Le retour à la protestation à travers des rassemblements organisés dans de nombreuses wilayas du pays est une réponse pour attirer à nouveau l’attention des pouvoirs publics quant à la précarité de leur situation.
Face au silence des ministères de l’Intérieur et de la Défense quant aux revendications sociales de ce corps paramilitaire qui depuis 2011 a lancé un cri de détresse concernant la précarité de leur situation sociale, les délégués des gardes communaux des 48 wilayas ont décidé d’accentuer leur action en marchant incessamment sur Alger. C’est en substance ce qu’a affirmé hier M. Aliouet, délégué national, représentant de la wilaya de Bouira, joint par nos soins.
A ce propos, dénonçant leur marginalisation, le délégué national de ce corps paramilitaire fera savoir que «des sit-in ouverts sont d’ores et déjà organisés dans 5 wilayas, à l’instar de Sétif, Bordj Bou Arreridj, Constantine et Bouira, et ce, jusqu’à la satisfaction totale des revendications des 18 000 gardes communaux de la wilaya de Blida». Et d’assurer que «les
23 000 protestataires ne comptent pas baisser les bras: Chaque jour, il y aura une action». A cet effet, dénonçant la répression de leurs actions, il rappellera que des agents de la garde communale de Blida observent, depuis mardi dernier, un sit-in devant le chef-lieu de ladite wilaya auxquels se sont joints avant-hier des centaines de leurs collègues en marque de soutien aux protestataires décidés à ne pas faire marche arrière dans leur action jusqu’à aboutissement de leurs requêtes socioprofessionnelles dont «seulement 13% ont été satisfaites depuis le début de leur mouvement».
De ce fait, le retour à la protestation à travers des rassemblements organisés dans de nombreuses wilayas du pays est une réponse pour attirer à nouveau l’attention des pouvoirs publics quant à la précarité de leur situation, et surtout pour dénoncer le silence des autorités de tutelle, en l’occurrence les ministères de l’Intérieur et de la Défense qui leur apposent un mutisme assourdissant, expliquera M. Aliouet. Dans ce contexte, il s’indignera quant à «la marginalisation de ce corps de sécurité, utilisé comme chair à canon durant les années de braise et jeté dans l’oubli après la signature de la charte pour la réconciliation nationale». Déplorant à ce sujet, que le cri de détresse lancé en 2011 par les 23 000 agents de la garde communale répartis sur le territoire national est resté sans suite de la part des autorités concernées qui «continuent à nous ignorer, à nous considérer comme laissés-pour-compte, à nous maintenir dans la précarité».
Plateforme de revendications…
Les agents de la garde communale ont dressé, selon M. Aliouet, une plateforme de revendications qui s’articule autour de dix points portant sur la revalorisation de ce corps de sécurité, créé en 1994 pour appuyer les services de sécurité dans la lutte contre le terrorisme, en tant que corps armé. Estimant que seule l’affiliation de la garde communale au ministère de la Défense nationale, avec les avantages y afférant, à l’instar de l’indemnité de risque et celle de port d’arme, sera «une manière de réhabiliter les effectifs de la garde communale selon la mission dont ils sont chargés». «Nous sommes aujourd’hui considérés comme des agents de la Fonction publique, sans aucun égard aux risques liés au port d’arme. Il n’y a aucune prime ou indemnité pour ce risque», explique M. Aliouet.
De plus, les gardes communaux interpellent également les autorités sur la revalorisation de la prime du «martyr du devoir national» qui ne dépasse pas, selon M. Aliouet, 7 000 DA versés aux veuves des agents assassinés par la horde terroriste. «Il est inconcevable que cette prime soit gardée à ce montant, alors que les repentis ont eu plus de privilèges. Nous avons fait face à ces intégristes, au moment où plusieurs parties allaient se plier devant eux et, aujourd’hui, les familles des victimes et de ceux devenus invalides à vie sont poussées à la précarité», accuse le même délégué. Viennent s’ajouter ensuite les doléances concernant «la retraite après 15 ans de service sans considération d’âge»,
«une retraite à hauteur du SNMG», «prime de dissolution du corps et indemnité de la prime de panier avec effet rétroactif au 01/01/2008», «prime de départ à la retraite et le maintien du salaire de base pour ceux qui rejoindront les entreprises publiques», «l’octroi d’un quota de logements sociaux, ruraux et participatifs aux gardes communaux», «gratuité des transports et des soins» et enfin «la réintégration des radiés suite à leur mouvement de protestation».
Par ailleurs, contraint à l’aphasie des pouvoirs concernés, et comme une bouteille lancée à la mer, les gardes communaux lancent un appel au président de la République à se saisir de leur dossier afin de «mettre fin au cauchemar et au calvaire de ce corps paramilitaire».
L. N.B.