Emplois pour vacanciers ,La galère

Emplois pour vacanciers ,La galère

Ils quittent provisoirement le banc de l’école pour des vacances bien méritées. Le temps d’une courte évasion, les revoilà retrempés dans les tracasseries pécuniaires pour subvenir aux besoins de leur famille, ou améliorer leur standing.

La rue, première destination d’une nouvelle expérience lucrative, commence par accueillir déjà des centaines de vacanciers venus booster le marché informel. Les places fortes de ces transactions foraines reprennent du service avec l’arrivée des vacanciers en quête d’emploi.

La vente à la criée, c’est leur dada, ils sont recrutés au pied levé par des grossistes qui leur proposent un gain au pourcentage des ventes enregistrées. Le sédentaire 10% sur tout produit vendu est devenu le leitmotiv de ce business. C’est dans le cosmétique que niche l’eldorado de ces vendeurs en herbe, Avec la saison des fêtes, tout est ficelé pour le grand pactole. On n’a d’yeux que pour le parfum, produit de beauté ou argenterie à offrir en guise de cadeau, un créneau porteur qui ameute de plus en plus la main d’œuvre temporaire « scolaire ». Les barons de l’informel baignent dans le bonheur en créant un marché de travail parallèle. Loin des charges sociales ou autre considérations fiscales, ils mettent sur scène le recrutement de bouche à oreille au bas de l’immeuble, dans leur quartier et même au seuil de l’établissement d’où ils puisent la majeur partie de la main d’œuvre à bon marché. Les vacances, c’est aussi la continuité dans l’exploitation et la spéculation, on brasse des milliards sur le dos de ces vacanciers qui préfèrent s’en tenir à ce risque sédentaire que d’aller tenter le diable… Les plus heureux préfèrent se tourner vers des connaissances pour investir des corporations de proximité dans des laboratoires de pâtisserie et saisir leur part de gâteaux dans la pleine saison des commandes. Il n’y a pas place pour tout le monde, d’autre vont même par goût de l’aventure prêter main-morte aux vendanges. Ainsi se prolonge la galère pour ces « potaches » aguerris dans la fournaise d’un business qui rapporte. A chaque échéance, ils prennent le temps de tronquer leur plume pour un tréteau de fortune à même le sol et crier leur soif de gagner une journée qui manque tant à leur bourse.

Mohamed Bentaleb