Par Farid Belkacem
Les sections syndicales des travailleurs des radios locales se sont démarquées des appels lancés par le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi-Saïd, pour le 18 avril prochain à réélire le président Bouteflika qui brigue un 5e mandat.
Dans une déclaration rendue publique, ces syndicats estiment que l’attitude de la Centrale syndicale s’inscrit en porte-à-faux avec les appels de la rue qui dénoncent la mascarade du pouvoir. “Au moment où notre pays enregistre un vaste mouvement populaire et que le peuple algérien exige un réel changement pour enraciner une véritable citoyenneté, la notion des droits et l’instauration d’un climat propice permettant de s’exprimer librement, loin du harcèlement, des embûches et de la surenchère imposée par certains cercles politiques, la Centrale syndicale s’est engagée contre la volonté du peuple et contre les aspirations des travailleurs, y compris les plus démunis”, lit-on dans la déclaration.
Pour ces syndicats, la direction nationale de l’UGTA voulait imposer aux travailleurs, de la manière “la plus autoritaire, un choix soumis à des calculs étroits, vagues et suspects”, et ce, “au lieu d’exploiter ce moment crucial de l’histoire pour aller vers un changement”. D’autant, expliquent-ils, que le choix de la Centrale syndicale a été opéré “au nom des travailleurs des stations des radios régionales qui demeurent encore sans aucune forte représentation syndicale depuis l’époque de la création de la première radio régionale dans les années 80, d’une part, et le gel de l’argent des œuvres sociales pour la sixième année consécutive, d’autre part”.
Dénonçant cet état de fait, les syndicalistes se demandent “pourquoi ce gel a seulement affecté les radios régionales et pas leurs collègues de la capitale, sans que les dirigeants de la Centrale syndicale bougent le petit doigt”. Bien au contraire, ces syndicats accusent la direction de l’UGTA de leur avoir mis des bâtons dans les roues à chaque fois qu’ils allaient s’organiser pour créer une fédération des travailleurs des radios locales pour recouvrer leurs droits et entamer la démarche pour le dégel des fonds des œuvres sociales. “La Centrale syndicale est autiste depuis des décennies et ne compte pas entendre le cri de détresse de toutes les régions de l’Algérie profonde et encore moins celle des travailleurs qui voudraient constituer l’élite de la société censée contribuer à la production d’une véritable opinion publique”, développent encore les syndicalistes.
Tout en exprimant leur mécontentement, les travailleurs des radios locales estiment que “la prise en charge des préoccupations socioprofessionnelles des travailleurs et la défense de leurs droits n’étaient pas la priorité de l’UGTA. Au contraire, sa principale préoccupation était d’impliquer les travailleurs et de marchander leur voix sur la scène politique en les impliquant dans ses seuls intérêts personnels”. Raison pour laquelle, ces syndicats ont interpellé la Centrale syndicale pour mettre immédiatement un terme à leur “implication en tant que travailleurs et syndicalistes dans ses calculs politiques suspects et de s’occuper des vraies préoccupations des travailleurs”.