En 60 années de mutations économiques, A qui profite la croissance?

En 60 années de mutations économiques, A qui profite la croissance?

Lors de chaque célébration d’un évènement historique comme le 1er Novembre, les Algériens aiment se livrer à des bilans qui oscillent entre la sinistrose et l’optimisme béat.

Soixante ans après le déclenchement de la guerre de Libération nationale où en est l’économie algérienne? D’abord, deux constats s’imposent. En premier lieu, le colonialisme a fait de l’Algérie un pays exportateur de diverses denrées vers la France et cette tendance a été renversée depuis l’indépendance ce qui fait en sorte que le montant des importations annuelles est de 60 milliards de dollars issus des recettes d’exportation des hydrocarbures. Ceci nous conduit à signaler la deuxième caractéristique de l’économie qui est sa totale dépendance aux hydrocarbures alors que ce n’était pas le cas lors des premières années de l’indépendance lorsque l’agriculture y jouait encore un grand rôle.

Ce sont là des bouleversements économiques importants auxquels s’ajoute l’absence de la planification impérative, suite logique de la libéralisation des années 1990 pour rompre avec l’orientation socialiste et enclencher un mouvement de privatisations. Ces changements sont accompagnés de mouvements sociaux et de grands bouleversements géostratégiques et de pénurie conduisant par la suite les gouvernements successifs à dépenser sans compter et sans préparer le défi majeur de l’après-pétrole pour les générations futures. Malgré ce constat, certains préfèrent mettre l’accent sur ce qui a été entrepris depuis l’indépendance.

Mais ces réalisations sont-elles à la hauteur des investissements effectués?

Certains économistes à l’instar de Abdelhak Lamiri, soulignent que les dépenses effectuées lors des différents plans quinquennaux auraient dû aboutir à une croissance plus importante d’où la question sur l’efficacité de ces dépenses. D’autres économistes comme Abderrahmane Mebtoul préfèrent rappeler que l’Algérie ne saurait occulter les mutations mondiales avec la perspective d’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’application de l’Accord de libre-échange avec l’Union européenne postulant un dégrèvement tarifaire progressif allant vers zéro horizon 2020?

LG Algérie

Là aussi se pose la question de savoir si les entreprises algériennes, étant les plus fragiles du Bassin méditerranéen, pourraient devenir compétitives alors que les contraintes seront plus dures si l’Algérie adhère à l’Organisation mondiale du commerce.

A ce moment là, il faut discuter de la dualité des prix du gaz, de la libéralisation des services et de la libre circulation des biens et des capitaux. La règle des 49/51% et toutes sortes de protections n’auront plus cours à cette date. Pourtant c’est à ce moment qu’il faut trouver de l’emploi à 400.000 personnes arrivant chaque année sur le marché du travail dans un contexte où le taux de chômage officiel est estimé à 10%. Le taux de croissance global de l’économie est relativement faible pour répondre à cette demande.

D’autres éléments affectent les tendances de l’économie comme le taux d’inflation moyen de 3% entre 2008 et 2014 créant des disparités entre les différentes couches sociales à cause de la concentration du revenu national au profit d’une minorité. D’ailleurs, les transferts sociaux de 60 milliards de dollars, soit environ 30% du PIB, révèlent que la pauvreté n’est pas qu’une vue de l’esprit. Posant à nouveau la question de la finalité de la croissance qui devait pourtant bénéficier aux plus faibles selon les principes révolutionnaires de Novembre. Mais est-ce bien le cas?