Emprunt extérieur : l’Algérie cèdera-t-elle aux tentations du FMI ?

Emprunt extérieur : l’Algérie cèdera-t-elle aux tentations du FMI ?

L’Algérie, et ce n’est plus un secret pour personne, traverse une crise multidimensionnelle. Son économie inquiète de par sa vulnérabilité, et ce, malgré les dernières mesures mises en place par le gouvernement. C’est dans ce contexte que Geneviève Verdier, la cheffe de la mission du Fonds monétaire international (FMI) en Algérie, a livré ses prévisions quant à l’avenir de l’économie algérienne.

La mission de FMI, qui s’est entretenue avec les autorités algériennes via visioconférence du 13 septembre au 3 octobre 2021, n’a pas manqué de souligner « la vulnérabilité de l’économie algérienne » et « l’urgence de rétablir une stabilité macroéconomique et une marge de manœuvre ».

Des prévisions et des inquiétudes

Selon le FMI, l’Algérie doit rétablir, et en toute urgence, « une stabilité macroéconomique et une marge de manœuvre, tout en protégeant les groupes les plus vulnérables et en soutenant la reprise ». Le Fonds Monétaire International indique que le PIB réel a baissé de 4,9 % en 2020, surtout avec la crise sanitaire qui a touché le monde entier.

Geneviève Verdier, cheffe de mission pour l’Algérie et cheffe de division au département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, a également souligné les efforts du gouvernement algérien pour endiguer la crise. Citant les reports d’impôts, le transfert ponctuel aux ménages à faible revenu et aussi l’assouplissement des règles prudentielles applicables aux banques, le FMI ne manque toutefois pas de souligner que « la pandémie a encore mis en évidence les facteurs de vulnérabilité de l’économie algérienne ». Une vulnérabilité causée par « de déséquilibres macroéconomiques de longue date”.

Le FMI a épinglé une politique budgétaire qu’elle a qualifié « d’expansionniste ». Une politique, selon elle, « menée depuis plusieurs années, qui a contribué à porter les déficits extérieurs courants à des niveaux élevés”, et ce, malgré une baisse significative des importations.

Le FMI invite l’Algérie à recourir au « à l’emprunt extérieur »

Si le FMI projette une croissance à 3 % cette en Algérie, elle redoute cependant un essoufflement de la croissance à moyen terme. En effet, le Fonds Monétaire International n’a pas manqué de rappelé que la hausse des prix et de la production des hydrocarbures pourrait booster la croissance cette année.

Le FMI a toutefois mis en garde contre “l’érosion probable de la capacité de production dans le secteur des hydrocarbures dans un contexte de réduction des projets d’investissements décidée en 2020, et des politiques actuelles qui limiteraient le crédit au secteur privé”, comme cela est avancé par l’institut Bretton Woods, rapportent nos confrères de Liberté.

Dans ce contexte, le FMI a recommandé aux autorités Algériennes  de prévoir “un ajustement budgétaire général ». Ce plan doit pouvoir mettre en place des « mesures de protection des plus vulnérables », devrait également « être entamé en 2022 et s’échelonner sur plusieurs années pour maintenir la viabilité de la dette ».

« Le financement monétaire devrait être interdit » selon les recommandations du FMI. Le Fonds Monétaire International indique toutefois que pour endiguer l’inflation et l’épuisement rapide des réserves de changes il faudra opter pour une diversification des sources de financement budgétaire,« y compris à travers le recours à l’emprunt extérieur ».

Financement extérieur : une solution pour l’Algérie ?

La mission du FMI insiste sur le point du financement extérieur. Pour l’équipe de Geneviève Verdier, les autorités algériennes ne devraient pas s’appuyer uniquement sur les banques. Il faudra au contraire « diversifier ses stratégies de financement ». Le Financement extérieur, selon la cheffe de mission du FMI, constitue une des solutions qui peuvent jouer un grand rôle dans la diversification ses sources de financement budgétaire.

Le Rapport de l’entretient qui dure depuis 20 jours, n’a pas omis d’indiquer que« pour le moment »,  l’Algérie reste fermée aux financements extérieurs. Dans le même rapport, on manque toutefois pas de préciser que l’État algérien « n’a pas exclu le recours au financement extérieur pour les grands projets structurants et stratégiques ».

Il est à rappeler que le président Tebboune a émis un refus catégorique à plusieurs reprises quant au recours au financements extérieurs. Dans son dernier discours, il a plutôt opté pour « un financement interne ». Le chef de l’État a également écarté un recours de la banque d’Algérie à la planche à billets. Il a surtout déclaré la guerre au marché parallèle, et a estimé l’argent qui y circule à près de 90 milliards de dollars.