En attendant le verdict dans l’Affaire des ex-cadres de la CNAN,La défense s’en prend aux pouvoirs publics

En attendant le verdict dans l’Affaire des ex-cadres de la CNAN,La défense s’en prend aux pouvoirs publics
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Les plaidoiries des avocats des ex-cadres de la CNAN impliqués dans l’affaire du naufrage du navire Béchar, entamés après la prière du vendredi, ont pris fin dans l’après-midi d’hier.

La plaidoirie de maître Chorfi Cherif restera gravée dans les mémoires de toutes les personnes qui étaient présentes à la salle d’audience. Plaidant en faveur de l’un des ex-cadres, en l’occurrence Zaoui, l’avocat a reproché au représentant du parquet général le fait de n’avoir pas convoqué à la barre le directeur central de la CNAN, à savoir M. Bouterfa.

Selon le même avocat, le mis en cause devait être à la même place que les accusés. Maître Chorfi estime que ce dernier est entièrement responsable de la tragédie, car il n’a absolument rien fait pour sauver des vies humaines. Le même avocat a estimé que l’ex-président-directeur général du port d’Alger devait être entendu et placé sous mandat de dépôt, car la responsabilité pénale dans cette affaire est formelle. Il a par ailleurs indiqué que le CNOS n’a rien fait pour sauver les victimes. En outre, l’avocat en question a affirmé qu’en dépit des 140 milliards de réserves, les autorités ne sont pas encore en mesure de faire face même à une faible perturbation climatique. Il a cité l’exemple du siège de la cour d’Alger inondé lors des dernières pluies qui se sont abattues sur Alger et ses environs.

Maître Chorfi s’est adressé au procureur général : «Puis-je savoir pourquoi n’avez-vous pas déposé plainte contre le désagrément causé par le métro d’Alger à votre instance judiciaire ?» Il a fait savoir que la convention signée avec Solas n’a pas été respectée, car ni le port d’Alger ni le CNOS n’ont daigné venir en aide aux navigateurs, dont deux n’ont pas été retrouvés.

L’avocat a par ailleurs dénoncé le rôle négatif des députés qui au lieu de constituer une commission d’enquête en leur qualité de représentants du peuple se sont contentés de monter à la terrasse du siège de l’APN et de regarder à travers des jumelles !

Il n’a pas manqué de dénoncer l’ex-ministre des Transports et l’ex-chef de gouvernement et actuel Premier ministre qui ont mis beaucoup de temps pour arriver. Dans le même contexte, il a affirmé que ces derniers sont arrivés trop tard, car ils ont pris tout leur temps pour rompre le jeûne. Il est à rappeler que le représentant du parquet général avait requis la réclusion à vie.

Il convient de signaler que les avocats, dont maîtres Chérif Chorfi, Miloud Brahimi, Mokrane Aït Larbi et Khaled Bourayou, ont d’emblée affirmé que leurs clients sont en train de payer les frais d’une faute qu’ils n’ont jamais commise et qu’ils ont passé six ans en prison pour une affaire qui ne les concerne ni de près ni de loin.

Les avocats ont tenu à préciser que «les véritables responsables de cette tragédie n’ont pas été inquiétés, que ce soit lors de l’enquête préliminaire ou durant l’instruction judiciaire».

Ils ont indiqué que «les responsabilités pénales et criminelles incombent plutôt aux responsables du port et aux gardes-côtes». Selon les avocats, ces derniers n’ont même pas daigné répondre aux cris de détresse que les victimes lançaient du navire, alors qu’ils pouvaient facilement intervenir pour sauver les 18 navigateurs dont les corps de 2 d’entre eux demeurent toujours disparus.

Les avocats n’ont pas caché leur mécontentement quant au mépris affiché par les responsables du port et la manière avec laquelle ils se sont comportés. La preuve, «ils étaient injoignables car leurs téléphones cellulaires étaient hors d’atteinte», a clamé l’un des avocats.

Ils ont par ailleurs affirmé que «depuis leur nomination à travers les différents départements de cette entreprise, les accusés ont réalisé au profit de la compagnie un bénéfice de plus de deux milliards de dinars, alors qu’elle était menacée de dissolution».

S’agissant du naufrage du Béchar et l’échouage du Batna aux Sablettes, les avocats étaient unanimes à dire qu’il s’agissait d’une catastrophe naturelle comme les inondations de Bab El-Oued le 10 novembre 2001. D’où, selon eux, la nécessité de cette remarque : «Notre pays ne dispose pas de moyens sophistiqués pour faire face aux catastrophes naturelles, notamment lorsqu’il s’agit des vents violents et des vagues énormes.» Les avocats ont par ailleurs déclaré que leurs clients n’ont pas la qualité d’armateurs ; par conséquent les textes de loi, dont l’article 479 du code maritime, ne peuvent en aucun cas être applicables à l’encontre de leurs clients.

Selon eux toujours, le navire Béchar «attendait plutôt sa vente car, soutenaient-ils, il souffrait de problèmes techniques». Ils ont en outre sollicité l’ex-PDG du port d’Alger, actuellement incarcéré à la prison de Serkadji, pour une autre affaire, afin de trouver une solution au Béchar, mais ils furent étonnés lorsque ce dernier leur a répondu qu’il n’y avait pas assez de place au port. Les avocats de la défense ont affirmé que les responsables du port ont préféré sauver un navire allemand et abandonner le Béchar.

Enfin, les avocats de la défense ont demandé l’acquittement de leurs clients, «innocents des faits qui leur sont reprochés». Les délibérations sont attendues pour aujourd’hui.

Le verdict sera probablement prononcé demain.

Redouane Hannachi