Les gardes communaux ne sont pas satisfaits des résultats de leur rencontre avec le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, tenue ce mardi au siège de son département. Le bras de fer, entretenu par certaines divergences de points de vue, perdure, au point où les protestataires menacent d’actions plus radicales si leurs problèmes ne venaient pas à être résolus dans les 72 heures.
«Ce que nous a proposé le ministre de l’Intérieur, c’est de la poudre aux yeux !», a estimé M. Aliouat Lahlou, membre de la délégation reçue par Dahou Ould Kablia et représentant de la wilaya du Bouira. Joint hier, par nos soins, par téléphone, le représentant du Bouira a indiqué que «nous sommes toujours en rassemblement ouvert à Blida.
Les gardes communaux attendront 72 heures pour espérer une réponse du président de la République et du ministre de la Défense par rapport à leur plate-forme de revendications telle que remise au ministre de l’Intérieur, faute de quoi nous opterons pour de nouvelles actions de protestation, notamment une autre marche vers la capitale ainsi que de mouvements d’envergure pour faire valoir nos droits», a fait savoir M. Aliouat.
Alors que le ministère de l’Intérieur évoque de «nombreux» acquis obtenus par les éléments de la garde communale, cette dernière assure que ses principales revendications restent insatisfaites.
Aliouat Lahlou évoque, en premier lieu, le statut du garde communal. «Nous sommes toujours classés à la 6e catégorie, correspondant à celle d’un agent d’administration. On est payés à ce grade alors qu’on fait le travail d’un militaire», regrette-t-il. «Il y a également le problème des heures supplémentaires et de la retraite anticipée. Quand un garde communal sort en retraite anticipée, il touche 18 000 DA et n’a pas le droit de travailler ailleurs», déplore-t-il.
Et d’ajouter que «l’on affirme que toutes les doléances des gardes communaux ont été réglées alors qu’en réalité, les principales revendications n’ont pas été satisfaites». Le représentant de la wilaya de Bouira a indiqué que «les gardes communaux arrêtés lors de la marche organisée lundi dernier font objet de poursuites judicaires», faisant savoir que «jusqu’à maintenant, on recensé 36 plaintes». «On a reçu une convocation.
Les gardes communaux sont poursuivis pour attroupement sur la voie publique», a-t-il fait savoir. «Mais ils ne comptent pas baisser les bras», a-t-il ajouté. «On a installé une cellule de crise qui sera chargée de recenser le nombre de blessés, et elle déposera une plainte prochainement. On a plusieurs blessés et un disparu», a-t-il déclaré.
DAHOU OULD KABLIA : «LES REVENDICATIONS DES GARDES COMMUNAUX SONT SATISFAITES»
Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales a fait part, mardi dernier, des «nombreux» résultats obtenus par les éléments de la garde communale.
Des éléments qui avaient été empêchés, lundi dernier, de marcher vers le siège de la présidence de la République pour y tenir un rassemblement et revendiquer des droits socioprofessionnels. «Grâce aux passerelles de communication et d’écoute ouvertes par le ministère de l’Intérieur, de nombreux résultats ont pu être obtenus, notamment en ce qui concerne la prime de panier et le régime indemnitaire», a indiqué le ministère dans un communiqué publié après la rencontre entre Dahou Ould Kablia et les représentants des éléments contestataires de la garde communale, rapporte l’APS.
Il s’agit de la revalorisation de la prime de panier mensuelle qui est passée de 3 000 à 4 200 DA, de l’application du régime indemnitaire avec effet rétroactif à compter du 1er janvier 2008 et permettant le relèvement de la prime de rendement de 20 à 30 %, calculée sur le nouveau traitement, et de 10 % de l’indemnité de risque et d’astreinte jusqu’à 35, 40 et 45 % calculée également sur le nouveau salaire, lit-on dans le même texte.
C’est ainsi que les éléments de la garde communale bénéficieront, grâce à ces revalorisations, d’un rappel pour la période du 1er janvier 2008 au 1er juillet 2011, date de mise en œuvre du nouveau régime indemnitaire, entraînant de facto la revalorisation des salaires de la période de référence servant pour le calcul des retraites proportionnelles exceptionnelles.
Il est également question de la mise en œuvre d’un dispositif exceptionnel de retraites proportionnelles suite à la promulgation du décret exécutif 11-354 du 5 octobre 2011, souligne la même source. Ce dispositif permet la mise à la retraite des agents cumulant quinze années de service au 31 décembre 2012, sans condition d’âge, avec rachat des droits par le Trésor public pour compenser le manque à gagner de la Caisse nationale des retraites (CNR) sur les années de cotisation manquantes.
Il est à signaler, dans ce contexte, que le nombre de demandes déposées est de 44 057 et que celles-ci ont été validées et seront transmises incessamment aux services de la CNR pour leur prise en charge, a assuré le ministère. Parmi les résultats obtenus, figure l’institution de l’indemnité spécifique d’invalidité pour les éléments de la garde communale souffrant d’invalidité, et ce suite à la promulgation du décret exécutif 11-353 du 5 octobre 2011, indique encore le communiqué.
Cette indemnité, calculée sur la base du dernier salaire de l’intéressé, «est cumulable avec le salaire d’activité, la pension de retraite et les rentes de sécurité sociales». Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales a exprimé, à ce propos, «sa disponibilité pour régler tout dossier d’ayants droit de gardes communaux victimes du terrorisme, dans le cadre de la réglementation en vigueur », ajoute le communiqué.
Mohammed Zerrouki