Ce n’est pas à l’Etat de développer le haut débit, mais en Algérie, l’Etat a décidé de le faire quand même. C’est en résumé le message que Moussa Benhamadi a voulu adresser aux Algériens lors de sa visite d’inspection dans la wilaya de Tamanrasset à l’extrême sud du pays.
Alors que le rôle des pouvoirs publics est sévèrement critiqué dans le développement du haut débit en Algérie, le premier responsable du secteur des TIC et de la poste, à savoir Moussa Benhamadi, a fait remarquer que les investissements consentis dans ce domaine par l’Etat aboutiront à « un manque à gagner ».
« Au Maroc, ce sont des sociétés privées qui investissent dans ce type de projet et ce n’est pas toute la population marocaine qui a accès aux services internet. En Algérie, par contre, même les localités de 400 à 500 habitants seront désormais connectées au réseau de la fibre optique. Nous devons parallèlement installer le réseau de distribution et la boucle locale. Le défi est de parvenir à avoir l’équilibre dans toutes les régions. Il y a certainement un manque à gagner, mais nous œuvrons au remplacement des installations vétustes par l’introduction des technologies nouvelles pour améliorer la qualité du débit et, du coup, satisfaire les abonnés d’Algérie Télécom », a expliqué ainsi le Ministre d’après lequel l’Etat fait trop pour les TIC en Algérie à cause de l’absence d’un secteur privé solide et développé.
Et pour prouver la bonne volonté de l’Etat, Moussa Benhamadi a annoncé que plusieurs localités situées au sud du pays vont bénéficier gratuitement de la connexion internet. Ainsi, à titre d’exemple, dans la localité d’In-Mguel (située à 130 km de Tamanrasset), pas moins de 33 écoles primaires seront raccordées gratuitement au réseau internet pendant deux ans. Mais pour ses détracteurs, ces initiatives, certes louables, ne suffisent guère pour booster le secteur des TIC, un secteur qui demeure sous l’emprise politique de l’Etat, dénonce-t-on.

A ce titre, le spécialiste des TIC Ali Kahlane a déploré la marge de manœuvre limitée octroyée par l’Etat algérien aux acteurs privés des TIC. « Si Algérie Télécom avait permis à des fournisseurs de services internet d’en développer avec elle pour le bien du citoyen, nous ne serions pas que de simples consommateurs de connectivité internet. Nous aurions eu un Internet avec un contenu hautement algérien dont les coûts seraient à la portée de toutes les bourses », a regretté récemment ce spécialiste selon lequel même « avec la meilleure volonté du monde, ce qui ne suffit malheureusement pas de nos jours, l’opérateur historique ne peut développer seul Internet dans notre pays ».
L’Etat algérien va donc perdre beaucoup d’argent à cause de sa politique. Mais il a déjà fait perdre à l’Algérie un temps précieux de 10 ans dans ce secteur stratégique.