Hier matin au Palais de l’amitié de Khartoum, s’est tenue la 33e assemblée générale ordinaire de la CAF, le deuxième grand événement qu’aura donc abrité ce palais présidentiel après le référendum du 9 février dernier, qui avait entériné l’autonomie du Sud.
Etaient présents à cette AGE, en plus d’Issa Hayatou, président de la CAF et de tous les élus des 53 associations et autres membres du comité exécutif, Ahmed Omar El Bachir, président de la République du Soudan, Sepp Blatter, président de la Fifa , Michel Platini, président de l’UEFA, et enfin Mohamed Benhamem, président de la Confédération Asiatique de Football. Comme l’ordre du jour l’indique, il a été donc question lors de cette AGO de présenter les bilans moral et financier de la CAF pour l’année 2010.
Hayatou : «Certains matchs de ce CHAN n’ont rien à envier à ceux de la CAN»
Prévus à 9h (7h heure algérienne), les travaux ont débuté avec une demi-heure de retard, après l’allocution de Issa Hayatou qui a dit, non sans une pointe de fierté, toute sa satisfaction du bon déroulement de ce CHAN dont «certains matches n’ont rien à envier en matière de spectacle et de niveau à ceux de la CAN». Le Camerounais, à la tête de la CAF depuis 1988, n’a pas omis de remercier l’Etat soudanais, à sa tête le président El Bachir, présent à ses côtés, pour son implication directe dans l’organisation de ce tournoi.
«Le plus grand mérite revient au Soudan, à ses responsables qui se sont impliqués de manière directe dans la réussite de cette compétition. Il y a eu du spectacle, de l’engouement. Que ce soit à Oued Madani ou à Port Soudan, les stades affichaient à chaque fois complet», dira donc Hayatou non sans une pointe de satisfaction qui fait office de pied de nez à ses nombreux détracteurs qui, dit-il, n’ont pas raté l’aubaine pour lui tomber dessus, lui et la confédération qu’il dirige après la décision de créer le CHAN. «Encore une fois, les critiques étaient acerbes. Elles venaient de partout. D’abord, on s’était plaint du fait de surcharger un calendrier déjà démentiel, puis du manque d’intérêt, sportivement et médiatiquement parlant. Rien de tout ça, finalement. Je suis heureux de dire aujourd’hui toute ma satisfaction quant à la réussite de ce tournoi», s’était-il félicité.
Blatter : «Les recettes générées par le Mondial sud-africain n’ont jamais été atteintes jusque-là»
Par la suite, c’est à Sepp Blatter, le président de la Fifa, à qui a échu la parole pour une courte allocution très animée donnée sur un ton décontracté qui frise la bonne humeur. Contexte aidant, c’est de l’Afrique et de sa Coupe du monde que le Suisse a le plus parlé. «Mon ami Hayatou a parlé du présent et du futur. Permettez-moi de parler d’un passé tout récent, 2010, qui a vu l’Afrique accueillir sa première Coupe du monde. Beaucoup n’y ont pas cru. Il s’était même dit que nous allions droit dans le mur en confiant l’organisation de la Coupe du monde Fifa à l’Afrique du Sud. Voilà que, finalement, la suite a fini par nous donner raison. Je vais me permettre quelques chiffres. Je ne vais pas tout dévoiler, car je réserve l’exclusivité à l’assemblée générale qui aura lieu les 31 mai et 1er juin prochain, mais je vais vous dire quand même que pour les quatre années 2007, 2008, 2009 et 2010, nous avons atteint un record jamais égalé en matière de recettes.
Permettez-moi de vous dire que les bénéfices générés par cette Coupe du monde en Afrique du Sud sont bien supérieurs à ceux de la Coupe du monde en Allemagne en 2006. Je vais donner des chiffres. Le taux de réserve aujourd’hui est de 1,2 milliard de dollars, contre 800 millions de dollars en 2006. Au-delà des chiffres, je voudrais dire que lorsque nous avions accordé l’organisation de la Coupe du monde Fifa 2010 à l’Afrique du Sud, et par là même à l’Afrique, c’est un sentiment de confiance que nous avions manifesté. Ce sentiment n’a pas été trahi», a-t-il dit, non sans rappeler le bon parcours réalisé par les équipes africaines, que ce soit au niveau des sélections (il a cité l’exemple du Ghana) ou en clubs (TP Mazembe).
«Le choix du Qatar 2022 a été plébiscité, il sera appliqué»
Restant dans le même ordre d’idées, Sepp Blater n’a pas manqué d’applaudir le choix d’accorder l’organisation du Mondial 2022 au Qatar. «Là aussi, on part dans une nouvelle culture. C’est la première fois aussi qu’un pays arabe est désigné pour l’organisation d’une Coupe du monde Fifa et nous en sommes très ravis. Là aussi, beaucoup de choses ont été dites. J’ai même entendu dire que nous allions faire machine arrière et retirer l’organisation au Qatar… Faux ! Ce choix a été plébiscité, il sera appliqué», a-t-il promis.
«Les résultats du CHAN vont être pris en compte dans le classement Fifa»
Le moins que l’on puisse dire est que Issa Hayatou compte bien faire de ce CHAN une compétition aussi valorisée que la CAN. «Je vais trahir un secret, dit Hayatou, j’ai demandé au président Blatter à ce que les résultats du CHAN soient pris en compte dans le classement Fifa des sélections.» Applaudissements de la salle.
Omar El Bachir n’a pas manqué ça
Comme nous l’écrivions dans ces mêmes colonnes lors de notre livraison d’hier, le président soudanais, Ahmed Omar El Bachir était présent à l’ouverture de cette 33e assemblée générale ordinaire de la CAF avant de se retirer, une fois les travaux entamés, non sans avoir, au préalable, adressé un petit discours au cours duquel il avait rappelé tous les efforts consentis par son gouvernement pour la réussite de ce tournoi, et non sans inviter les présents à sillonner les rues de Khartoum pour constater les réels progrès effectués jusque-là en matière d’économie, mais surtout de sécurité, a-t-il insisté. Omar El Bachir, qui était entré et sorti sous l’hymne national soudanais joué par une troupe de la Garde républicaine, n’était resté en tout et pour tout que le temps d’écouter les discours des deux présidents, de la Fifa et de la CAF. Une fois n’est pas coutume, il a troqué son légendaire habit blanc traditionnel contre un costume beige, sans cravate, cela dit, non pas pour donner un caractère informel à sa présence. Une histoire de goût, sans aucun doute !
A la CAF, un Fahmy en cache un autre !
Avant que débutent officiellement les travaux de cette 33e assemblée générale ordinaire, Issa Hayatou avait tenu à ce que soient honorés des membres du Comité exécutif de la CAF qui «nous quittent non sans un pincement au cœur», regrettait-il. Il s’agit de l’Egyptien Mostapha Fahmy, secrétaire général de la CAF depuis 1982, et du général Syi Memene, premier vice-président de la CAF. Le premier a été appelé à d’autres fonctions autrement plus valorisées à la Fifa, quant au second, il a atteint la limite d’âge (70 ans, ndlr). A ces deux membres, Issa Hayatou a décerné donc la médaille d’or du Mérite qui consacre l’ensemble de leur carrière, que le Camerounais a retracée en quelques mots pleins d’émotion, après avoir écrasé une larme qui débordait à la lisière de ses paupières. Drôle de coïncidence, c’est le fils de Mostapha Fahmy, Amr, qui a remis à son paternel la médaille du Mérite. «Fahmy nous quitte, mais il nous laisse son fils !» a plaisanté Hayatou. Il semble donc que la dynastie des Fahmy n’est pas près de s’éteindre à la CAF, puisque la relève est déjà assurée. Mostapha Fahmy avait, en effet, succédé à son père Mourad, en 1982, à la tête du secrétariat général de la CAF qu’il a dirigée jusqu’en octobre 2010.
Platini s’est éclipsé en catimini
Michel Platini, le président de l’UEFA, a été donc convié à assister à cette 33e assemblée générale ordinaire de la CAF qui s’est déroulée hier à Khartoum. Le Français, qui avait assisté à l’ensemble de l’assemblée, s’est éclipsé en catimini dès la fin du dépouillement des élections de deux membres au Comité exécutif de la Fifa. Alors que Blatter était resté pour adresser un petit mot à la presse, l’ex-meneur de jeu des Bleus a dribblé tout le monde en se frayant un chemin au milieu de la foule, ni vu ni connu !
«Moi, je n’aurais jamais tenté cette Panenka ! »
Michel Platini était revenu avec Mohamed Mecherara sur le match d’avant-hier entre l’Algérie et la Tunisie auquel il avait assisté durant la courte pause qu’avait observée l’assemblée. «Moi, je n’aurais jamais tenté cette Panenka !», a lancé le Français à Raouraoua. Allusion faite, vous l’aurez compris, au penalty raté par Hocine Metref qui avait raté son penalty. On aura donc beau s’appeler Platini, il y a des gestes que même le célèbre numéro 10 des Bleus n’aurait pas tentés !
Seyi Memene, président d’honneur à vie !
Bien qu’il quitte officiellement la CAF dont il était le deuxième vice-président, le général Seyi Memene, à qui on avait décerné la médaille d’or du Mérite, restera pour la postérité. En effet, Issa Hayatou a demandé à ce qu’il soit nommé vice-président d’honneur de la CAF à vie. Ce qui fut fait, l’assistance n’ayant émis aucune objection.
L’IRM pour définir l’âge exact des joueurs
Afin de combattre la tricherie, notamment dans l’âge des joueurs, la CAF a décidé de recourir à l’IRM pour définir l’âge exact des joueurs participant aux compétitions de jeunes catégories. Cette technologie a été expérimentée lors du championnat d’Afrique des U17 et sera prolongée aux phases de qualifications, avait annoncé Issa Hayatou. «Cela va coûter un budget colossal à la CAF, mais on le fera quand même dans le but de combattre la tricherie.» Il était temps.
Moucharafou, Tenga, Kalusha et Kwesi élus au comité exécutif
Avant de procéder aux élections de deux membres au comité exécutif de la Fifa, une élection de cinq membres au comité exécutif de la CAF s’était déroulée à vote secret. Les 53 membres de l’AG ont tous voté, sans exception. Au bout, Moucharafou (Bénin), Tenga (Tanzanie), Kalusha Bwalya (Zambie) et Kwesi (Ghana) ont été élus.
Kalusha Bwalia plébiscité
Le Zambien, Kalusha Bwalia, candidat au comité exécutif de la CAF, a été élu à l’écrasante majorité. Avec 38 voix sur 53, l’ancien joueur de la Zambie a été élu en tête.
Danny Jordan s’était retiré à la dernière minute
Le Sud-Africain, Danny Jordan, était à la fois candidat au comité exécutif de la CAF et de la Fifa. Il a, néanmoins, annoncé par le biais de l’un de ses collaborateurs qu’il se retirait des élections de la CAF à quelques minutes du scrutin, maintenant juste sa candidature à la Fifa. Finalement, il n’aura obtenu que 10 voix. D’où sa déception à la fin.