La ruée sur les boulangeries la veille et durant les deux jours de la fête de l’Aïd est devenue, hélas, elle aussi, une coutume
Comme pour le lait, les citoyens doublent leur commande à l’approche et pendant l’Aïd, provoquant une rupture de pain exposé à la vente.
L’histoire du chat échaudé hante toujours les Algériens qui prennent d’assaut les magasins d’alimentation générale et les boulangeries la veille de chaque Aïd de peur de la fermeture des commerces durant la fête. Par leur comportement, ils provoquent aussitôt un dérèglement du marché qui mettra plusieurs jours, parfois, avant de revenir à la normale.
C’est le cas du lait, notamment dont les stocks s’épuisent en un rien de temps, en raison de la demande qui a doublé, voire triplé. Dans certains quartiers, la livraison s’est effectuée tard dans la soirée ou très tôt le lendemain. Seuls ceux qui étaient au courant sont parvenus à s’approvisionner en achetant pratiquement toute la quantité de lait mise en vente. La plupart n’ont pensé qu’à eux et ne se sont, à aucun moment, soucié des autres. En effet, celui qui d’habitude achète deux sachets de lait, en réclame le double ce jour-là. Certains en commandent six, d’autres, huit et parfois dix, prétextant qu’ils ont beaucoup d’enfants. D’autres qui ont pourtant, déjà, été servis, n’hésitent pas à revenir pour acheter quelques sachets de plus, afin de prendre leurs devants en cas de pénurie ou de fermeture prolongée des commerces après l’Aïd. La ruée sur les boulangeries la veille et durant les deux jours de la fête de l’Aïd est devenue, hélas, elle aussi, une coutume qui se perpétue malgré les appels au calme de l’Union générale des commerçants et artisans algériens et du ministère du Commerce, promettant qu’un dispositif a été mis en place afin d’assurer un approvisionnement régulier de la population en pain. Comme pour le lait, les citoyens doublent leur commande à l’approche et pendant l’Aïd, provoquant une rupture rapide de la quantité de pains exposés à la vente. Dans la plupart des familles, on s’est donné le mot pour se procurer du pain, quitte à ce que tout le monde en achète et se retrouve avec un surplus qui finira, malheureusement, dans les poubelles. Selon certaines statistiques, les Algériens achètent en moyenne, 60 millions de pains par jour. Durant le mois de Ramadhan, ils en jettent quotidiennement 6 millions. Un chiffre qui donne des sueurs froides et qui prouve qu’en matière de gaspillage de pain, les Algériens sont passés vraiment maîtres. Ils n’ont pas tort, en tout cas, ceux qui affirment que les Algériens n’ont pas de culture alimentaire. D’ailleurs, il n’y a pas que le lait et le pain, les Algériens gaspillent énormément de sucre, de farine et d’huile pour la préparation de gâteaux traditionnels, particulièrement à l’occasion des fêtes de l’Aïd, de mariages ou d’une cérémonie organisée en l’honneur d’un père ou d’un proche qui a effectué un pèlerinage à La Mecque. Dès lors, il ne faut pas s’étonner si la facture de nos importations est en hausse et que malgré tous les efforts qu’il déploie, le gouvernement n’est pas parvenu à la freiner. Selon des spécialistes en économie, la facture alimentaire risque d’exploser en raison, expliquent-ils, de l’absence d’un plan Orsec destiné à booster la production nationale et limiter nos importations. Beaucoup de produits, tels que les fruits exotiques, rentrent régulièrement en Algérie, alors qu’ils ne sont pas recensés comme produits de première nécessité. Récemment, à l’occasion d’une virée dans les marchés de la capitale, on a trouvé du raisin importé, affiché à 530 DA le kg! Un luxe qu’un Algérien moyen ne peut pas se permettre. D’ailleurs, la facture après le Ramadhan risque d’être pour lui très salée. En dépit de la baisse des prix des légumes par rapport à l’année dernière, des millions d’Algériens ont éprouvé des difficultés pour terminer le mois et ont dû recourir à l’emprunt pour se tirer d’affaire.
