Officiellement, comme cela a été révélé par la presse nationale, les membres du gouvernement partiront en congé juste au lendemain des festivités du cinquantenaire de l’indépendance du pays, soit plus exactement le 6 juillet prochain.
Mais en réalité, cependant, les ministres donnent la nette impression d’être déjà en congé. L’opinion publique nationale en est, en tout cas, fortement convaincue de ce qui semble être une évidence.
Depuis l’annonce des résultats des élections législatives du 10 mai dernier, les Algériens ont pratiquement les yeux rivés sur la présidence de la République s’attendant à ce que Abdelaziz Bouteflika procède, en vertu de ses pouvoirs constitutionnels, à la nomination d’un nouveau gouvernement.
Un gouvernement qui serait en parfaite adéquation avec les résultats du scrutin législatif. Ce dernier a permis, pour rappel, au FLN de maintenir sa position de première force politique du pays.

En obtenant 208 sièges à l’APN le vieux parti devance de très loin son rival, le RND, qui n’a obtenu que 68 sièges alors que l’Alliance verte, composée des trois partis islamistes que sont le MSP, Enahda et El Islah, s’est classée en troisième position avec 50 sièges. Viennent ensuite le FFS avec 27 sièges et le PT 23 sièges. Le FLN nourrissait dès lors le secret espoir de voir un de ses membres nommé au palais du Docteur-Saâdane à la place d’Ahmed Ouyahia à la fonction de Premier ministre.
Un vœu logique, eu égard aux résultats des élections législatives et ce même si officiellement le secrétaire général de l’ex- parti unique, Abdelaziz Belkhadem, n’a jamais revendiqué le poste de Premier ministre. Interpellé à plusieurs reprises sur la question, il s’est contenté de répondre que cela fait partie des prérogatives du président de la République. Comme quoi Abdelaziz Bouteflika avait toute latitude, comme le lui permettent les dispositions de la Constitution, de nommer la personnalité qu’il veut au poste de Premier ministre.
Ce d’autant que la loi fondamentale ne mentionne nullement que le Premier ministre doit être issu des rangs du vainqueur aux législatives. Ainsi donc depuis la proclamation des résultats des élections législatives c’est le « wait an
see » et le président de la République fait durer le suspense s’agissant d’un remaniement ministériel ou même de la formation d’un nouveau gouvernement. Ahmed Ouyahia est donc toujours en place. Et c’est dans ce contexte de « wait and see » qu’évolue le gouvernement, ce qui d’évidence, s’est répercuté négativement sur son action. En effet l’action de l’exécutif est fortement critiquée car les Algériens ont l’impression, sans doute à juste titre d’ailleurs, que les ministres se contentent juste de gérer les affaires courantes en attendant du nouveau.
Autant dire alors que pour le citoyen, il y a une certaine vacance qui s’est installée au lendemain des législatives puisque les ministres sont pratiquement presque en congé. Cette léthargie, qui est le lot de la majorité des ministères, est davantage visible aux ministères dont la gestion est assurée par des intérimaires.
Six ministres, pour rappel, ont été élus à l’APN et ne font plus partie du gouvernement alors que le ministère de la Justice est géré par un intérimaire après la nomination de Tayeb Belaïz à la présidence du Conseil constitutionnel.
Il s’agit ainsi de Amar Ghoul, ex-ministre des Travaux publics, de Rachid Haraoubia, ex-ministre de l’Enseignement supérieur, Moussa Benhamadi, ex-ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la Communication, de Cherif Rahmani, ex-ministre de l’Environnement, de Amar Tou, ex-ministre des Transports et de Tayeb Louh, ex-ministre du Travail.
Le président Bouteflika, qui a mis fin aux fonctions de ces ministres, les a remplacés par d’autres ministres de l’actuel gouvernement qui assureront l’intérim jusqu’à nouvel ordre. Les informations relatives à ces sept ministères ne sont pas du tout réjouissantes puisqu’il est question de relâchement, voire même d’une certaine anarchie qui s’est installée. Il faut dire qu’en l’absence de ministres titulaires ces sept ministères continueront certainement à vivre cette désastreuse situation.
Une situation qui risque de durer jusqu’au mois de septembre puisqu’aux dernières nouvelles ce n’est qu’à la rentrée que le président Bouteflika a décidé de former le nouveau gouvernement.
Kamal Hamed