Le groupe canadien SNC Lavalin, soupçonné d’avoir versé des pots-de-vin pour obtenir des marchés en Algérie, vient d’être radié par la Sonelgaz de tous ses projets en attendant les conclusions de l’enquête ouverte par le parquet d’Alger sur l’octroi du projet de la centrale électrique de Hadjret Ennous à Cherchell.
«SNC Lavalin est blacklisté par mesure de sécurité en attendant de voir les conclusions de l’enquête judiciaire sur le contrat de la centrale de Hadjret Ennous», a déclaré hier le PDG de Sonelgaz, Nouredine Boutarfa, au cours d’une conférence de presse qui a suivi la présentation du bilan 2012 de son groupe.
SNC Lavalin est soupçonné d’avoir versé des pots-de-vin à un intermédiaire en échange de l’obtention du contrat de cette centrale électrique. M. Boutarfa a tenu à préciser que son groupe, cité par la presse dans cette affaire de corruption, n’a rien signé avec SNC Lavalin, pour qu’il soit pointé du doigt. Le seul contrat qu’a conclu Sonelgaz dans le cadre de ce projet est celui portant sur la conversion du gaz naturel en électricité.
Ce contrat a été signé par Sonelgaz et SKH, la société détenant la centrale de Hadjret Ennous. SKH est détenue à 51% par SNC Lavalin et l’émirati Moubadala à travers la joint venture Aiul, et à 49% par les groupes algériens Sonatrach, Sonelgaz et AEC. Le groupe Sonelgaz ne détient que 10% du capital de cette entreprise, selon les précisions du PDG de Sonelgaz. C’est à ce titre que la Sonelgaz n’a pas procédé à une enquête en interne pour s’assurer de l’existence d’un intermédiaire dans la conclusion de ce contrat, puisqu’elle «n’a rien conclu avec le groupe canadien», a-t-il expliqué.
Voulant lever le voile sur l’affaire Hadjret Ennous, M. Boutarfa a indiqué que son groupe a saisi SNC Lavalin sur ce point mais le groupe canadien a nié l’existence d’un tel intermédiaire.
Les responsables de SNC Lavalin ont réaffirmé à plusieurs reprises leur volonté de collaborer pleinement dans le cadre des enquêtes qui ont ébranlé le géant canadien.
La justice algérienne attend les conclusions des commissions rogatoires internationales sur d’éventuelles implications de personnalités algériennes, selon le parquet d’Alger. Avril dernier, la Banque mondiale avait radié la compagnie canadienne SNC Lavalin Inc et ses filiales, pour une période de 10 ans, de tous ses projets pour inconduite de cette entreprise dans le cadre d’un projet au Bangladesh. La durée de la sanction prise contre SNC Lavalin est la plus longue jamais prise par la Banque mondiale contre une firme impliquée dans des affaires de corruption.
Signalons, par ailleurs, que la société gère encore certains chantiers en Algérie et ses responsables cherchent constamment à garder des relations moins tendues aussi bien avec les maîtres d’œuvre qu’avec les fournisseurs de services et d’équipements. La police québécoise avait relevé plusieurs versements effectués en 2009 par SNC Lavalin, pour la conclusion de contrats gaziers en Algérie.
Ces versements avaient atterri dans des comptes ouverts au nom de Farid Bedjaoui, proche de Chakib Khelil, qui apparaît dans toutes les affaires montées avec la compagnie canadienne et sa rivale italienne, Saipem.
Khaled Haddag