Emploi, réussite sociale, affaires, émigration, famille… A quoi rêvent les jeunes algériens

Emploi, réussite sociale, affaires, émigration, famille… A quoi rêvent les jeunes algériens

Les jeunes algériens sont parmi les plus pessimistes du monde arabe. Selon l’étude « Silatech » réalisée, en juin 2009, par l’institut américain Gallup, les jeunes algériens apparaissent désabusés, ayant peu confiance en leurs gouvernants.

Si le mal-être des jeunes algériens s’exprime par leur volonté de fuir leur pays, une grande partie des jeunes interrogés se dit « ligotée », incapable de mener la vie dont ils rêvent. Créé en 1958, La fondation Gallup, du nom de George Gallup, et qui comprend quatre divisions dont l’Institut Gallup, est l’une des plus prestigieuses entreprises de sondage d’opinions aux Etats-Unis. Elle possède plus de 40 bureaux dont 27 pays au monde et son siège est à Washington.

A quoi rêvent les jeunes ?

A chacun ses priorités. Les jeunes algériens songent à fonder une vie de famille (40%), décrocher un bon poste d’emploi (32%) et mener une vie religieuse et spirituelle équilibrée (35%). La majorité des 15-29 ans aspirent à travailler à leur compte (46%). Seuls 32% des jeunes interrogés aimeraient intégrer une entreprise étatique et 15 % voudraient travailler dans le privé. A la question de savoir s’ils prévoient de lancer leur propre entreprise dans 12 mois à venir, 30% des jeunes algériens répondent par l’affirmative (contre 38% de Tunisiens et 19% de Marocains). Un esprit d’entreprise qui laisse les chercheurs américains pantois : seuls 4% d’Américains âgés de 15 à 29 ans, précise-t-on, songent à se lancer dans l’aventure.

Pour autant, ils ne croient pas en leur chance de réussite. Les jeunes algériens font partie, aux cotés des Irakiens, des Palestiniens et des Yéménites, de ceux qui critiquent le plus le climat des affaires de leur pays. Les chercheurs de Gallup s’étonnent du fait qu’en dépit d’une croissance économique reboostée, les 15-29 ans soient aussi pessimistes : seulement 39% des jeunes algériens croient en leur chance de réussir une entreprise et 36% croient en la volonté du gouvernement de les laisser conduire leurs affaires. C’est le plus faible taux dans toute la région du monde arabe.

Pour réussir, mieux vaut être « pistonné »

Les jeunes algériens se plaignent notamment des barrières érigées à leur encontre : moins de 25% pensent que le gouvernement algérien permettrait à n’importe qui de se lancer dans les affaires. Ils jugent très sévèrement les responsables du gouvernement : 87% de la jeunesse algérienne se plaint de la corruption. A une question ouverte sur les obstacles à l’emploi, la plupart des jeunes soulignent que les postes de travail sont pourvus uniquement à ceux qui sont « connectés » à des réseaux bien établis. C’est à dire aux pistonnés.

Les jeunes continuent, malgré tout, à se battre : 77% des jeunes algériens participent à des stages de formation en vue d’optimiser leurs chances pour accéder à un bon poste d’emploi. Près de 35% des jeunes affirment néanmoins ne pas disposer de moyens financiers pour effectuer des formations.

Travailler mais pas à n’importe quel prix

La jeunesse algérienne se révèle plus exigeante, en comparaison avec les pays voisins. Seuls 46% des Algériens se disent prêts à se déplacer dans une autre région de leur pays pour accéder à un emploi plus attractif alors qu’ils sont plus de 75% de Tunisiens et 60% de Marocains à être prêts à le faire. L’étude révèle, par ailleurs, que 26% des Algériens ont déjà refusé une offre d’emploi. 48% des jeunes ayant rejeté des propositions d’emploi en Algérie motivaient leur décision par le fait que les salaires étaient trop bas et 20% ne trouvaient pas le poste « intéressant ».

Les jeunes algériens misogynes ?

L’étude de l’Institut américain révèle une certaine misogynie chez la jeune génération. Les chiffres montrent que 84% des jeunes femmes algériennes sont favorables à l’accès de la gent féminine aux postes de responsabilités contre 37% des jeunes hommes. Il est également souligné que 91% des jeunes femmes algériennes considèrent que les femmes doivent travailler dans n’importe qu’elle filière à l’extérieur de leur domicile contre 65% des jeunes hommes. Au total, 53% des jeunes algériens soulignent que les femmes sont dignement considérées dans leur pays contre 88% de Tunisiens et 74% de Mauritaniens.

Génération désenchantée

Les 15-29 ans seraient-ils à ce point désillusionnés qu’ils chercheraient à quitter leur pays par n’importe quel moyen ? Seuls 42% des jeunes Algériens se disent libres de mener leur vie comme ils l’entendent. Une tendance assez faible en comparaison avec les Mauritaniens (65%), les Tunisiens (65%) et les Marocains (58%). Les jeunes ne se sentent pas « impliqués » dans les projets de leur pays envers le progrès. Ils gardent néanmoins leur esprit de débrouille, ultime tentative de survie : 82% des Algériens jugent que les jeunes font ce qu’ils peuvent pour s’en sortir.