Les modalités du plan d’intervention africain pour reconquérir la moitié nord du pays occupée par les islamistes ont enfin été esquissées, à l’issue du Sommet de la Cédéao tenu à Abuja. Mais l’opération militaire, qui reste encore floue, n’est pas pour demain, parce que, d’une part, la Cédéao doit attendre le feu vert de l’ONU pour pouvoir enfin intervenir et, d’autre part, les participants à ce Sommet ont conclu à un choix, défendu notamment par Alger : les négociations avant tout… Et si une intervention militaire venait à être enclenchée, l’Algérie va tout simplement fermer ses frontières avec le Mali.
Même si l’intervention militaire au nord du mali est loin de prendre forme, l’Algérie promet de fermer ses frontières avec le Mali avec qui elle partage plus de 1 400 km. «Les autorités algériennes ont assuré qu’elles fermeraient leurs frontières en cas d’intervention militaire africaine pour reconquérir le nord du Mali occupé par des groupes islamistes armés» a déclaré hier à l’AFP le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouedraogo.
Interrogé sur les réticences d’Alger vis-à-vis d’une intervention militaire étrangère à ses portes, Ouedraogo a souligné qu’Alger avait participé à toutes les réunions de préparation d’une intervention africaine orchestrée par la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). «L’Algérie a toujours été à nos côtés. Je suppose qu’elle partage nos vues et nos appréciations de la crise malienne», a-t-il déclaré.
Lundi, l’Algérie a de nouveau plaidé pour une solution politique pour résoudre la crise malienne. «Nous n’avons cessé de souligner qu’une sortie de crise par un dialogue à engager entre les autorités maliennes et les groupes de la rébellion au nord du Mali est tout à fait possible», a déclaré le porteparole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani.
«L’Algérie a été invitée au Sommet de la Cédéao qui vient de s’achever à Abuja et elle y a réaffirmé par la voix du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel sa position bien connue. Nous retenons que ce Sommet a confirmé que le dialogue reste l’option préférée dans la résolution de la crise politique au Mali et c’est la position que l’Algérie défend», a ajouté M. Belani.
Le dialogue avant tout Après deux résolutions de l’ONU, en juillet puis septembre, pressant la Cédéao de revoir sa copie pour fournir un plan d’action digne de ce nom, cette dernière espère que le Conseil de sécurité donnera enfin son feu vert, fin novembre, au déploiement d’une force militaire au Mali, composée de 3 300 soldats.
Mais ce plan comporte encore et toujours des imprécisions. Il «prévoit 3 300 soldats pour une durée d’un an», a annoncé le président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao.
Qui fournira les troupes ? Les soldats proviendraient prioritairement de la Cédéao, mais aussi d’autres pays. «Il y a, bien sûr, le Nigeria, le Sénégal, le Niger, le Burkina Faso, nous avons également des pays comme le Ghana (…), le Togo», a précisé le président ivoirien, avant d’ajouter : «Le Tchad pourrait participer» et «nous avons eu des contacts avec d’autres pays: la Mauritanie, l’Afrique du Sud».
Alassane Ouattara lui-même a insisté sur le fait que «le dialogue reste l’option préférée dans la résolution de la crise politique du Mali». Même si, in fine, il estime qu’«en ce qui concerne la situation sécuritaire, l’usage de la force s’avère indispensable contre les réseaux terroristes », les avancées dans les préparatifs militaires semblent avoir surtout pour fonction de maintenir la pression sur les différents groupes qui sévissent au nord du Mali.
Ansar Dine s’oppose à l’intervention militaire La décision de la Cédéao d’envoyer 3 300 soldats dans le Nord-Mali pour y déloger les islamistes, déplaît à Ansar Dine, le groupe de Touaregs pro-charia, qui dénonce une «erreur historique », un «parti pris contre une partie des populations du Mali».
Le groupe d’Ansar Dine, qui négocie ces dernières semaines avec la médiation burkinabè, dénonce une décision à risques. «La décision des chefs d’Etats africains, poussés par la France, constitue un mauvais choix et un parti pris contre une partie des populations du Mali», a déclaré lyad Ag Ghaly, le chef d’Ansar Dine. Et de dénoncer une «erreur historique», avant d’avertir qu’une intervention militaire au Nord-Mali pourrait nuire à «tous les peuples de la région».
M. A. M.