Alors que la grève se poursuit dans presque tous les bureaux de poste d’Algérie, le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Said, a appelé à la sagesse les travailleurs pour reprendre le travail, non sans reconnaître au passage que les revendications des grévistes sont légitimes.
Pendant ce temps, cette grève qui s’éternise risque de déstabiliser socialement le pays puisque c’est dans le courant de cette semaine que les salaires des fonctionnaires, des policiers et des militaires, mais aussi les pensions des retraités, seront versés.
La plupart des structures d’Algérie Poste dans la wilaya de Constantine, dont la recette principale de la Place du 1er Novembre, au centre-ville, sont opérationnelles après deux jours d’arrêt de travail, seuls des bureaux de postes de quartiers poursuivent le mouvement de grève. Selon un responsable local du secteur de la Poste et des TIC, « moins de 40 % des effectifs sont en grève à Constantine ».
Dans d’autres wilayas, comme Guelma, Biskra et El Tarf, les travailleurs d’Algérie Poste ont assuré normalement leur service jeudi, tandis qu’un débrayage total des agences était observé dans d’autres régions, à l’exemple de Oum El-Bouaghi, Skikda et Mila.
Le service minimum n’y étant même pas assuré. Par contre, dans certaines autres wilayas, parmi lesquelles Khenchela, et Sétif, tous les bureaux de poste observent le mouvement de grève en respectant toutefois le service minimum (en général, un seul guichet ouvert par structure).
Dans d’autres grandes villes comme Annaba et Batna, les travailleurs d’Algérie Poste observent la grève de façon inégale. A Annaba, plusieurs bureaux de poste travaillent normalement au moment où d’autres ont baissé rideau sans assurer de service minimum.
A Batna, sur les 126 structures de la poste ouvertes dans cette wilaya, 36 (dont 12 à Batna-Ville) observent le mouvement de grève au centre et précisément Tizi-Ouzou ce service est assuré par la « Poste Chikhi » qui procède à l’encaissement des chèques uniquement.
A Chlef, il a été notamment constaté le fonctionnement de certains distributeurs de billets de banque. A Béjaïa, « Seule la recette principale assure un service minimum. Le reste des bureaux a suivi le mouvement », ont souligné des syndicalistes, alors qu’ils organisaient un nouveau rassemblement devant le siège de leur direction pour réitérer leurs revendications.
La direction de Blida affirme que 28 bureaux de poste sur les 66 que compte la wilaya poursuivent leur mouvement de grève. Dans la wilaya d’Oran, l’appel à la grève lancé depuis trois jours, est suivi différemment, 30 sur 110 bureaux.
Le taux de suivi de la grève a sensiblement diminué jeudi après que le nombre de bureaux à l’arrêt étaient de 70 mercredi. A Relizane, la grève a touché 11 bureaux assurant le service minimum sur les 67 bureaux postaux de la wilaya, selon une source de la direction. Et à Tissemsilt, l’arrêt de travail a touché 25 sur 37 bureaux que compte la wilaya pour la huitième journée consécutive.
Dans la wilaya de Tlemcen, il a été recensé 100 travailleurs en grève sur un total de 476 employés du secteur de la poste. Les grévistes sont répartis à travers 12 bureaux touchés par la grève de manière complète sur un total de 94 bureaux dont dispose la wilaya, selon la direction de la PTIC.
Dans la wilaya de Mostaganem où le débrayage a débuté le 6 janvier, le directeur d’Algérie Poste a indiqué que la grève a touché jeudi 20 bureaux dont quatre au chef-lieu de wilaya et le reste réparti sur les daïra sur un total de 57 bureaux de poste. La grève a été suivie par 137 travailleurs sur un total de 260 ou le taux de suivi est estimé à 50%.
Pour sa part, le ministre de la Poste et des technologies de l’information et de la communication, Moussa Benhamadi, a assuré qu’il veillera à la stricte application par Algérie Poste du contenu de l’accord conclu lundi avec le partenaire social, dans un délai ne dépassant pas le 20 février.
Des négociations ont eu lieu lundi entre Algérie Poste et le partenaire social et se sont soldées par un accord entre les deux parties, lequel accord a été soumis au conseil d’administration.
Depuis le 2 janvier, certains bureaux de poste ont connu un mouvement de revendications d’ordre socioprofessionnel, occasionnant des perturbations importantes dans les services postaux rendus aux citoyens.
Le ministre a assuré, en outre, qu’il engagera avec le partenaire social l’ouverture du dossier de la « révision de la convention collective par Algérie Poste et le partenaire social, dans le sens de l’instauration d’un environnement adéquat à même de valoriser la compétence et le rendement de chaque travailleur en termes d’équité dans la promotion, l’accès aux postes de responsabilité, les salaires et primes ».
RISQUE D’EMBRASEMENT SOCIAL
Le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, appelle à la sagesse les travailleurs d’Algérie Poste, en grève depuis une semaine.
« La sagesse doit primer car il ne faudrait pas qu’on pénalise, par nos revendications légitimes, les citoyens », a déclaré, ce mercredi 9 janvier Sidi Saïd. Le patron de la centrale syndicale a dit espérer que le conflit entre la direction de l’entreprise et ses travailleurs prendra fin « dans les meilleurs délais », affirmant œuvrer actuellement à « satisfaire les revendications légitimes [des employés, NDLR] et répondre aux préoccupations des citoyens »
Pour cela, il faut « répondre favorablement, dans la mesure du possible, aux revendications légitimes des postiers », a estimé Sidi Saïd. Mais « je voudrais qu’en tant que salariés et syndicalistes, on puisse aussi comprendre les préoccupations quotidiennes des citoyens et particulièrement les retraités », a-t-il ajouté.
Le SG de l’UGTA a rappelé qu’une partie des revendications des grévistes a été prise en charge, dont le versement d’une indemnité de 30,000 DA. « La convention de 2003 doit également être actualisée », a-t-il dit. « Les choses avancent bien avec le ministre de la Poste et des Technologies de la communication et de l’information, NDLR, il offre sa collaboration », a-t-il conclu.
Tahar Ouarezki, porte-parole des grévistes as’est exprimé disant : « Le ministère nous a contactés dans l’après-midi pour nous demander de désigner trois ou quatre personnes en vue d’une rencontre avec le ministre », assurant que les travailleurs projettent actuellement de créer un syndicat autonome pour défendre leurs droits.
Un communiqué du ministère de tutelle a été distribué aux employés et à l’ensemble de ses structures. Le document, signé par le ministre Moussa Benhamadi, reprend toutes les mesures prises par l’opérateur public pour la prise en charge des revendications des grévistes.
Visiblement pas intéressés par ledit communiqué un gréviste déclare « on veut du concret pas des communiqués on en a marre des fausses promesses » Les grévistes exigent notamment « un audit d’entreprise par une commission sous l’égide de l’Inspection du travail sur les points et avancements accordées depuis le départ de l’ex-directrice générale et une nouvelle révision de la grille des salaires pour l’aligner sur celle d’Algérie Télécom.» Il reste à espérer que la sagesse l’emporte.
Houda Bounab