En cas de retrait de la France de l’espace Shengen: Quelle incidence sur les Algériens ?

En cas de retrait de la France de l’espace Shengen: Quelle incidence sur les Algériens ?

La France a jeté un pavé dans la mare en annonçant, vendredi dernier, qu’elle souhaitait revoir les clauses de sauvegarde des accords de Schengen sur la libre circulation des personnes en Europe.

Côté algérien, l’on s’interroge d’ores et déjà sur les éventuelles retombées d’une telle décision, si elle venait à être confirmée, notamment pour celles ou ceux qui désireraient se rendre en France. Sur cette question, une polémique subsiste déjà depuis plusieurs mois, où l’obtention d’un visa d’entrée sur le sol français au niveau de leur consulat dans notre pays relève de « la chance », si ce n’est de l’impossible.

Et pour cause, rappelons- le, la décision de Paris de durcir le ton sur cette question, notamment pour ce qui est des mesures liées à la procédure de dépôt de la demande de visa et de son attribution. Là encore, l’Hexagone s’en est donné à coeur joie, sommes-nous tentés de dire, pour restreindre la circulation des Algériens vers ce pays, mais toujours estil que les retombées ne pourraient pas avoir de conséquences alarmantes sur les citoyens algériens.

Le fait est qu’il y a un afflux important d’Algériens qui se rendent en France constituant de la sorte la plus grande majorité des étrangers sur le sol français. Donc, un simple visa délivré par le Consulat français à Alger, serait suffisant.

Néanmoins, il n’en demeure pas moins que la question nourrit la polémique. L’Algérie, face à cette nouvelle donne, ne peut rester indifférente. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, l’a rappelé la semaine dernière.

«La partie algérienne est préoccupée par la question de la libre circulation des personnes », a-t-il indiqué, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III, vendredi dernier. D’autant plus, faut-il le souligner, qu’un accord d’association, qui comprend le volet de la libre circulation des personnes, lie notre pays à l’Union européenne. « La question de la libre circulation des personnes, nous sommes en train de la gérer bilatéralement.

L’UE est en train de mettre en place un système européen et non pas un système porté par chaque pays, nous devons nous aussi porter notre voie», a dit le ministre avant de déplorer qu’en la matière, le résultat, pour l’heure, est maigre.

Maintenant reste, bien sûr, à connaître la décision finale de l’Elysée, demain mardi à Rome, qui se prononcera lors du sommet qui se tiendra avec la partie Italienne. A ce propos, Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy feront, après leur entrevue, « une déclaration commune ».

Celle-ci, apprend-on, sera en direction des institutions et des pays européens mais aussi des pays à l’origine des flux (en d’autres termes, les pays du Maghreb), selon le chef de la diplomatie transalpine français, Henri Guaino, citée par les quotidiens français, notamment le JDD.

Les pays de la rive Sud méditerranéenne, à l’image de l’Algérie, sont tous autant concernés par ce qui va en découler de ce sommet. Il ne reste qu’à savoir, précisément, sur quoi les deux dirigeants vont parvenir à se mettre d’accord.

M. B.

Le Schengen de la discorde

La révolution du jasmin et la crise libyenne ont quelque peu altéré les relations diplomatiques entre Paris et Rome. L’Italie est confrontée depuis plus de deux mois à un flux de migrants illégaux tant Tunisiens que Libyens qui débarquent chaque jour sur l’île de Lampedusa. Aussi l’Italie a décidé de délivrer des titres de séjours temporaires. Ceci s’est fait dans le cadre d’un accord italo-tunisien. Tunis devrait renvoyer l’ascenseur en bloquant les nouveaux migrants à la frontière tunisienne.

C’est ainsi que 23.000 visas Schengen ont été accordés par Rome aux Tunisiens mais aussi Libyens, dont la situation humanitaire est des plus dramatiques et ont rejoint ainsi la France furieuse qui ne s’est pas gênée de bloquer le train transportant ces migrants indésirables à Vintimille.

La France qui a immédiatement enclenché une polémique et qui a fait rappeler par la voix de son ministre de l’intérieur, Claude Guéant les conditions de séjour en France à savoir : passeport national valide, titre de séjour, titre de voyage, ressources minimum, justification du but de voyage et qu’en cas de non respect d’une de ces conditions les personnes en situation irrégulière seraient reconduites en Italie. Mais ceci dit qu’est-ce que l’espace Schengen ?

Depuis 1985, la convention de Schengen promulgue l’ouverture des frontières entre les pays signataires, le territoire ainsi créé étant communément appelé “espace Schengen”, du nom du village luxembourgeois, où fut signé le traité entre la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Les accords de Schengen garantissent la liberté de circulation des personnes entre les 25 Etats européens signataires.

L’espace Schengen a été institutionnalisé par le traité d’Amsterdam de 1997, il renforce la notion d’espace et de liberté de sécurité et de justice. Il vise à une mise en commun des politiques de visas, d’asile et d’immigration.

Désormais les citoyens étrangers qui disposent d’un visa de longue durée pour l’un des pays membres, peuvent circuler librement à l’intérieur de la zone. Et c’est là où le bât blesse car plus de la moitié de ces migrants veulent s’installer en France. Bon nombre d’entre eux ont été renvoyés à Vintimille ou carrément en Italie.

Du reste, ministre des Affaires étrangères italien Franco Frattini, a dénoncé le comportement de la France qui renvoie dans son pays et non en Tunisie, les migrants arrêtés à la frontière franco-italienne. Ce renvoi vers l’Italie a également été critiqué par la Commission européenne. De son côté, Roberto Maroni, ministre italien de l’Intérieur, a déploré le comportement hostile de Paris qui se défend en se cachant derrière un accord dit de Chambéry signé par Rome et Paris en 1997.

Les Italiens se plaignent que les autres pays européens ne se soient pas portés à leurs secours. Alors que la règle est que le premier pays d’entrée gère les populations migrantes, Paris reproche aux autorités italiennes de vouloir se débarrasser des immigrés tunisiens en leur octroyant des permis de séjour de six mois, ouvrant notamment la voie à leur venue en France.

Un dialogue de sourds que les deux parties doivent transcender pour retrouver un peu de sérénité dans leurs relations enfiévrées par la crise libyenne et l’afflux de migrants du Maghreb.

S. H.