EN : Benchikha – Trabelsi, le face-à-face

EN : Benchikha – Trabelsi, le face-à-face
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«Nous aussi, on veut offrir cette Coupe à notre peuple»

Autant il est sympa, naturel et spontané, autant il est droit, impulsif et intraitable. Abdelhak Benchikha, c’est tout ça à la fois. Hier matin, à la conférence de presse que les deux sélectionneurs ont animée à une demi-heure d’intervalle, Benchikha n’a pas trop forcé sur la logorrhée et autre discours creux destinés à la consommation. Tout comme son homologue tunisien, il a tenu à rappeler les liens historiques qui lient les deux pays et il n’est pas faux de dire que nos deux peuples sont liés par un passé commun que l’enjeu de ce match ne peut occulter.



C’est vrai. Benchikha a évoqué Sakiet Sidi-Youcef, incontestablement l’un des faits communs de l’histoire des deux pays d’avant l’indépendance. Certains trouveront peut-être ce discours fallacieux, à la limite tartufe, mais il n’était pas inopportun d’évoquer ça pour s’inscrire dans la démarche prônée par les présidents des deux Fédérations qui ont, comme nous le disions dans notre livraison d’hier, réuni tout le monde autour de la même table dimanche soir.

Ainsi, en réponse à une question d’un confrère tunisien qui demandait au sélectionneur de commenter cette envie des joueurs tunisiens d’offrir la Coupe à leur peuple en guise de cadeau après la révolte du Jasmin, Benchikha fut pour le moins cinglant : «C’est une louable intention que je salue du reste, mais nous aussi nous voulons offrir la Coupe à notre peuple ! Nous sommes ici pour lui donner de la joie, pour l’honorer».

LG Algérie

«Je connais les joueurs tunisiens un par un, mais…»

Il y a lieu de dire à la veille de ce décisif Algérie-Tunisie que Abdelhak Benchikha est le technicien le mieux indiqué pour diriger sur le banc des Verts, et ce pour deux choses : 1- le parcours de l’équipe dans cette compétition plaide pour lui. 2- il connaît mieux que quiconque la valeur intrinsèque des joueurs qui composent la sélection tunisienne dont quelques uns étaient ses «poulains» au Club Africain. Voilà justement pourquoi nous demandions, samedi, à Samy Trabelsi si Benchikha pouvait être le meilleur atout de l’Algérie lors de cette demi-finale.

Le coach algérien devrait bien maîtriser son sujet. Trabelsi a acquiescé. Benchikha pas vraiment, expliquant que sa connaissance des joueurs tunisiens, individuellement cela s’entend, ne pouvait constituer un atout majeur dès lors qu’il affrontera un groupe, ou, si l’on veut, un collectif dans lequel se dissout souvent la qualité intrinsèque en faveur du collectif.

«Individuellement, je connais parfaitement les joueurs tunisiens. Est-ce un avantage ? Je n’en sais rien. Mon souci est de chercher à connaître ce que vaut réellement cette équipe de Tunisie. Je m’attends à un match ouvert. Il y aura une qualification au bout, cela me laisse penser que chacun donnera tout sur le terrain.»

«La concentration et l’esprit combatif, voilà ce qui peut faire la différence»

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ABC a beaucoup insisté sur la concentration et l’esprit combatif lorsqu’on lui a demandé quels peuvent être les détails qui risquent de change  r le cours du match.

«La concentration et l’esprit de combat. Voilà ce qui peut faire la différence. Nous insistons  beaucoup sur ça. J’insiste beaucoup sur ça. Nous sommes en train de préparer l’équipe pour jouer 120 minutes. J’insiste beaucoup sur ça, car si l’on veut se qualifier en 90 minutes il faut être prêt mentalement à jouer 120», a-t-il insisté, mettant de côté, pour ne pas dire occultant presque l’ambiance conviviale de la veille au dîner.

«Le fait de savoir qu’il y a une finale au bout est une motivation en soi»

A ce stade de la compétition, la concentration et la motivation doivent être de mise. Cela va de soi, dit Benchikha. «La motivation y est. Je ne pense pas que j’aurais besoin de parler beaucoup pour que mes joueurs aient conscience de ce que cela représente de jouer une finale de Coupe d’Afrique. Ils sont ambitieux. Ils ont des choses à confirmer et, ma foi, cela est suffisant pour qu’ils soient motivés pour aller au bout», a-t-il dit en substance.

«Notre objectif est atteint, mais nous avons encore faim»

Avec cette qualification aux demi-finales du CHAN, les A’ auront réussi à remplir leur part du contrat comme il leur a été assigné avant le début de la compétition. Les demi-finales étaient en effet l’objectif qu’avait tracé la FAF au groupe depuis Alger, mais il semble bien que les joueurs se sont donnés le mot pour ne pas s’arrêter en si bon chemin. «Notre objectif initial a été atteint. On s’était fixé la demi-finale comme objectif initial à atteindre tout en restant mesuré, mais il se trouve que nous avons toujours faim. On veut jouer cette finale. On veut le titre. Les garçons sont très motivés. Ils veulent réussir quelque chose durant ce tournoi. On ne va pas s’arrêter en si bon chemin», a précisé Benchikha.

«Ce serait égoïste si les joueurs menacés de suspension jouaient avec retenue»

Au moins sept joueurs algériens évolueront sous la menace d’une suspension, ce soir, face à la Tunisie. La peur de rater un événement comme la finale du CHAN pourrait bien inciter les joueurs concernés à faire preuve de retenue dans leur engagement. Un raisonnement que ne conçoit nullement ABC qui qualifie ça, sans retenue aucune, d’égoïsme. «Je ne veux pas que mes joueurs pensent pour leur gueule. Ce serait égoïste si un joueur ne se donne pas à 1000% juste parce qu’il a peur de rater la finale. Ce qui nous importe dans l’immédiat c’est ce match de demi-finale et la qualification qu’il y a au bout. Certes, nous allons demander aux joueurs de rester calmes, de ne pas s’exposer, bêtement si j’ose dire, aux avertissements, mais si ça vient dans le feu de l’action tant pis ! Il faut être présent dans les duels. Il faut être à 1000%. Les calculs et les bilans, on les laisse pour la fin du match», avertit Benchikha.

Trabelsi : «Le peuple a eu sa révolution, les joueurs veulent la leur»

Sous son air grave, un peu froncé, ce cache un homme serein et très sympa. La froideur que Samy Trabelsi peut dégager se fond vite sous la chaleur de son sourire qui s’étire toujours aussi facilement comme en cette matinée de lundi, veille de match, où la tension pouvait être pourtant à son paroxysme. Tout comme son homologue Benchikha, Trabelsi affichait bonne mine.

Le sélectionneur de la Tunisie, à qui était échu « l’honneur » d’animer la conférence de presse en premier, a beaucoup insisté, comme son homologue après lui, sur l’air amical qui plane sur cette demi-finale, avant de disserter longuement sur les motivations qui animent son groupe à la veille de cette demi-finale. «Nous sommes passés par des moments difficiles. On n’a pas vraiment eu le temps de préparer comme il se doit cette compétition en raison des événements qui ont secoué la Tunisie ces derniers temps. Ceci a fait que tout le monde était un peu mal à l’aise lorsque nous sommes arrivés ici. On en a beaucoup parlé et on s’est entendu qu’il fallait jouer le coup à fond pour représenter dignement le pays et pourquoi pas offrir un beau cadeau à notre peuple pour cette révolution qu’il avait mené à bien. On a commencé le CHAN, un peu… pas timide, mais avec retenue, je veux dire. L’équipe est sur une courbe ascendante. J’espère qu’on montrera un meilleur visage lors de cette demi-finale. Les joueurs sont très motivés à l’idée d’offrir la Coupe au peuple tunisien. Autrement dit, ils veulent leur révolution».

«On n’a encore rien décidé pour Msakni»

Evoquant le cas d’Oussama Daragi et Youcef Msakni qui ont fait planer un certain doute quant à leur participation à ce match face à l’Algérie, Samy Trabelsi a confirmé le premier, mais doute encore de la capacité du second à revenir à temps pour le match. «Pour Daragi, il sera certainement là. Il n’a pas de blessure grave et son état de santé s’est nettement amélioré ces deux derniers jours.

C’est pour  Msakni  que le doute subsiste encore. On ne sait pas à l’heure qu’il est si on peut compter sur lui ou non. Il a été victime d’une intoxication alimentaire. Ça l’a quelque peu affaibli. On va essayer de l’intégrer ce soir à l’entraînement afin de voir comment il va se comporter. C’est à partir de là, en tout cas qu’on décidera de sa titularisation ou non», a expliqué Trabelsi qui semblait effectivement encore indécis à l’heure où il parlait du cas Msakni.