Pour les 434 élus partisans, le Trésor public déboursera annuellement la somme de 17,3 milliards de centimes au bénéfice de leurs partis.
La course à l’hémicycle Zighoud-Youcef et au Sénat n’est pas seulement une histoire de gros salaires et d’interminables privilèges aux élus. C’est aussi une source de financements intarissable pour les partis politiques. Des financements, faut-il le préciser, qui s’ajoutent aux salaires des élus. Ainsi, les partis perçoivent annuellement 400 000 DA pour chaque élu à la chambre basse et à la chambre haute du Parlement. Un petit calcul sur les cagnottes des différents partis siégeant à l’APN et au Sénat fait ressortir que les deux partis du pouvoir, à savoir le parti du Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), gagnent, à eux seuls, pas moins de 13 milliards de centimes annuellement.
Des financements dont ils jouiraient le long du mandat parlementaire, c’est-à-dire durant 5 ans. Avec ses 164 députés et une quarantaine de sénateurs, le FLN engrange la coquette somme de plus de 8 milliards de centimes. Le RND, avec ses 100 députés et une quarantaine de sénateurs, gagne plus de 5 milliards de centimes que le Trésor public versera, annuellement, dans ses comptes. L’alliance MSP-FC, avec ses 33 députés, gagne 1,3 milliard de centimes.
Le Front El Moustakbel verra plus de 5 millions de dinars, annuellement, dans ses comptes. Le MPA aura la même cagnotte, puisqu’il a 13 députés et un sénateur. Le FFS gagnera 7,2 millions de dinars pour ses 14 députés et 4 sénateurs. Le PT, avec ses 11 élus, aura la somme de 4,4 millions de dinars. À souligner que le parti de Louisa Hanoune n’a jamais pris part aux élections sénatoriales. Le TAJ gagnera, annuellement, 7,6 millions de dinars. Le RCD engrangera la somme de 3,6 millions de dinars annuellement. En somme, pour uniquement l’APN, avec ses 462 députés, excepté les 28 indépendants, pour les 434 élus partisans, le Trésor public déboursera, annuellement, la somme de 17,3 milliards de centimes au bénéfice de leurs partis.
En plus des 3,8 milliards de dinars octroyés aux partis pour leurs sénateurs. Il y a lieu de s’interroger, cependant, sur l’usage que les partis font de ce financement par ailleurs existant dans d’autres démocraties. Dans le cas algérien, ce financement s’assimile à une prime à la fraude électorale, tant est que les élections sont rarement transparentes et régulières.
C’est ainsi que même mal élus, voire cooptés, des parlementaires rapportent gros à des chapelles partisanes. Ce financement, qui grève le Trésor public, aurait été acceptable, si l’État exerçait un contrôle rigoureux sur l’usage et la destination de cette cagnotte qui, il faut bien le dire, s’élève, rien que pour le FLN et le RND, à 65 milliards de centimes. Quand on sait l’apport quasi nul, voire contreproductif au pluralisme parlementaire et, donc politique, le montant paraît ahurissant et a de quoi susciter l’indignation chez le citoyen contribuable.
En ces temps de disette, où les pouvoirs publics imposent des politiques d’austérité, il est peut-être temps de revoir ce mode de financement des partis politiques, comme il est peut-être recommandé aussi de revoir le train de vie de l’État en général.