Cette année, l’Algérie a connu des dizaines d’enlèvements causant dans certains cas la mort des victimes, incitant les législateurs à se poser une question : faut-il ou non prononcer la peine capitale contre les kidnappeurs d’enfants?
Le débat est remis encore une fois sur le tapis à l’occasion de la présentation par le gouvernement d’un projet de loi amendant le code pénal qui introduit des sanctions et des peines pour faire face aux enlèvements d’enfants.
Ce débat a fait réagir le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, qui a demandé mardi 10 décembre l’ouverture d’un débat public sur la peine de mort.
Quelques jours auparavant, le ministre de la Justice Tayeb Louh avait présenté un projet de loi attendu aussi bien par la classe politique que par la société civile.

Ce texte du 5 décembre propose des mesures coercitives allant jusqu’à la perpétuité pour les enlèvements d’enfant et à la peine capitale si l’enlèvement entraîne la mort de la victime.
Cet amendement s’inscrit dans le cadre de « la mise en place de mécanismes juridiques efficaces de lutte contre la criminalité pour en punir les auteurs, au regard des proportions dangereuses qu’elle a prises et qui menacent la sécurité des individus et de la société », a déclaré le ministre.
Mais le projet du gouvernement ne fait pas l’unanimité au sein du Parlement.
Le Front des Forces Socialistes (FFS), parti de l’opposition, appelle à l’ouverture d’un débat national autour de la peine de mort.
Un débat qui doit se faire, selon le député du parti Chafaâ Bouaîch, « dans le calme et la sérénité ».
Mais pour le Parti des Travailleurs (PT), la peine de mort doit tout simplement être abolie du code pénal.
Pour Lakhdar Benkhelaf, député du parti islamiste El Adala, l’article 293 bis du projet de Code pénal « reste flou concernant l’application de la peine de mort sur les personnes impliquées dans le kidnapping et le viol des enfants ».
Le président de la CNCPPDH, Ksentini, a salué la participation au débat des différents partis.
« Les députés sont libres de faire des propositions. Ils ont certainement leurs arguments et leurs raisons, mais pour nous, l’essentiel est d’arriver à l’ouverture de ce débat, afin de trouver la solution idoine », a-t-il expliqué à Magharebia.
Le 19 novembre, le jury du tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou avait confirmé la peine capitale contre les trois accusés dans l’affaire de l’assassinat de Ghilès Hadjou, après son enlèvement en octobre 2012.
L’année 2013 a connu plusieurs cas d’enlèvement et d’assassinat d’enfant, des actes qui ont provoqué une grande colère dans la société.
Les ONG et les familles des victimes ont exigé l’application de la peine de mort contre les kidnappeurs.
« C’est une peine dissuasive qui a pour objectif de mettre un terme à ce phénomène qui a pris une grande ampleur », précise Amina Saoul, étudiante à l’université.
Hichem Ouali, étudiant, estime qu’il faut être sans pitié avec les kidnappeurs et les violeurs d’enfant.
« Ce sont des criminels qui ont brisé des familles. Ces personnages constituent un réel danger pour la société algérienne. Je propose que la peine maximale soit retenue contre eux », ajoute-il.