Moyens de pêche rudimentaires, pollution dans la mer territoriale, commerce informel avec les armateurs étrangers en haute mer et une chaîne de distribution plus que défaillante. Ce sont autant de facteurs qui expliquent le peu d’offre en poissons sur le marché national, devenu structurellement sous-approvisionné. Mais pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
La réponse est dans la feuille de route de «dynamisation de l’inspection de la pêche» présentée hier par le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi, devant les cadres de son secteur. A vrai dire, nos ressources halieutiques étaient livrées au pillage et l’Etat ne dispose, au jour d’aujourd’hui, d’aucun mécanisme à même de réguler leur exploitation.
Les infractions sont légion : taille des filets, non-respect des quotas, non-respect des zones de pêche par des pêcheurs d’autres pays, pêche lors des périodes de reproduction biologique, etc. De quoi «phagocyter» les réserves. En effet, le ministère, selon M. Ferroukhi, aspire à mettre au point un dispositif pour réduire les infractions aux règles de pêche, à défaut de pouvoir les juguler. «C’est comme les infractions au code de la route. Il y aura toujours des fautifs», a-t-il imagé. Or, les pêcheurs agissent en dehors de tout contrôle.
D’après lui, il manque surtout les «interfaces de coordination» entre les autorités intervenant dans le contrôle de l’activité de la pêche, à savoir l’inspection de la pêche, les gardes-côtes, l’inspection vétérinaire du ministère de l’Agriculture et les directions du commerce. Une faiblesse de coordination qui a entraîné le marché dans un sous-approvisionnement structurel et a engendré un manque à gagner incommensurable. Ainsi, le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques a élaboré une «feuille de route» qu’il a soumise hier au débat lors de la réunion des cadres du secteur. Une réunion à laquelle ont également pris part des représentants des différentes institutions et départements ministériels concernés. Les orientations données par M. Ferroukhi instituent néanmoins un système porté sur la persuasion et l’adhésion. «A mon avis, la répression n’est pas la démarche à privilégier. Quand bien même l’Etat doit protéger les ressources de la collectivité, il ne faut pas que les professionnels se sentent menacés dans leur gagne-pain. D’autant que l’effort à déployer serait insuffisant pour surveiller 9 millions d’hectares de mers territoriales. Or, nous avons 4 500 pêcheurs environ.
Mais quelle que soit l’échelle à laquelle nous travaillons, je suis convaincu que la plupart veulent inscrire leurs activités dans la durée et vont aider l’effort de régulation», a-t-il souligné. Par ailleurs, le ministre a insisté pour que les inspecteurs de la pêche n’attendent pas la mise en service des infrastructures nécessaires pour commencer à travailler. «Vous vous déployez à travers les pêcheries et faites en sorte de trouver les interfaces pour mieux coordonner avec les différents intervenants en attendant qu’il y ait des structures adéquates.
Rendez-vous compte s’agissant des difficultés rencontrées sur le terrain ? Nous allons désormais nous réunir deux fois par an pour évaluer le travail fait et en corriger les failles», a-t-il ajouté. Dans le même contexte, il a insisté pour établir rapidement une «cartographie des zones de pêche» comme prévu dans le «plan d’aménagement des pêcheries ». Un plan devant être mis en application d’abord dans quatre wilayas pilote : Skikda, Tizi Ouzou, Tipasa et Mostaganem en l’occurrence. «Le plan se fonde sur un raisonnement spatialisé de la régulation. Nous devons donc évaluer ce qui va se faire dans les pêcheries de ces wilayas pour perfectionner le système qui nous permettra d’être plus efficaces. La finalité étant de proposer au consommateur un produit de qualité », a-t-il conclu. Il convient enfin de signaler que l’inspection de la pêche a été instituée en 2008 mais elle n’a jamais existé sur le terrain.
L. H.