En juillet 1998, les puristes et les amoureux du football étaient focalisés sur la Coupe du monde en France. Les rues de Paris étaient pleines d’émigrés algériens qui suivaient cet évènement sportif planétaire.
Mohamed Chalali, l’attaquant actuel d’Aberdeen, né en France, avait à l’époque 9 ans. «Je me souviens très bien de la finale de la Coupe du monde 1998 entre la France et le Brésil, j’avais à l’époque 9 ans. Nous avons fêté la victoire de la France comme tous les Français. Nous étions très heureux, mais ce qui nous a fait encore plus plaisir, c’est que Zidane, qui est un Algérien, a réussi à offrir la Coupe du monde à la France. C’était pour nous une énorme fierté. Dans mon quartier vivaient des Africains, des Arabes et d’autres communautés. On était tous heureux après le sacre des Bleus, on a célébré ensemble cette belle victoire, sans conteste Zizou était mon idole.»
«J’ai choisi l’Algérie par conviction»
Pour Chalali, Zizou reste une icône, car il a réussi une carrière sportive formidable.
Chalali avait espéré suivre les traces de son idole, mais il a fini par choisir son pays d’origine, l’Algérie. «J’ai choisi de jouer pour l’Algérie par conviction. Après discussion avec mes parents, j’ai opté pour mon pays d’origine. J’ai préféré l’Algérie, car je pense que c’est mieux pour moi, car en France, la concurrence est terrible. Il y a beaucoup de bons joueurs en France. Franchement, je suis heureux d’avoir fait ce choix. D’ailleurs, mes parents sont fiers de ce choix.»
«C’est grâce à mon frère que je suis arrivé là»
L’attaquant actuel d’Aberdeen évoque son enfance et ses débuts en football. «J’ai deux grands frères, Hakim et Djamel. Hakim était gardien de but, il n’était pas bon, mais Djamel était très bon, puisqu’à l’époque, le PSG et Marseille le courtisaient, mais malheureusement pour lui, nos parents l’ont empêché de faire une carrière footballistique. Mes parents ne savaient pas que le football était un moyen de gagner sa vie. Je me souviens, à 12 ans, lorsque je suis allé au Havre, c’était grâce à mon grand frère Djamel qui a dit aux dirigeants havrais que je vais venir. Mon frère ne voulait pas que je fasse la même erreur que lui. Au fait, il m’a protégé en me laissant intégrer l’école du Havre à l’insu de mes parents. Mon père ne savait qu’une chose, c’est de nous réveiller à 4 heures du matin pour l’aider au supermarché dans son boulot.»
«Ma mère n’en croyait pas ses yeux»
Du Havre à Châteauroux en passant par Panionis en Grèce, des étapes qui ont beaucoup marqué le parcours de Chalali avant d’atterrir en Ecosse cette saison où il a signé pour une année.
«Je suis heureux d’avoir fait ce choix»
La nouvelle année a coïncidé avec mes premiers buts avec mon nouveau club. Cette réussite va me pousser à améliorer mon compteur buts pour s’imposer à Aberdeen.»
«Ma mère n’en croyait pas ses yeux»
«Il n’y a pas longtemps, j’ai pris ma mère aux Champs Elysées pour lui payer un café, mais quand elle a vu le prix, elle m’a dit : pour ce prix, je peux en faire dix à la maison. Je l’ai rassuré tout de suite que son fils pouvait payer la note.» Sa réponse est venue tout de suite : «Quelle serait la réaction de ton père s’il voyait combien nous dépensions pour le café.» J’ai tout de suite compris que c’était une réaction normale, et ce, par rapport aux contraintes budgétaires rencontrées par la famille et par la plupart des émigrés algériens vivant en France.
«Le football, le meilleur moyen de protéger nos familles»
«J’ai commencé à jouer au football quand j’avais 5 ou 6 ans. Je me souviens que mercredi était un jour de repos à l’école, c’est ainsi que je sortais de la maison à 9 heures du matin pour aller jouer au foot. J’étais tellement accroché au foot que je restais des fois jusqu’à 22 heures, c’était la folie d’enfance. Avec mes amis, c’était plus facile pour nous de se procurer un ballon. Nous ne pouvions pas jouer au golfe. Je pense que le football est un sport à la portée des jeunes démunis. Si vous voyez maintenant le nombre de joueurs africains qui jouent au football, vous comprendrez bien que c’est le seul moyen qui puisse leur permettre de gagner leur vie. C’est pour ces raisons que nous, Africains, on essaye de bien jouer pour aller en Europe afin de gagner de l’argent pour pouvoir ainsi protéger nos familles. Franchement, je travaille dur, car j’ai une famille à nourrir. Je veux offrir une vie décente à ma femme Melissa et à mon fils Kays, âgé de 15 mois. Je suis conscient que j’ai cette chance de jouer au football. Je souris chaque matin, c’est pour cela que je veux profiter de cette chance que Dieu m’a donnée pour progresser et améliorer mes qualités.»
«L’EN, j’y pense sérieusement»
Le capitaine de l’EN olympique a un fort caractère. Ses dernières prestations n’ont pas laissé le sélectionneur de l’EN A, Halilhodzic, indifférent, puisque ce dernier s’est déplacé samedi passé à Aberdeen pour le superviser contre Kilmarnock. «J’ai 23 ans, je reste réaliste, car je ne veux pas brûler les étapes. L’EN, j’y pense, car les éliminatoires de la CM 2014 commenceront au mois de juin prochain. Je suis conscient que le chemin est encore long, mais croyez-moi, je vais tout faire pour y arriver.»
K. H.