En Algérie et dans les autres pays magrébins : Les barrages d’eau menacés par l’érosion

En Algérie et dans les autres pays magrébins : Les barrages d’eau menacés par l’érosion

En Algérie, l’eau est disponible mais sa gestion et sa maintenance font défaut, estimait hier Said Benhafid, directeur de l’Ecole nationale supérieure d’hydraulique (ENSH), à l’ouverture à Alger du quatrième colloque international, de deux jours, sur les ressources en eau et le développement durable.

«Dans notre pays, nous n’avons pas une surconsommation de l’eau. Au fait, nous sommes actuellement à 160 litres/jour par habitant alors que nous devrons atteindre les 250 L/jour. L’Algérie a, certes, investi dans le secteur en adoptant de nouvelles mesures, tel le dessalement d’eau mais le problème de gestion et de maintenance demeure. Notre pays, par exemple, n’est pas encore dans les normes en matière de traitement des eaux usées, comme c’est le cas d’ailleurs des autres pays magrébins», explique-t-il.

Chose que l’expert de l’Institut magrébin de l’eau en France, M. Benblidi, confirme en faisant savoir que dans notre pays, à l’instar des autres pays du Maghreb, les capacités de maîtrise de crue sont en diminution, en matière de barrages d’eau notamment qui sont menacés par l’érosion. «140 milliards de mètres cubes disparaissent chaque année à cause de l’érosion au Maghreb. A ce rythme, les ressources des barrages seront classées comme étant des ressources non renouvelables au lieu de renouvelables. Dans cette région, les capacités des barrages sont estimées actuellement à 26 milliards de mètres cubes, dont 4,5 en Algérie. D’ici 2050, cette capacité baissera jusqu’à 21 milliards de M3 et jusqu’à 14 milliards de M3 à l’horizon 2100», avertit-il.

Pour ne pas en arriver là, soutient-il, des efforts en matière de gestion et de lutte contre l’érosion doivent être fournis. D’autant plus que dans ces pays, il y a une surexploitation des ressources souterraines renouvelables et non renouvelables. «30 % de ces ressources sont frappées par la non durabilité. Il faut donc réfléchir à l’approvisionnement à long terme de ressources exclusivement durables et à suivre une gestion économe des ressources que l’Algérie en particulier pratique déjà. Mais il faut faire plus avec la mise en œuvre de nouvelles techniques. Il faut savoir que ces problèmes affecteront l’irrigation d’une façon particulière», souligne-t-il. Un problème que l’Algérie doit prendre au sérieux, elle qui ambitionne, selon Azib Mekhlouf, représentant du ministère de l’Agriculture et du développement rural, d’assurer l’irrigation de 1,2 million d’hectares d’ici 2014.

Par ailleurs, et dans le monde, les experts notent une surconsommation d’eau dans les pays du Nord en particulier, qui favorise l’épuisement prématuré des sols et des ressources naturelles. En outre, révèlent-ils, un sixième de la population mondiale n’a pas accès à l’eau potable et un tiers n’est pas relié à des systèmes d’assainissement. «Toutes ces préoccupations sont à l’ordre de ce colloque dont l’impact se fait déjà sentir. En effet, lors de ses éditions précédentes, le colloque est sorti avec une série de recommandations qui sont appliquées actuellement, y compris par l’Algérie, relatives, entre autres, au traitement des eaux usées et au dessalement de l’eau», conclut-il.