Avec l’exonération de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) de 7% et les droits de douane de 5%, les prix des livres importés de l’étranger varient entre 500 jusqu’à 10 000 DA avec des ristournes de 15 à 80%.
Les livres scientifiques et spécialisés sont les plus chers malgré les réductions comme chez Global Media Group, société de droit français exportatrice de livres de médecine et dentaire, édités par Walters Kluwer et Quintessence internationale, dont une filiale de droit algérien du même nom basée à Constantine qui pratique des ristournes de 20 à 80%, a expliqué, hier à Alger, Seïf Eddine Boutalbi, responsable du stand. A tire indicatif, le livre à 3 500 DA est cédé à 850 DA et les planches anatomiques dont la valeur initiale était de 5 100 DA passent à 2 500 DA, a-t-il indiqué. Des livres, qui coûtent 16 euros en France sont vendus entre 500 et 800 DA et ceux à 11 euros sont commercialisés à 600 DA.
Cet exportateur de livres médicaux, qui travaille avec plusieurs importateurs algériens, a transféré des livres pour une valeur de 30 000 euros à l’occasion du salon. Cependant, «la règlementation algérienne ne prévoit rien en matière de marges bénéficiaires», selon lui, «c’est le marché qui régule les prix». La société exportatrice fait travailler une dizaine de personnes et fait un chiffre d’affaires moyen de 30 millions DA, (300 kilos euros) selon ce responsable.
Pourtant, la loi algérienne fixe la marge bénéficiaire aux libraires de 30% au plus, souligne la représentante des éditions Gallimard et propriétaire de la libraire «Kitabi», spécialisée dans le livre jeunesse, Nora Salah. Pour cette libraire, «sans subvention de l’Etat, le livre reste cher en Algérie car nous sommes soumis au taux de change et avec la dévaluation du dinar, ainsi qu’avec la nouvelle mesure sur le crédoc, en dehors des salons nous ne pouvons nous en sortir même quand nous avons une bonne remise par les éditeurs, variant entre 20 et 40%. Nous la perdons», a-t-elle affirmé. Des réductions de 15% sont appliquées au niveau de son stand mais vers la fin du salon, elles arriveront à 30%. Cette prestigieuse maison d’édition française a importé pour environ 85 000 euros en livres de différentes collections. Mme Salah estime que c’est une aubaine ce salon mais «les visiteurs restent frustrés car ils ne peuvent s’acheter beaucoup de livres» suggérant ainsi de tenir ce genre de manifestations plus d’une fois par an. Enfin, cette libraire déplore que la marge bénéficiaire de 30% ne soit pas respectée par l’ensemble de ses collègues.
Au stand saoudien de 11 éditeurs publics dans ce pays et d’universités du royaume, le responsable, Fahm El Guahtani, a indiqué que «l’avantage de l’exonération des taxes permet de baisser les prix». Les livres scientifiques sont cédés entre 500 et 2 500 DA alors qu’ils coûtent le double en réalité, a-t-il avancé. Pour ce qui est des livres religieux, ils sont offerts gratuitement, a-t-il noté en relevant que 7 éditeurs saoudiens privés sont aussi présents à Alger cette année.
LE MARCHÉ ALGÉRIEN, UNE AUBAINE POUR LES ÉTRANGERS
La responsable de la société tunisienne LAXMI, vendeuse de livres spécialisés de différents éditeurs indiens, qui participe pour la 5e fois consécutive au SILA, a relevé que l’exonération de taxes n’est valable que lors du salon alors que dans d’autres pays comme la Tunisie, le Maroc et l’Egypte, le livre n’est pas taxé. Il a importé pour une valeur de 10 000 euros environ et ses livres sont commercialisés entre 500 et 4 000 DA avec une marge allant jusqu’à 2 000 DA. Interrogé sur la part des ventes en Algérie dans son chiffre d’affaires, ce responsable a répondu : «Pas grand- chose».
Pour l’éditeur marocain Dar El Taouhid, son patron, Ahmed Marradi, ignorait l’exonération des taxes accordée en Algérie car c’est son transitaire qui s’est chargé de rapatrier la marchandise. Il ajoute que sa maison d’édition a étudié les prix de façon à correspondre avec le pouvoir d’achat des Algériens. Ainsi, sa fourchette de prix est entre 200 et 10 000 DA. Il a importé en moyenne dix exemplaires de chaque titre pour 2 500 titres, sans donner la valeur exacte de la marchandise. Cet éditeur déplore l’absence d’avantages entre pays maghrébins. Au Maroc, il existe une vingtaine d’éditeurs dont dix importants. Pour le papier, qui rentre dans la fabrication du livre, cet éditeur signale que sa part représente 1/3 du prix de vente. Cet éditeur est d’autant plus intéressé par le marché de l’édition en Algérie car au Maroc, seulement 1 000 exemplaires sont tirés, un handicap dans le prix de revient et de distribution. Pour que le livre soit rentable, il est recommandé de tirer 10 000 copies, a-t-il conclu.
Pour rappel, le décret 08-362 du 8 novembre 2008 a modifié la législation en matière d’importation d’ouvrages destinés à la vente dans les salons et foires en Algérie sous la coupe du ministère de la Culture.