L’engouement qui anime les Algériens après la qualification des Verts en demi-finale du CHAN doit être mesuré dans l’esprit des joueurs, même si le peuple s’enflamme et leur réclame le sésame qui nous mènera enfin à la finale. Rien n’est encore gagné cependant, même si la ferveur nous fait oublier que l’adversaire du jour est aussi bien motivé, si ce n’est plus…
Face à la révolution du Jasmin
En effet, bien que les locaux algériens aient affiché une grande envie d’exister par le biais de ce CHAN, les Tunisiens, aussi, ont des ambitions et pas des moindres. Après les évènements qui ont secoué leur pays, les éléments de motivation ne manquent pas. S’installe au sommet cette grande niaque qu’ont les joueurs tunisiens qui rêvent de déposer le trophée continental, comme un diadème sur la tête de leur historique révolution du Jasmin. Quoi de plus retentissant pour la Tunisie qui, en se débarrassant de Benali et ses 40 voleurs, se permettra le luxe de rester à la tête de l’Afrique, tant en révolution qu’en football.
Les Zambiens de Kalusha ne sont pas morts pour rien
C’est dire combien il faudra rester tempéré dans nos jugements avant la fin de la rencontre d’aujourd’hui. Les Tunisiens semblent survoltés et veulent aller au bout de tous leurs rêves.
Les barrières sont tombées devant leurs pieds et plus personne ne les effraie désormais. Face à l’Algérie, les Tunisiens seront hyper motivés, comme l’ont été avant eux d’autres, dans des circonstances à peu près similaires. A commencer par la Zambie de 1994, emmenée par Kalusha Bwalya qui avait étonné tout le monde en allant jusqu’à la finale de la CAN, la ratant de peu, devant les géants incontestés de l’époque, les Nigérians de Rashidi Yekini et consorts (2-1).
Pour mieux comprendre l’exploit des Zambiens, il faut rappeler qu’un an auparavant, en avril 1993, les Chipolopolo avaient péri dans un crash d’avion emportant tous les joueurs de la sélection, à l’exception de deux rescapés (Bwalya et Musonda) qui ont repris le flambeau au nom de tous les morts. La suite a été magnifique !
L’Etoile rouge de Belgrade, au nom des ethnies yougoslaves
Un autre exemple est à méditer par Benchikha et ses joueurs. Il s’agit de l’Etoile rouge de Belgrade, version 1991 qui avait réussi à éliminer le grand Bayern de Munich en demi-finale (4-3), avant de s’offrir la Coupe aux grandes oreilles devant l’Olympique de Marseille aux tirs au but (5-3). Cette équipe yougoslave, qui était composée de joueurs talentueux issus des ethnies rivales qui allaient se faire l’impitoyable guerre quelque temps après, avait puisé ses ressources dans cette force commune qui animait les joueurs entre eux. Prosinechki, Mihajlovic, Savicevic, Pancev et consorts avaient l’immense désir de montrer aux yeux de leurs concitoyens et du monde entier, que la Yougoslavie unie pouvait réaliser des merveilles. Tout cela, parce que la finale s’était jouée au… mental
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L’exemple de l’Algérie 1990
Le meilleur exemple sur lequel Metref et ses camarades devront se baser, reste incontestablement celui de l’Algérie de 1990. Lors de cette CAN, Madjer, Menad et les autres Verts avaient joué en parfaite harmonie avec le peuple qui vivait là, le début des tensions politiques. Les divisions entre les différentes parties au sein du peuple avaient interpellé les joueurs de Kermali qui se sont donnés pour eux et pour toute l’Algérie. Le parcours a été aussi parfait que la communion qui avait lié les supporters aux joueurs. Au point où certains ont fini par dire que c’est le peuple qui avait gagné la CAN 90 et pas seulement les joueurs. C’est à cela que Benchikha et ses protégés devront penser avant d’affronter les révolutionnaires tunisiens. Mais il faudra aussi qu’ils pensent que leur envie de laver l’affront est plus grande. Car de ce match et de ce CHAN dépendra leur avenir chez les A. Et cela, vaut mille révolutions de Jasmin !
Daragi OK, Msakni incertain
Nous en parlions dans notre dernière livraison, deux joueurs tunisiens ont dû être évacués à l’hôpital, plus ou moins dans l’urgence, à la fin du match Tunisie-RDC (1-0). Il s’agit de Oussama Daragi et Youcef Msakini. Le premier présentait une blessure au coude et on a voulu apparemment lui faire des radiographies afin de s’assurer qu’il n’y avait pas de fracture.
Le joueur qui a, du reste, pris part à la rencontre est reparti apparemment rassuré. Samy Trabelsi disait hier matin en conférence de presse que tout était OK et que son joueur sera, sauf grosse surprise, apte à prendre sa place ce soir. Daragi a d’ailleurs pris part le plus normalement du monde à la séance d’entraînement d’hier. En fait, c’est concernant Msakni que les doutes persistent encore. Le sélectionneur tunisien affirmait à ce sujet hier en conférence de presse qu’à l’heure où il parlait il n’était pas en mesure d’avancer quoi que ce soit. «Il est difficile de se prononcer. Msakni a été victime d’une intoxication alimentaire. C’est quand même assez grave. On attend toujours de voir comment il réagit au traitement. Il va tenter de s’entraîner avec le groupe ce soir (hier, ndlr). Après, on décidera en fonction de sa réaction si on pourra l’aligner ou pas.
Ce qui est certain à l’heure qu’il est, c’est qu’aucune décision n’a été prise», dit donc Trabelsi. Celui-ci a décrété le huis clos lors de la séance d’hier qui était, l’on imagine, consacrée à la mise en place et la répétition des stratégies de jeu. Ce qui fait qu’il était un peu difficile de se rapprocher du groupe afin de s’enquérir de l’évolution du milieu de terrain dont la participation à cet Algérie-Tunisie demeure toujours incertaine, si l’on se fie à l’indécision de Samy Trabelsi qui disait ne pas être en mesure de se prononcer sur le cas Msakni. Wait and see.