Dans quelques jours, Yacine Benzia honorera sa première sélection avec les Verts à l’occasion de la double confrontation face à l’Ethiopie comptant pour les éliminatoires de la CAN 2017.
Après que Christian Gourcuff ait rendu publique sa liste des 23, l’attaquant du LOSC a choisi nos colonnes pour livrer ses premières impressions à la suite de cette convocation.
Dans cet entretien qu’Yacine Benzia nous a accordé hier après-midi, où il a répondu sans langue de bois, il évoque aussi la grosse polémique en France à la suite de sa décision de jouer pour l’Algérie. L’attaquant de Lilles parle aussi du prochain stage et de ce qu’il pense pouvoir apporter à cette équipe algérienne. Entretien.
Il choisit Compétition pour parler de sa 1reconvocation
– «Je ne me sentais plus capable de représenter le maillot des Bleus»
«Ma décision était prise avant de rencontrer Raouraoua»
«Ma déclaration à L’Equipe, en voici les raisons»
«Qu’Antonetti m’ait mis sur le banc, rien à voir avec ma décision»
«Conscient de la qualité chez les Verts, je me battrai pour gagner ma place»
«Je pense apporter de la fraîcheur à cette sélection»
«Mes objectifs : gagner la CAN et disputer la Coupe du monde»
Votre nom figure dans la liste des 23 publiée par le coach hier (NDLR : entretien réalisé hier après-midi), dans quel état d’esprit êtes-vous?
Je suis très fier et très content d’avoir été sélectionné, car on attendait cette liste ma famille et moi avec impatience. Etre convoqué en sélection algérienne me fait énormément plaisir. Je viens avec beaucoup d’envie. Je viens aussi pour apporter un plus au sein de cette belle équipe et je vais essayer de m’acclimater du mieux possible durant ce stage.
Votre première sélection coïncidera avec un match à domicile, à Blida…
Ça me fait encore plus plaisir de commencer en Algérie, car tout le monde connaît la ferveur des supporters algériens. J’en ai d’ailleurs discuté avec quelques joueurs, et tous m’ont dit que l’ambiance est tout simplement incroyable. C’est pour vous dire que j’ai vraiment hâte d’y être et de vivre ça.
Sincèrement, à quel moment avez-vous pris la décision de jouer pour l’Algérie ?
En toute sincérité, cela fait déjà plusieurs mois que j’ai pris ma décision, c’est juste que j’attendais le moment opportun. Le bon moment. Que je sois plus mature et que j’enchaîne les matchs pour pouvoir être sélectionnable. Quand j’étais à Lyon, je ne jouais pas beaucoup et je ne me voyais pas aller en sélection avec aussi peu de temps de jeu. Maintenant que je suis au LOSC où je joue régulièrement, je me suis dit que c’est enfin le bon moment.
Et cela faisait combien de temps que vous n’étiez pas venu en Algérie ?
Cela ne fait même pas une année. Ce fut lors des dernières grandes vacances. J’étais venu voir ma famille à Oran. Il est vrai que lorsqu’on devient joueur professionnel le programme est assez chargé avec seulement un mois de vacances par an, mais j’essaye malgré tout de toujours trouver du temps pour faire une escapade en Algérie et voir mes proches pour me ressourcer.
Votre décision définitive a été prise à la suite de votre rencontre avec le président de la FAF Mohamed Raouraoua il y a quelques jours de cela, est-ce que c’est son discours qui a accéléré les choses ?
Franchement non. Cette rencontre faisait juste partie du processus et ça a juste conforté mon choix, mais je vous le répète encore une fois, mon choix était déjà fait. Il faut savoir aussi que j’avais déjà rencontré le sélectionneur quelques mois auparavant. Certes, cette rencontre avec le président était bénéfique mais pas du tout fondamentale, puisque ma décision était déjà prise. En fait, cette entrevue, c’était juste pour mettre les choses au clair…
Que voulez-vous dire par mettre les choses au clair ?
Et bien tout simplement parce qu’avec le président on ne s’était jamais rencontrés auparavant. Nous avons d’ailleurs longuement discuté et le président Raouraoua m’a présenté le projet et les perspectives de la sélection algérienne comme l’avait d’ailleurs fait avant lui le coach lors de notre rencontre. Mais encore une fois avant même cette entrevue, mon choix était déjà fait.
Lorsque votre choix a été rendu public, vous avez tenu à remercier l’équipe de France où vous aviez évolué dans les différentes catégories, peut-on comprendre que le choix n’était pas facile à faire?
Pas du tout. Jouer pour l’Algérie était pour moi un choix plus qu’évident. Sauf que je suis quelqu’un de reconnaissant. Je suis reconnaissant envers la France qui m’a formé, notamment à travers mes sélections avec les Bleuets, mais à un moment donné mon cœur a parlé, et je ne me sentais plus capable de représenter le maillot français. Je tiens à préciser encore une fois que pour moi cette décision était plus qu’évidente et qui ne m’a pas demandé une grande réflexion.
Pourtant juste après l’annonce de votre prochaine sélection par le président Raouraoua, vous aviez déclaré au journal l’Equipe que vous étiez toujours dans la réflexion…
En fait, c’était juste un problème de communication sur lequel on ne s’était pas bien entendus. Mon choix était fait mais je ne l’avais pas annoncé ouvertement et ça a été malheureusement mal interprété…
Etait-ce pour éviter certaines pressions ?
Non, non, pas du tout. Quand j’ai fait cette interview au journal L’Equipe je n’avais pas encore parlé avec ma famille quant à la date de l’annonce de mon choix, car mes proches ne vivent pas à Lille. Donc, j’attendais de les rencontrer et d’en discuter avec eux. Comme c’est un sujet important, je tenais à ce qu’ils soient les premiers informés avant de rendre publique ma décision.
Votre décision a suscité une grosse polémique en France, d’ailleurs certains n’ont pas hésité à dire que si vous aviez choisi l’Algérie c’est tout simplement parce que vous n’aviez aucune chance de jouer pour la France…
Vous savez les journalistes sont là pour critiquer, et aujourd’hui certains d’entre eux ne sont pas contents de voir que des jeunes joueurs choisissent leurs pays d’origine. Aujourd’hui, certes, je n’ai peut-être pas la chance de postuler pour l’équipe de France, mais j’ai confiance en mes qualités et je sais que j’aurai pu avoir ma chance chez les Bleus. Je n’ai que 21 ans et c’est la première saison où j’enchaîne véritablement les matchs. Donc, c’est loin d’être un choix par défaut. J’aurais bien pu attendre mais mon cœur a parlé et a choisi l’Algérie.
Vous qui étiez titulaire indiscutable au LOSC, comme par hasard, Antonetti vous a relégué sur le banc le match qui a suivi votre annonce…
Franchement, je ne pense pas que le coach ait décidé de me mettre sur le banc parce que j’avais décidé de jouer pour l’Algérie. A mon avis, c’était une pure coïncidence.
On va parler un peu football. Vous êtes un attaquant (5 buts en championnat cette saison), avez-vous une préférence au niveau de ce compartiment ?
J’aime bien jouer avec un deuxième attaquant pour pouvoir tourner autour. J’ai une préférence pour cette position, mais dans ma jeunesse j’ai joué un peu partout et donc j’ai cette possibilité d’être polyvalent. Je peux donc jouer sur les deux côtés, mais moi j’ai été formé en tant que numéro 9, et je préfère être plus proche des bois dans l’axe. C’est là où je me sens le mieux.
En sélection algérienne, il y a beaucoup de bons joueurs notamment en attaque avec les Slimani et Soudani. Avez-vous conscience que pour une place de titulaire c’est loin d’être gagné ?
Bien sûr que j’en ai conscience, d’ailleurs lorsqu’un joueur intègre une sélection, il ne vient pas avec un statut de titulaire. Je dois faire mes preuves sur le terrain car c’est toujours le terrain qui tranche. Je vais aussi tout donner pour prouver que je mérite ma place, ensuite ça sera au sélectionneur de choisir.
Que pensez-vous apporter à cette équipe algérienne ?
En tant que jeune joueur, je pense pouvoir apporter un peu de fraîcheur. Je viens aussi avec beaucoup d’envie.
A quelques jours du stage, ressentez-vous de la pression ?
Non, pas de pression mais beaucoup de fierté. Mais bon le fait que je connaisse pas mal de joueurs comme Bentaleb et d’autres, ça facilitera certainement mon intégration et j’en suis très content.
Vos souhaits et vos objectifs avec les Verts…
Cette sélection algérienne est vraiment une très belle équipe. Nous avons deux matchs importants à jouer face à l’Ethiopie, j’espère dans un premier temps nous qualifier. Après jouer à fond cette CAN et pourquoi pas la gagner. Il y a aussi la Coupe du monde dont les qualifications commenceront bientôt, et mon rêve est de disputer une Coupe du monde avec cette équipe algérienne.
Un dernier mot, peut-être, pour les supporters algériens…
Que je suis très fier d’avoir été sélectionné. Je vais essayer de profiter de ces moments de bonheur et surtout continuer à travailler pour répondre aux attentes du peuple afin de ramener les meilleurs résultats qu’ils soient pour cette équipe algérienne.
A. H. A.