A la veille des manifestations récusant le président Morsi et appelant à de nouvelles élections présidentielles, l’Égypte retient son souffle. Le spectre de la guerre civile, jamais redouté dans un des pays musulmans les plus tolérants, se profile aujourd’hui avec insistance.
Les Égyptiens qui s’affrontent depuis plusieurs jours dans les rues, ont assisté hier à des confrontations violentes entre partisans et opposants de Morsi. Les clivages ne sont plus politiques mais aussi confessionnelles depuis que les extrémistes de la confrérie se sont amusés à apostasier ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. Hier était un grand jour pour ceux qui récusent Morsi. Prenant pour point de départ, les mosquées dans lesquels se pratiquaient hier la grande prière du vendredi, les Égyptiens ont appelé leur Président à partir.
A El Mahala un des plus grands gouvernorats du pays, des milliers d’ouvriers ont dénoncé la politique du Président islamiste et l’ont sommé de quitter le pouvoir. L’échec de Morsi se mesure à l’ampleur de la faille qui sépare aujourd’hui la confrérie du reste des Egyptiens. Entre chrétiens, sunnite et chiite, et les militants de la confrérie s’est creusé un énorme fossé qui s’est cristallisé par l’assassinat des quatre chiites dans ce petit patelin près de Al Jiza.
Les Egyptiens ont été choqués par cette escalade dans le rejet de l’autre. Après les multiples attaques contre les Coptes, voilà qu’une autre plus petite minorité, celle-ci musulmane, se fait canarder au vu et su des autorités. Cet incident a constitué un électrochoc pour la société
égyptienne et a poussé les Egyptiens à réclamer le départ de celui qui symbolise ce dérapage. Même si Mohamed Morsi a reconnu des erreurs dans sa première année de pouvoir, les Egyptiens n’acceptent pas son discours scissionniste. Censé être le Président de trous les
Egyptiens, ce dernier se range de plus en plus derrière le discours extrémiste de l’aile intégriste de la confrérie.
Les affrontements qui ont dressé hier la confrérie contre le reste de l’Egypte sont un signe avant coureur d’un possible dérapage. Les Egyptiens, craignent plus que tout, que leur pays ne sombrent dans une atroce guerre civile. Aussi, les manifestants qui ont occupé le terrain au Caire, à Alexandrie, El Mahala, Port Saïd ou ailleurs en Egypte disaient vouloir mettre un terme à ce dérapage qui a fragilisé le pays un peu plus. Les militants de la confrérie, sortis défendre la légitimité des urnes de leur Président, se sont accrochés avec les manifestants. Des accrochages qui ont fait plus de 5 morts et des centaines de blessés. Les manifestations prévues pour demain risquent d’être plus violentes.
M. S.
