Jeudi 17 février, 10h15. Au Coral – Khartoum, les Verts prenaient encore tranquillement leur petit déjeuner. Abdelhak Benchikha, qui nous avait donné rendez-vous à10h30, pour un point de presse, a pris, cette fois, tout son temps pour siroter son café au lait matinal tout en taillant une bavette avec ses assistants. L’heure c’est l’heure, voulait-il sans doute dire en attendant que la pendule indique 10h30 avant de venir nous rejoindre dans le hall de l’hôtel.
Bout de papier, Benchikha avait cette fois des choses à dire, et c’est donc naturellement que lui a échu le rôle d’ouvrir le point de presse par mettre les choses au clair avec la presse, car sans doute voulait-il aplanir les différends qui pouvaient subsister, une bonne fois pour toutes. «Qu’on soit bien d’accord, les gars, il n’a jamais été question de fermer les portes pour vous empêcher de travailler. C’était plus par souci de garder une certaine intimité, ou si vous voulez, éviter d’être espionnés.
Hier, on a fait le match, voilà. Il a été question de mettre en place le dispositif technico-tactique, de travailler des combinaisons et tout. Il fallait donc un minimum de concentration et d’intimité pour le faire. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’instaurer le huis clos. Voilà pour ce qui en est de cette décision. Je ne veux pas qu’il y ait de malentendu. Je le dis de bon cœur», a-t-il tenu à clarifier avant d’entrer dans le vif du sujet et disserter sur ce quart de finale face à l’Afrique du Sud.
Un match qu’il dit important, non seulement, pour son caractère à élimination directe, mais aussi pour l’ambition que cela requiert d’atteindre les demi-finales, l’objectif initialement assigné à cette équipe avant le début du tournoi. «C’est un match très important. Spécial, si l’on veut, car il est à élimination directe. Hier, on a terminé le micro cycle de la préparation du match. Il y a eu la mise en place tactique. Les balles arrêtées, les différentes combinaisons.
Hier, on a essayé de récréer les conditions du match, voilà. Je suis assez satisfait de la préparation effectuée jusqu’à maintenant. Il nous reste encore une séance au cours de laquelle on tâchera d’apporter encore des réajustements, mais, en gros, notre objectif de la semaine a été atteint. Place au match maintenant !»
« L’adversaire, un gros morceau »
Une certitude. Vous n’entendrez jamais un entraîneur vous dire à la veille d’un match qu’il aura affaire à un adversaire coriace. Bon, en ce qui concerne l’Afrique du Sud, Benchikha pense sérieusement qu’il aura affaire à un gros morceau. C’est le mot qu’il avait employé pour qualifier son adversaire en quart de finale du CHAN. «L’adversaire, c’est un gros morceau. On a eu le loisir de revoir hier ses matches.
C’est vrai qu’il parait coriace. On a essayé de bien décortiquer son jeu. Rien n’a été laissé au hasard. On en a discuté. J’ai donné la liberté aux joueurs de disserter sur cette équipe. Je voulais avoir l’avis de tout un chacun en fonction de la lecture qu’il avait faite du match et de l’adversaire. Tous m’ont exposé leur point de vue et je suis sorti avec la conviction que nous partageons les mêmes idées et les mêmes convictions.»
«Pour gagner en 90’, il faut être prêt à en jouer 120’»
Abdelhak Benchikha ne laisse rien au hasard, comme il a tenu à le dire. A la préparation physique et technico-tactique s’était ajoutée la préparation psychologique. C’est sur ce point justement que le sélectionneur a beaucoup insisté. Pour gagner un match aussi décisif, il faut être costaud mentalement. L’idée de voir le match s’étaler sur 120’ est envisagée et Benchikha veut justement préparer ses joueurs à jouer les prolongations si jamais ils ne parvenaient pas à faire la différence durant le temps réglementaire. «Pour gagner en 90’, il faut être prêt à en jouer 120’. C’est dans la tête que ça va se passer. Il faut être costaud. Concentré à fond, car ce genre de match se joue sur des détails», a insisté Benchikha.
«Je ne veux pas que les joueurs regrettent quoi que ce soit»
Afin de mettre ses joueurs dans les meilleures dispositions, Benchikha dit vouloir prendre sur lui plus qu’il en faut. «Je prends sur moi. J’essaye de gérer tout en faisant en sorte de les protéger au maximum. Je leur dis que c’est à moi d’assumer en cas de faux pas. Je veux qu’ils prennent du plaisir, qu’ils jouent à fond. Je ne veux pas qu’ils regrettent quoi que ce soit demain soir. Je veux qu’ils se fassent plaisir sur le terrain. Qu’ils jouent sur leur réelle valeur. Comme ça, personne ne viendra me dire à la fin que j’aurai dû passer au lieu de tirer. Ou bien sauter avant ou après, courir plus. Je veux qu’ils aient le sentiment d’avoir tout donné.»
«Je leur demande de se faire plaisir, à moi d’assumer la responsabilité en cas d’échec»
Pour libérer ses joueurs de toute pression, Benchikha fait simple. Il leur demande de jouer le jeu, à lui d’en assumer les conséquences. Une manière d’éviter de leur mettre plus de pression qu’il en faut lorsqu’on sait que l’enjeu, à lui seul, suffit à donner quelques insomnies aux joueurs. «J’insiste pour qu’ils se fassent plaisir. Lorsqu’on joue sur sa réelle valeur, on ne peut rien regretter au bout. Je leur dis que c’est à moi d’assumer en cas d’échec. Il ne sera blâmé que celui qui n’aura pas tout donné.»
«On veut imposer notre jeu à l’adversaire»
Sur un point de vue purement stratégique, Benchikha dit vouloir imposer à son adversaire le propre style de jeu de l’équipe car sachant la capacité de son adversaire à se déporter vite vers l’avant grâce à la technique et la rapidité d’exécution des milieux sud-africains, lesquels s’appuient sur un Bheki Shabangu capable de faire la différence dans toutes les positions. «Il faut jouer notre jeu. On ne doit pas laisser l’initiative à l’adversaire. C’est nous qui devons décider des temps forts et des temps faibles du match et non notre vis-à-vis. C’est ça que je veux dire en parlant d’imposer notre jeu à l’adversaire. C’est à nous de prendre les commandes du match. On ne doit en aucun cas subir.»
«Il y a un bon répondant chez les joueurs»
Evoquant l’état d’esprit du groupe, Abdelhak Benchikha ne s’est pas empêché de manifester sa satisfaction quant à la bonne ambiance qui règne au sein du groupe. «Nous sommes en train de gérer un groupe de 23 joueurs, où chacun à sa personnalité et son humeur. Dieu seul sait qu’il n’est pas facile de gérer la routine au quotidien. Qu’à cela ne tienne, je suis très content de l’ambiance qui règne au sein du groupe. Il n’y a jamais eu de problème après 33 jours de vie commune. Ce qui est une satisfaction en soi. Aujourd’hui, je suis heureux de voir qu’il y a du répondant… du mordant, voilà. Les joueurs vivent bien ensemble. C’est très important.»
«Dans nos têtes, on est prêts»
A quelque trente heures du match, Benchikha dit être content de constater aussi que son groupe est prêt pour le match. « Dans nos têtes, on est prêts. Tout a été travaillé dans le moindre détail. Rien n’a été laissé au hasard. La concentration est au maximum. On est entrés dans le match. Après, le football n’est pas une science exacte. Je peux y passer la journée à vous dire combien on s’était préparé comme il se doit pour ce match et la motivation qui nous anime, après, tout se joue sur un détail. El Tawfik Men âand Allah !»
«A part Belkalem, le reste du groupe est apte»
Concernant le onze de départ, Benchikha dit ne pas avoir de doutes. «L’ossature que vous avez en tête est la bonne. Le onze a pratiquement été arrêté. Mais je préfère attendre jusqu’à demain avant d’arrêter définitivement la liste. Je suis heureux de savoir que tout le monde est apte. A part Belkalem qui, malheureusement pour nous, a ressenti de nouveau des douleurs, le reste du groupe est OK. Bouazza s’était fait un peu mal à l’entraînement. Il s’était tordu la cheville, mais il va mieux. Je pense qu’il sera prêt pour l’entraînement de cet après-midi. Quant à Belkalem, on va entamer des procédures adéquates pour le soigner comme il se doit.»
«En décidant de ne pas le faire jouer, c’est sa santé qu’on a voulu préserver»
«En décidant de préserver Belkalem, c’est sa santé qu’on a voulu préserver. Il est encore jeune, et une pubalgie, ça peut rendre une carrière compliquée si elle n’est pas bien soignée. Dommage pour le groupe. C’est un élément qui compte beaucoup pour nous !», assurait-il.