En dépit des menaces de la tutelle,Les médecins poursuivent leur grève

En dépit des menaces de la tutelle,Les médecins poursuivent leur grève
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Les menaces de ponctions sur salaires et de radiation des rangs de la Fonction publique brandies par le ministère de tutelle n’ont pas entamé le moral des médecins.

La grève des médecins généralistes et spécialistes se poursuit pour la deuxième journée consécutive. Les menaces de ponction sur salaires et de radiation des rangs de la Fonction publique brandies par le ministère de tutelle n’ont pas entamé le moral des médecins. Hier, les structures hospitalières, hôpitaux, établissements de santé publique, polycliniques où la grève était largement suivie, ont été complètement paralysées.

D’autres, avec un taux d’adhésion relativement faible marchaient au ralenti. C’est le cas notamment de l’établissement hospitalier spécialisé de Birtraria où seul le service minimum a été assuré. Dans cette structure, un grande banderole a été accrochée à l’entrée : «Praticiens en grève», lit-on. Les médecins qu’ils soient résidents, généralistes, spécialistes portent un brassard noir. «Une journée de deuil», disent-il. En fait, c’est tout le personnel qui est outré par les propos tenu par le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès. «Au lieu de nous regarder et de comprendre nos doléances, le ministre, qui est pourtant médecin comme nous, nous menace de ponctions sur salaire et de sanctions», déplore l’un des médecins grévistes. Le centre hospitalier de proximité situé au niveau de Meissonnier est également paralysé par la grève initiée par l’Intersyndicale des praticiens de la santé publique. Même le service minimum a été suspendu dans la matinée d’hier.

Les malades qui sollicitent ce centre de soins ont été refoulés. «Il n’y a pas de médecins», lançait l’agent de sécurité aux citoyens. À l’hôpital Lamine-Debaghine, situé à Bab El Oued, le mot d’ordre de grève a été partiellement suivi. Dans les services, de nombreux médecins spécialistes et hospitalo-universitaires assuraient normalement le travail. Mais, l’impact de la grève se fait quand même sentir : beaucoup de consultations n’étaient pas assurées, les interventions chirurgicales étaient reportées et les RDV décalés. A l’hôpital Mustapha- Pacha, c’est l’anarchie totale. Les malades ne comprennent plus ce qui se passe. Trop de monde, des va-et-vient incessants, des médecins se regroupent au niveau du kiosque devenu piquet de grève depuis plusieurs mois. Au niveau des services, on assure que les médecins travaillent normalement. Mais, la réalité est tout autre. La situation s’est un peu plus compliquée avec l’arrivée des praticiens et des praticiens spécialistes sur le terrain de la contestation.

«La balle est dans le camp de la tutelle»

Dans cette cacophonie, où le citoyen semble le dindon de la farce, le ministère de la Santé et les syndicats autonomes se rejettent la balle. Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), et le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) et le collectif algérien des médecins résidents affirment que «la balle est désormais dans le camp du ministre de la Santé». Du côté du ministère, on est formel «tous les statuts sont amendés. Les régimes indemnitaires seront appliqués au mois de juillet prochain».

Qui a tort ? Les deux parties engagent un bras de fer qui ne semble pas prêt de connaître son épilogue. Contacté, le docteur Sehnoune, membre du collectif des médecins résidents affirme qu’«aucune revendication exprimée par les médecins résidents n’a été prise en charge». «La réunion de conciliation organisée avant-hier n’a débouché sur rien». Même son de cloche chez le docteur Yousfi, président du SNPSSP, qui demande l’application des décisions entérinées et revendique l’amendement du statut avant d’aborder la question du régime indemnitaire.

Le représentant de ce syndicat souligne à cet effet que «la réunion de réconciliation a eu lieu mercredi dernier. Seulement la plate-forme des revendications n’a pas été concrétisée par le ministère de la Santé». D’après lui, les déclarations du ministre selon lesquelles le salaire du médecin a été augmenté ne sont que «du réchauffé». «Si le ministre veut qu’on arrête la grève il n’a qu’à respecter ses engagements. On ne fait pas grève pour le plaisir», dit-il.

Forcing de Ould Abbès

S’agissant de la décision de justice qui a déclaré la grève des spécialistes illégale, notre interlocuteur affirme que son syndicat n’a reçu aucune notification. «On est plutôt scandalisé par l’attitude du ministre qui nous menace de ponctions sur salaire et de radiation. Le pire, c’est que Ould Abbès instruit les directeurs des établissements de santé d’empêcher les médecins grévistes de tenir leurs rassemblements. Le ministre nous pousse à sortir dans la rue», ajoute-t-il. Par ailleurs, le président du SNPSSP indique que la mobilisation des médecins spécialistes reste «intacte». «Nous avons enregistré un taux d’adhésion de 80% au deuxième jour de la grève, malgré les tentatives de manipulation de la tutelle», précise-t-il.

Le ministre de la Santé a demandé, selon ce syndicaliste, aux directeurs des établissements «de recourir à la violence pour empêcher les rassemblements des médecins grévistes». «Je ne veux plus de bruit dans les cours des établissements, ni de rassemblement. Vous n’avez qu’à user de la force pour les disperser et les empêcher de se réunir», s’est-il adressé à eux. Il est à noter que le ministre de la Santé a indiqué avant-hier que des «sanctions» sont appliquées depuis hier à l’encontre de tout médecin résident poursuivant le mouvement de grève. «En plus des ponctions sur salaire, les récalcitrants se retrouveront en marge de l’université et des hôpitaux d’autant que leur mouvement de grève a été déclaré illégal par la justice» avait précisé Ould Abbès.

Par Hocine Larabi