié, mais beaucoup sont en panne ou ont des lampes grillées. Et puis, il y a l’insuffisance de parkings, qui ajoute au problème de la circulation car, en l’absence d’endroits réglementés où se garer, les gens se sentent, par moment, obligés de stationner des deux côtés de la chaussée, réduisant ainsi la largeur de celle-ci.
Ce qui influe négativement sur la fluidité du trafic automobile et pousse, souvent, les gens à avoir recours à certains excès, aux répercussions nuisibles à la société.» Toutefois, une bonne partie des piétons, que nous avons questionnés sur le caractère répressif, qui les touche également, sont unanimes à rejeter la balle dans le camp des automobilistes, qu’ils accusent de tous les maux.
A ce propos, C. Moussa, 84 ans, retraité, fera cette déclaration : «Je vous prends à témoin, là maintenant devant vous, si une seule voiture s’arrête au niveau d’un passage piétons, appelé à juste titre, sous d’autres cieux que chez-nous, «passage protégé» pour céder le passage à des passants. Vous verrez si j’ai tort !»
Nous l’accompagnons sur le trottoir d’un grand boulevard, juste à une dizaine de mètre seulement d’une école primaire, à une heure où les écoliers sont encore en classe, afin de vérifier la thèse de notre interlocuteur.
Des piétons étourdis et des conducteurs irascibles
Il existe bien un passage piéton peint en blanc sur toute la largeur de la chaussée, où le trafic automobile est assez important.
On fait semblant de traverser et, là, surprise une voiture nous frôle de quelques centimètres sans s’arrêter. Suivant juste derrière, une voiture, conduite par une femme d’un certain âge, qui ne remarque même pas notre présence, car accrochée à son portable, a failli nous rentrer dedans si l’on ne s’était pas replié en arrière.
Un adolescent s’élance à toute vitesse pour traverser, faisant signe aux conducteurs de s’arrêter pour le laisser passer et, là, cela semble marcher car les voitures ralentissent pour le laisser filer de l’autre côté.
Il y en a même un qui lui lancera par la fenêtre : «Idiot, tu veux te faire écraser ou quoi ?»Là, Hadj Moussa enchaînera : «Vous voyez ?
Si tous ces imbéciles respectaient le code et savaient à quoi sert le passage piétons, on n’aurait pas besoin de dépenser un argent fou pour édifier des passerelles car un passage «protégé» aurait suffi n’est-ce pas ? Finalement, la plupart de ces passerelles ne sont pas empruntées et on parle maintenant de sanctionner les passants qui refuseraient de les utiliser en les faisant payer des P-V, qui pourraient dépasser les 2.000 DA.»
Pourtant, dans le nouveau règlement, les automobilistes, qui ne respectent pas les passages piétons, sont passibles d’une amende forfaitaire, qui se situe entre 2.000 et 4.000 DA, accompagnée d’une suspension du permis de conduire.
Mais, faudra-t-il encore mettre à côté de chaque passage-piétons un gardien de la paix ? Malheureusement, les mesures répressives prises jusqu’à ce jour ne semblent pas avoir mis un terme aux dépassements des conducteurs car, si la plupart des citoyens s’accordent à dire qu’il doit y avoir une pédagogie de dissuasion à l’encontre des automobilistes, il n’en demeure pas moins qu’il faudrait, disent-ils, commencer par mettre sur pied les instruments et autres mécanismes de prévention pour sensibiliser les chauffeurs.
SA Tidjani