Nadir Belhadj est avare en déclarations. Depuis qu’il a accordé une interview à l’envoyé spécial du Buteur à Doha, il y a un mois, il ne s’était plu exprimer dans la presse algérienne.
A quelques jours du début du stage pour le match contre le Maroc, et alors que son club, Al Sadd, disputera ce soir un match de Ligue des champions asiatique face à un club ouzbek, il se livre pour nos lecteurs.
On vous imagine heureux d’avoir été rappelé en sélection, même s’il y a eu un «faux départ» avec l’annulation du match amical contre la Tunisie…
C’est évident que je sois heureux ! Tout en respectant le choix du sélectionneur de se passer de mes services à un certain moment, j’attendais ce rappel avec impatience. Je me suis contenté de travailler d’arrache-pied. Là, je reviens grâce à mon travail et à mes performances. Je suis impatient de commencer le stage de préparation du match face au Maroc.
Etes-vous déjà concentré sur ce match ?
J’y pense depuis longtemps, mais je n’y suis pas pleinement concentré en ce moment, car d’ici le début du stage, j’ai encore des matches à jouer avec mon club, Al Sadd. Une fois arrivé en Algérie, je me concentrerai à fond sur cette rencontre que nous n’avons pas le droit de perdre.
En évoquant votre club, comment les choses se passent-elles ?
Je suis très bien à Al Sadd, comme je l’ai toujours déclaré. S’agissant d’un nouveau club situé dans un nouveau pays, il m’avait fallu un temps d’adaptation. Aujourd’hui, je me sens bien dans mon élément. Nous effectuons un bon parcours dans le championnat et nous nourrissons de grandes ambitions dans la Ligue des champions asiatique.
Justement, vous avez un match demain (aujourd’hui, ndlr) dans cette compétition…
Effectivement, après avoir tenu en échec Istiqlal de Téhéran en Iran, nous allons recevoir sur notre terrain Bakhtakour d’Ouzbékistan. Notre ambition est de remporter le match afin de conserver la tête du groupe B. C’est une compétition au niveau assez élevé et qui nous permet de nous frotter à des adversaires d’autres pays.
Etes-vous resté en contact avec le sélectionneur Abdelhak Benchikha ?
Oui. Il m’a appelé à plusieurs reprises. La dernière fois, c’était il y a quelques jours. Il s’informe de mon état de forme, de mes performances. Il me soutient et m’encourage. Je présume qu’il fait ce travail de communication avec tous les joueurs. C’est très important car cela met le joueur en confiance.
Depuis quelques semaines, plusieurs joueurs internationaux, tout comme vous, ont repris du poil de la bête, revenant forts au sein de leurs clubs et enchaînant les bonnes performances. Vous avez toujours dit que tous vos coéquipiers allaient retrouver leur vrai niveau tôt ou tard et voilà que l’avenir vous donne raison…
Oui, je l’avais dit à plusieurs reprises : les joueurs ne peuvent pas être tout le temps mauvais. Chacun passe, à un moment de la saison, par un passage à vide. J’ai vécu ça au début de la saison et il en a été de même pour certains de mes coéquipiers. On les avait donné pour morts et voyez bien qu’ils retrouvent leur niveau. Tout le monde connaît le niveau des Yebda, Ziani, Ghezzal, Yahia et autres Djebbour et leur retour en forme n’est pas une surprise pour moi.
A contrario, trois joueurs sont en train de vivre ce que vous aviez vécu en novembre, à savoir une mise à l’écart : Halliche, Amri et Matmour. Etes-vous confiant quant à leur retour au top ?
Très confiant même. C’est juste un mauvais moment à passer pour eux. Tout le monde connaît leur valeur. Leur talent est indéniable. Il se trouve qu’en cette période, ils jouent peu, mais ils rebondiront, j’en suis convaincu. Je les connais assez pour savoir qu’ils sont forts mentalement et qu’ils peuvent dépasser cette épreuve.
Pas plus tard qu’il y a quelques mois, vous avez vécu ce qu’ils vivent. Les avez-vous appelés pour les soutenir ?
Je vous mentirais si je vous disais que je leur ai parlé personnellement, car avec l’agenda de chacun de nous, ce n’est pas évident de se contacter, mais qu’ils trouvent, à travers vos colonnes, les marques de mon soutien total. Je leur dis : ne soyez pas abattus, continuez à travailler et tout reviendra ! Je sais de quoi je parle.
Vous allez retrouver le stade du 19-Mai-1956 de Annaba pour affronter le Maroc. Avez-vous toujours à l’esprit le mauvais souvenir de la défaite 0-3 contre le Gabon en 2005 ?
Pour moi, c’est du passé. Depuis ce match, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Même au 5-Juillet, nous avons perdu contre la Guinée en 2007, mais nous y sommes revenus et nous y avons gagné des matches. Pour moi, l’essentiel est que nous jouerons dans un stade en Algérie, devant des supporters algériens. C’est le plus important. Nous savions dès le départ que, quel que soit le terrain, il faut gagner ce match. Je pense que c’est très clair.
La sélection du Maroc renferme plusieurs attaquants et milieux de terrain offensifs de talent. Les craignez-vous ?
Je respecte tout le monde, mais je ne crains personne. Certes, ils ont de bonnes individualités, mais nous avons aussi des joueurs de valeur. On dit que les Marocains ont une bonne attaque. Il se trouve que l’Algérie a une bonne équipe. Il n’y a pas de complexe à nourrir à ce sujet. Ce qui est certain, c’est que le match mettra aux prises deux équipes qui jouent au ballon et qui privilégient le technique plutôt que le physique.
Quelle sera, à votre avis, la clef du match ?
Il faudra les presser dès le départ et les empêcher de développer leur jeu. Il nous faudra également garder notre sang-froid et jouer comme nous savons le faire. Vigilance et efficacité, telles sont les deux clefs du match, à mon sens.
Quelle appréciation faites-vous de la participation de l’Algérie au CHAN du Soudan ?
La sélection nationale a sorti de très belles prestations. Elle a démontré qu’elle referme des talents réels. J’ai bien aimé l’état d’esprit dont ont fait preuve les joueurs. D’ailleurs, on voit que certains d’entre eux ont été récompensés en étant convoqués pour le match face au Maroc. Comme quoi, le travail finit toujours par payer. En tout cas, j’ai été très fier de ce que les locaux ont montré durant le CHAN.
Y a-t-il un joueur que vous avez découvert dans cette compétition ?
Oui : Soudani. Il est vraiment prometteur, ce jeune ! Il m’a séduit par sa faculté de jouer sans complexe. Je lui souhaite de progresser et de réussir une très grande carrière.