Tigzirt ou l’antique Lomnium est une charmante ville touristique et archéologique située à une quarantaine de kilomètres au nord de Tizi Ouzou, chef-lieu de wilaya. Connue et appréciée pour ses plages et ses ruines romaines, cette belle station balnéaire connaît pourtant, depuis le début du mois de juin, un afflux plutôt timide des estivants.
Cette réalité, nous l’avons constatée lors de notre tournée à travers plusieurs hôtels et sites d’hébergement et de loisirs de cette ville côtière. Les premiers à se plaindre de l’absence d’engouement des estivants et du manque à gagner sont les propriétaires des établissements hôteliers. C’est le cas du Mizrana, l’hôtel le plus important et le plus sophistiqué de cette ville.
Situé au cœur de la ville, il est doté d’une grande terrasse qui entoure harmonieusement une belle piscine, d’un restaurant gastronomique de très bonne qualité et surtout d’une capacité d’accueil appréciable de quarante chambres. Une virée dans cet établissement nous renseigne davantage sur l’ambiance qui prévaut à Tigzirt. Selon la préposée à la réception, l’afflux des touristes a été plutôt moyen tout au long du mois de juin. Le taux d’occupation, selon le propriétaire, a été presque insignifiant, à peine 20%.
Durant le week-end, le taux d’occupation aura connu une légère augmentation mais il reste toujours faible par rapport aux attentes d’un établissement de haut standing complètement rénové ces dernières années après qu’il eut été privatisé car racheté par un professionnel privé auprès de l’Entreprise touristique de Kabylie (ETK). Ceci dit, de nombreuses réservations sont, pour la plupart, programmées à partir du 15 juillet et encore ! Dans ce cas précis, la saison estivale sera réduite à une courte durée de deux semaines avant l’arrivée du Ramadhan, signe de ralentissement total de l’activité touristique. Pour cette année, les prix affiché sont de 4 900 DA pour une chambre single, de 7 100 DA pour une double et de 9 000 DA pour une chambre triple ; la plage étant toute proche. À une centaine de mètres au bas de l’hôtel le Mizrana, se trouve l’auberge de jeunes de Tigzirt dont la tutelle n’est autre que le ministère de la Jeunesse et des Sports. Sa capacité d’accueil réelle est de soixante-deux lits mais elle connaît une certaine extension durant l’été pour atteindre les quatre-vingt-dix lits. “Nous avons affiché complet depuis plusieurs jours, et ce, jusqu’au 31 juillet prochain”, nous a déclaré un employé de cette auberge qui, en raison de prix plus ou moins abordables, accueille de nombreux groupes de jeunes venus du sud du pays, notamment de Ghardaïa, Biskra, El-Oued et Naâma. Certains groupes sont venus dans le cadre du Festival national du petit débrouillard organisé par la ligue de Tizi Ouzou des activités de plein air. Il est à signaler que cette auberge est dotée de plusieurs structures d’accompagnement telles qu’un restaurant, une cafétéria et un cybercafé. D’autres hôtels privés tels que Le Numid ou Les Trois-Frères qui présentent aussi de bonnes commodités d’hébergement et de restauration sont encore disponibles à Tigzirt mais l’afflux massif des touristes se fait encore désirer quand bien même les belles plages sont toujours aussi attirantes. Les plages autorisées et très fréquentées de Tigzirt sont au nombre de quatre : Tassalest, La Grande-Plage, Feraoun-Est et Feraoun-Ouest. Pour connaître de près l’ambiance qui prévaut dans ces sites, nous avons effectué une virée à Tassalest, une plage située à la sortie ouest de la ville. Plusieurs commerçants, des gargotiers et des restaurants pour la plupart ont pris position dans différents endroits du site.
Il fait très chaud mais il y a peu d’estivants sur cette plage. Mokrane gère un commerce à proximité de la plage. “C’est très faible. Il y a peu de monde. Hormis le week-end, le reste de la semaine, l’afflux demeure très faible”, se plaint-il. Et d’enchaîner : “Je pense que le vrai démarrage de la saison estivale sera effectif à partir du 5 juillet prochain, une fois que les élèves et la plupart des citoyens seront en congé.” Mokrane se plaint, également, de la mauvaise préparation de la saison estivale.
“Comme d’habitude, les autorités préparent mal la saison estivale, et le problème majeur qui est la pénurie d’eau persiste toujours”. À ce sujet, nous avons approché le chef de daïra afin de nous éclairer sur ce problème qui perdure depuis la nuit des temps. “Les travaux engagés pour solutionner définitivement le problème du manque d’eau à Tigzirt ne seront pas finalisés avant la fin de l’année, mais je peux vous assurer que ce sera la dernière année où Tigzirt connaîtra les pénuries d’eau”, nous a déclaré le chef de daïra tant il est vrai que les adductions d’eau du grand barrage de Taksebt ne tarderont pas à arroser toute la région côtière de la Kabylie, de Makouda jusqu’à Azeffoun.
La route Tigzirt-Dellys non encore ouverte
Le tronçon de la RN24, reliant Tigzirt à Dellys, sur une distance de 26 km n’est toujours pas ouvert. Et pourtant les différents responsables de la wilaya ont annoncé son ouverture pour la fin du mois de mai dernier.
“Pour moi, elle est ouverte”, nous a déclaré le chef de daïra, alors que plusieurs citoyens et commerçants rencontrés nous ont rétorqué que cette route est toujours fermée et que, selon eux, cela paralyse en partie l’épanouissement de la ville. Selon le chef de daïra, “tous les moyens sont mis en œuvre pour sa réouverture, à savoir la déforestation tout au long de cette route nationale, le revêtement et la réalisation de trois postes d’observation ainsi que les travaux de rénovation du glissement de terrain situé au lieu-dit Treizième”.
Toujours, selon le chef de daïra, les raisons de ces retards sont dues à la complexité des travaux engagés vu que la route a connu un abandon et une dégradation depuis une vingtaine d’années sans tenir compte de la difficulté à trouver des entreprises performantes. C’est dire que, selon les autorités locales, il n’y a aucun blocage dans cette opération souhaitée par toute la population de Tigzirt et de Dellys et l’ouverture officielle est imminente, du moins faut-il l’espérer.
Sur le plan animation, il existe tout un programme de festivités estivales à l’exemple du Festival arabo-africain de danses folkloriques, qui a eu lieu du 5 au 9 juillet, le Festival de Lire en fête, qui débutera le 16 et ce jusqu’au 20 juillet, du Festival du Petit débrouillard ainsi que de nombreux galas artistiques. Par ailleurs, la société Tiwizi Production organisera, également le 14 juillet prochain, une manifestation culturelle, des ventes-dédicaces de livres, des projections de documentaires, et une conférence qui aura pour thème “le rapport à l’écriture dans la société orale”. Plusieurs autres actions culturelles ont déjà eu lieu au cinéma le Mizrana, à l’exemple de cette exposition organisée par l’Association des activités de jeunes d’Iflissen.
Enfin, il est à signaler que d’autres programmes d’animation sont prévus durant tout le Ramadhan, un mois qui devient de plus en plus animé durant les nuits estivales, où des milliers de citoyens et de familles affluent chaque soir vers certains sites prisés de la ville, notamment du côté du nouveau port de pêche et de plaisance dont le cadre a été rénové et superbement embelli depuis l’année dernière.