En Crimée, les bases militaires ukrainiennes prises d’assaut

En Crimée, les bases militaires ukrainiennes prises d’assaut

4387856_3_9344_des-manifestants-prorusses-retirent-le-drapeau_2c87a9987531e2378b534163e57cb799.jpgLes bases militaires ukrainiennes de Crimée sont dégagées une à une. Vendredi 21 mars, la signature par le président russe Vladimir Poutine de la loi formalisant l’appartenance de la Crimée à la Russie, en dépit du renforcement des sanctions américaines et européennes, a achevé de libérer dans la péninsule russophone les forces armées et les civils prorusses qui se retenaient d’agir.

La foule s’est dirigée à l’intérieur de la base jusqu’à l’immeuble où s’étaient retranchés les soldats ukrainiens. Une dizaine d’entre eux guettaient sur le toit. La foule, de plus en plus hystérique, s’est précipitée en criant, cassant les vitres, crevant les pneus, escaladant un camion stationné à l’entrée avant d’essayer, en vain, de le faire tomber. Ils ont commencé à vider le mobilier du rez-de-chaussée en démolissant ce qu’ils pouvaient.

Les soldats ukrainiens tentaient de les calmer, du haut du toit, avec un mégaphone.

Les échauffourées ont commencé aussi parmi la foule entre prorusses et pro-ukrainiens, proches de soldats coincés à l’intérieur. Ils s’invectivaient et hurlaient en pleurant. Des fumigènes ont été lancés, calmant l’assemblée pour un moment.

L’excitation a repris peu après avec l’arrivée d’un drapeau russe triomphalement arboré devant l’immeuble. « Rassia ! Rassia ! », le même mot tournait en boucle. Et aussi, à l’adresse des soldats : « Ordures ! Salauds ! Fascistes ! Rentrez chezvous ! ». A l’adresse des quelques journalistes présents : « Sales menteurs ! La Crimée est à la Russie, allez-vous-en ! »

Des militaires russes ont fini par pénétrer dans l’immeuble puis convaincu la foule en furie de sortir calmement de la base. Tout le monde a obéi, soudain étrangement docile, dans un même mouvement moutonnier. Le groupe s’est posté à l’entrée, devant le portail ouvert. Un ancien militaire russe en civil, ayant visiblement autorité sur les villageois, leur a intimé l’ordre de ne pas dire un mot, de ne proférer aucune insulte. Sur ce, les militaires ukrainiens, quelques dizaines, sont sortis à pied par petits groupes. La foule observait un silence contraint. Certains, ne peuvant cacher leur joie, ont applaudi.

Quelques heures plus tard, c’est la base aérienne de Belbek, près de Sébastopol, qui était prise d’assaut. Pas par une foule de civils mais par des blindés russes qui ont défoncé le portail, alors que les soldats ukrainiens avaient refusé de se plier à l’ultimatum qui leur avait été lancé une heure plus tôt. A la suite des blindés, des troupes d’élite russes équipées de casques et d’armes automatiques sont entrées, tirant des coups de feu en l’air. Une ambulance a été vue. Selon la BBC, au moins un militaire a été blessé.

Comme le matin à Novofedorivka, les soldats ukrainiens ont fini par quitter leur base à pied, devant une foule de badauds contrainte au silence par divers agents prorusses. D’après les uniformes : civils en costume, miliciens cagoulés, militaires russes. Le colonel Iouly Mamtchour, commandant de la base, a été arrêté et emmené.